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Test dvd
Image de la jaquette

Requiem pour un massacre

DVD - Région 2
Potemkine
Parution : 18 septembre 2007

Image

Le master proposé par Ruscico affiche une propreté impressionnante, il ne présente aucune dégradation. Les couleurs du film, terreuses et dépourvues de certaines tonalités, sont parfaitement respectées. Sur ces deux plans, la restauration est vraiment réussie. La définition, de son côté, est variable ; certains plans sont plus desservis que d'autres. La granulation d'origine est présente. Si le film est granuleux, on note néanmoins un léger bruit vidéo. Car la compression, bien qu'assez discrète, se fait parfois remarquer. Mais le bilan est globalement très positif, et il faut remonter sans doute à la sortie en salles de Requiem pour un massacre pour obtenir un tel confort de visionnage, si on peut parler de "confort" pour un tel film.

Son

La piste sonore originale est très claire, sans aucunes scories. La dynamique est appréciable et les voix ont une belle profondeur. Les bandes-son proposées sont en Dolby Digital 5.1 mais elles se font surtout remarquées par une gestion discrète des différents canaux. La spatialisation existe bel et bien pour certains effets sonores (par moments, peut-être un peu trop localisés), mais il n'y a aucune esbroufe. La sobriété est heureusement de rigueur. La version française est aussi claire que la version russe et, une fois n'est pas coutume, restitue bien les ambiances sans évidemment atteindre le même niveau de profondeur. En conclusion, de l'excellent travail.

Suppléments

Le DVD de Requiem pour un massacre se présente sous la forme d'une édition double DVD. La packaging est sobre et réussi, avec une couverture tirée de la dernière scène marquante du film (le portrait d'Hitler) et des photos du cinéaste dans les volets intérieurs. Le menu principal est sonore et animé. Le chapitrage se présente sous la forme d'un listing de deux pages (10 et 12 lignes de noms de chapitres).

Les suppléments, entièrement situés sur le second disque, sont principalement divisés en deux sections : les archives et les entretiens.

- Archives :

Les Pertes humaines en Biélorussie (5'30'').
Ces reportages d'époque en noir et blanc montrent des villages incendiés, des monceaux de cadavres (des familles entières, des enfants) et des images de camps de la mort. Ce court film, commenté en russe et sous-titré en français, est assez dur à regarder mais il atteint son but premier : exposer froidement le résultat du génocide biélorusse perpétré par les Allemands. Evidemment, il s'agit d'un film de propagande. Ce qui n'altère en rien la réalité des horreurs qui nous sont montrées, mais il faut se souvenir que l'URSS utilisait l'ampleur effroyable des crimes nazis pour dissimuler ses propres exactions (l'exemple le plus frappant étant celui de Katyn, justement à la frontière de la Biélorussie, où l'armée soviétique assassina des milliers de Polonais avant d'accuser les Nazis pour ce massacre quand le charnier fut découvert). Les ressemblances avec des scènes du film d'Elem Klimov sont néanmoins assez frappantes.

L'Offensive des Partisans de Biélorussie (11'27")
Il s'agit ici de redonner du baume au cœur aux populations de l'URSS. Ce reportage chante les louanges des partisans, présente leurs actions de résistance, expose les stratégies employées contre l'ennemi. Le ton du commentateur est lyrique, enflammé, et tout entier porté vers la glorification des combattants russes. Mais comme souvent, il arrive que les images parlent d'elles-mêmes et permettent de mesurer l'importance et l'ampleur du conflit, ainsi que les enjeux en présence. La rareté de ces images fait également l'intérêt de ce court documentaire.

- Entretiens :

Interview du réalisateur (20'43").
Elem Klimov expose ses motivations pour réaliser son film : un mauvais souvenir de L'Agonie, la volonté de tourner un film de guerre sur une période qui a traumatisé son enfance, la crainte d'un troisième conflit mondial et donc l'avertissement qu'il entendait donnait aux citoyens du monde. L'historique complet de Requiem pour un massacre est évidemment abordé : l'écriture du scénario, le long développement du projet, la censure, les maladies, le casting, le tournage en Biélorussie. Le travail avec le jeune Aleksei Kravtchenko, du casting au tournage, était réalisé avec beaucoup de soin, le rôle de Kolya ayant de quoi traumatiser à vie un acteur jeune et inexpérimenté. On apprend que le cinéaste a fait appel à un hypnotiseur pour protéger Kravtchenko lors de séquences particulièrement éprouvantes ! Klimov conclut brièvement par la réception difficile de son film en salles en raison de sa dureté, dans son pays comme dans le monde entier. Il ressort de cet entretien une exigence de vérité de la part de Klimov et la volonté de faire tenir un rôle noble au cinéma. Il est dommage qu'il n'ait pu poursuivre sa carrière après Requiem pour un massacre. Après la difficulté d'enchaîner sur un autre projet après une telle expérience, c'est un cancer qui vint le rattraper en 2003 à l'âge de 70 ans.

Interview de l'acteur principal (13'05").
L'interprète de Kolya, âgé aujourd'hui de 38 ans, ne semble pas trop avoir changé sinon qu'il affiche une mine réjouie. Il parle avec bonheur de sa première expérience, du casting, de sa collaboration étroite avec Elem Klimov qui lui accordait toute sa confiance, de sa propre exigence à donner le meilleur de lui-même pour le rôle, et du film avec la volonté exprimée par Klimov de lui conférer un aspect proche du réel. Kravtchenko explique sa dette au cinéaste à qui il doit sa carrière, toujours d'actualité.

Interview du décorateur (7'42").
C'est au dénommé Viktor Petrov qu'il revient de s'appesantir sur les aspects techniques du film comme le choix des couleurs, la logistique, les décors et les effets pyrotechniques. Il insiste particulièrement sur le rôle difficile, mais remarquable et remarqué, du chef opérateur Aleksei Rodionov et de son travail à la steadycam.

- Filmographies de 10 membres de l'équipe du fil.

- Galerie photos : 9 en noir et blanc et 12 en couleur. Elles sont de très bonne qualité et peuvent être agrandies pour une meilleure consultation.

Par Ronny Chester - le 26 septembre 2007