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Test dvd
Image de la jaquette

Medée

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 25 octobre 2004

Image

La copie restaurée et au format respecté est impeccable : grain minime, couleurs chaudes et terriennes très bien restituées, sans l'ombre d'un défaut. Du très bon travail : dans Médée, le soleil mord.

Son

Mono italien d'origine sous-titré d'une grande clarté, avec répartition équilibrée des dialogues et de la musique orientale. Rien à redire.

Suppléments

Avec cette édition, Carlotta nous livre probablement un des meilleurs DVD de cette année. Compléments nécessaires, synthétiques, pédagogiques, le tout enchâssé dans un digipack classieux aux couleurs terre et bronze : il n'y a strictement rien à jeter.

Visions de la Médée
Probablement, le meilleur bonus du dvd. Reprenant la technique du Lapin Blanc du dvd de Matrix [cliquez sur une icône pendant le film pour accéder à une featurette sur le tournage], il se présente sous forme d'une vingtaine de lectures de texte [sur des scènes du film] auxquelles on peut accéder pendant le visionnage [cliquez sur l'icône]. Les textes reprennent les Visions de la Médée [98 au total] écrites par Pasolini sur le tournage et font ressortir la nature profondément littéraire du film : impressions, réflexions qui prolongent les séquences ou "synopsis" de scènes non tournées ou retenues éclairant les interstices du film. Ce sont l'équivalent des notes de bas de page d'un ouvrage, explicitant ici et là le sens et les intentions [la dichotomie logique/illogique, la conversion à l'envers, un passage où Pasolini voulait initialement que Maria Callas chante…] pour le spectateur non averti. Les Visions sont aussi visibles en continu sur le deuxième dvd de bonus.

Le Mythe de Médée et Jason
Rappel de la légende grecque, sur fond de scènes du film, photos de peintures ou de statues : la généalogie des personnages et la totalité des épisodes du mythe sont évoquées, ce qui n'est pas un luxe au vu des coupes que Pasolini pratique sur son film.


Médée, le choc des cultures
Documentaire où Christophe Mileschi, traducteur des Visions de la Médée, évoque clairement la nature [Médée doit s'envisager comme devant être complété par le livre et TOUTE l'œuvre de Pasolini] et les thèmes du film. Le centaure comme "voix" de Pasolini, la nostalgie de l'archaïsme, le conflit Jason/Médée et le sens du sacrifice final, tout y est traité synthétiquement en 10 minutes. Indispensable.


Médée Passion, souvenirs d'un tournage
Documentaire où Terzieff, G. Gentile (Jason), le décorateur Dante Feretti, le costumier de la Callas et d'autres évoquent la partie technique du film. Des anecdotes lumineuses où Gentile évoque son expérience de non acteur [très encadré par Pasolini], où Laurent Terzieff raconte la manière dont PPP se reposait entièrement sur son équipe technique… très éclairant donc, notamment sur la manière dont le costumier Piero Tosi a travaillé sur l'identité visuelle des lieux, le tout illustré par des photos de plateau [la Callas évanouie pour cause de chaleur et de 50 kg d'accessoires portés] et des films du tournage en Super 8.


Scènes coupées
35 minutes de scènes non retenues, de rushes pour certaines concrétisant les Visions de la Médée et présentées en multi-angles. Chaque scène est introduite par un carton expliquant son sens et où elle devait s'insérer dans le montage final. Plans contemplatifs de la Colchide, jeunesse de Jason, première apparition "alternative" de Médée : elles sont toutes intéressantes. On retient surtout des scènes de sacrifices étendues – que Pasolini a tourné en nombre et pour beaucoup, perdues – qui auraient sans doute déplacé l'épicentre du film (Médée) vers le documentaire religieux. La cerise sur le gâteau est une scène finale brouillonne mais fascinante (tirée d'Euripide) où l'on voit Médée et ses enfants (ou plutôt leurs âmes) filmés en contre-plongée accusatrice sur une plaque de verre, vers le char du Soleil pour rejoindre l'astre. Manière superbe de signifier que Médée nous surplombe par sa divinité retrouvée, mais à quel prix.

Bande-annonce d'époque étrangement expérimentale, où les images du film sont fragmentées, déchirées, copiées et mal collées. Elle reprend le thème de la fracture du film, mais sous une forme un peu bancale qui ne rend pas compte du ton contemplatif du film, sous le soleil exactement.

Par Leo Soesanto - le 24 octobre 2004