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Test dvd

Les Bourreaux meurent aussi

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 4 juin 2008

Image

Les premières minutes de la version originale américaine ont de quoi décevoir : définition très incertaine, parasites ou saletés de toutes sortes et manque de stabilité flagrant (avec parfois de l’effet de peigne). Par la suite, certaines séquences offrent une amélioration partielle, mais force est de constater que le niveau général est très en-deçà de ce que l’éditeur avait pris l’habitude de nous proposer. Les contours manquent singulièrement de netteté et, ponctuellement, des griffures viennent à occuper jusqu’au quart de l’image ! Toutefois, un comparatif rapide avec la version française incite à l’indulgence… pour la version américaine. En effet, la copie française apparaît encore plus abîmée, avec qui plus est un contraste encore inférieur, et une image bleutée plus froide. Par ailleurs, il est à noter que cette version française offre probablement une image zoomée, le recadrage étant manifeste lorsque l’action intervient dans la partie droite du cadre. Enfin, les dix-neuf minutes et quelques d’écart entre les deux versions ne se justifient pas seulement par les onze séquences tronquées ou supprimées évoquées précédemment : le film a été très légèrement accéléré dans la version française, rendant les mouvements des personnages un (mini) poil plus nerveux. Evidemment, il ne s’agit pas d’imputer la médiocre qualité de ces copies au seul éditeur ; le film ayant été longtemps négligé, les masters propres se sont faits rares… Insistons donc sur l’incontestable valeur historique de ces deux documents bien plus que sur leur restitution décevante.

Son

Même constat que pour l’image : si l’essentiel est audible, le son est par instant (surtout lors des séquences accompagnées de musiques ou de chants) déplorable. Dépourvu de relief, il oscille parfois de manière entêtante, proche de la saturation. Moins de craquements peut-être dans la version française, mais plus de souffle, un doublage parfois approximatif et, évidemment, une perte considérable au niveau des accents et de la distinction voulue par Lang entre les Tchèques/Anglais et les allemands. En particulier, les doubleurs des personnages de la Gestapo s’en donnent à cœur joie dans la caricature de l’accent nazi, en particulier lors du fameux « nous affons les moyens de ffous faire parler »…

Suppléments

Sur le premier disque, on trouve donc la version américaine sous-titrée (sous-titres désactivables), découpée en 16 chapitres, ainsi qu’une bande-annonce issue d’un « marron combiné » (sans trucages). L’éditeur ayant le bon goût de présenter préalablement ses excuses pour sa médiocre qualité (image très sombre, son étouffé), il conviendra donc d’insister avant tout sur l’intérêt historique du document.

Le second disque propose donc le film dans sa version d’exploitation française, obéissant au même chapitrage.


Puis, fidèle à ses excellentes habitudes, Carlotta nous propose une analyse de l’historien du cinéma Bernard Eisenschitz, découpée en deux parties. La première, sous forme d’Introduction (environ 3 minutes) au film - d’ailleurs proposée mais non imposée au lancement de celui-ci - expose les raisons de l’existence de ces deux versions, et les motivations des exploitants ayant remonté le film. L’analyste évoque brièvement les différentes séquences supprimées, mais sans rentrer dans leur détail. Le second supplément, consacré à La collaboration Brecht / Lang, s’avère par sa durée (près de 28 minutes) bien plus conséquent, et permet à Bernard Eisenschitz de véritablement entrer dans une analyse de fond, tant du contexte historique que de la collaboration des deux (ou plutôt des trois, voire des quatre…) auteurs, évoquant leurs désaccords et les illustrant avec pertinence, soit par des séquences du film soit par des documents de tournage. On peut trouver le ton un tantinet monocorde, mais le supplément est suffisamment riche d’informations et habilement monté pour maintenir l’intérêt jusqu’à son terme.
Par Antoine Royer - le 22 septembre 2008