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Test dvd
Image de la jaquette

La Folle ingénue

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 6 avril 2004

Image

Que ceux qui auraient pu ne pas acheter ce DVD à cause de l’hideux visuel présenté un peu partout se rassurent : il ne s’agit que d’un fourreau cartonné qui recouvre un boîtier Amaray classique, ce dernier bénéficiant d’une jaquette tout ce qu’il y a de plus classique, reprenant l’affiche du film. Il en est de même pour les deux autres comédies de la collection. Hormis cette faute de goût assez étonnante, les "lubitschiens" ont de quoi se régaler grâce à l’éditeur Carlotta qui une nouvelle fois ne se moque pas une seule seconde du cinéphile tatillon. Déjà à l’intérieur du boîtier se trouvent 5 belles photos cartonnées en noir et blanc de superbe qualité. Les menus animés sont ludiques et superbement conçus. Après un extrait musical de la musique du générique de Cyril Mockridge, nous voyons de petits extraits du film puis quelques vignettes des principaux personnages venant s’inscrire sur la page, chacune d’elles s’animant à son tour avec des bouts de dialogues. Le menu des bonus se présente de la même manière avec d’autres extraits dont la fameuse réplique "Nuts to the squirrels" reprise par les différents protagonistes du film ou bien encore la scène de l’harmonium. Ces menus sont tellement bien faits qu’on se prend à rester sur ces pages quelques minutes supplémentaires avant d’aller visionner le film ou les suppléments, ce qui est loin d’être toujours le cas. Par contre il est utile de signaler que la jaquette ou les menus ne proposent pas de "chapitrage" même si le film est découpé en plusieurs parties.
La copie présentée ici est d’une propreté étonnante et hormis une ligne verticale noire très discrète sur la séquence de la demande en mariage de Jennifer Jones par Richard Haydn, c’est parfait. En revanche, et pour chipoter un peu, la compression se fait parfois légèrement visible (5'10") et très moyenne sur quelques travellings ; un manque de stabilité et quelques mouvances se font parfois sentir si on est attentif mais encore une fois rien de honteux, loin de là. La photo propose d’excellents contrastes, parfois un peu trop appuyés (les noirs sont vraiment charbonneux), mais nous pouvons dire que le travail de Joseph La Shelle est dans l’ensemble parfaitement restitué d’autant que la définition est superbe. En conclusion, du superbe travail de restauration !

Son

Rien à redire sur la bande son. Seule la version originale est proposée ici et j’oserais dire que c’est tant mieux car un film basé à ce point sur le langage et la différence d’élocution et d’accent ne pourrait être que totalement affadi, voire même massacré, par un quelconque doublage. Hormis pour le générique de début et les dernières minutes du film, Lubitsch n’a pas utilisé de musique pour son film. Les dialogues sont ici parfaitement clairs et il faudrait avoir des oreilles ultrasensibles pour déceler ne serait-ce qu’une trace de souffle : du beau travail à ce niveau là aussi.

Suppléments

Et nous en arrivons aux suppléments de grande qualité avec déjà pour commencer une bande annonce enthousiasmante et alléchante au possible.

Quelques touches (15') : 4 cinéastes parlent du rapport qu’ils entretiennent avec le cinéma de Lubitsch avant chacun de discourir sur Cluny Brown. Que ce soit Claude Chabrol ou Noémie Lvosky qui se délectent tout deux des innombrables allusions sexuelles du film ou Desplechin qui pense que La folle ingénue est un hommage aux personnes n’ayant pas de places prédestinées dans ce monde, ils adorent tous autant le film et le font sentir avec passion. Mais celui qui en parle avec le plus de plaisir est Pierre Salvadori qui insiste lui aussi sur la charge érotique absolument étonnante de l’ultime œuvre de Lubitsch.

La Lubitsch touch (14') par Bernard Eisenchitz : c’est toujours avec le même bonheur qu’on entend et qu’on voit parler cet excellent critique et historien que l’on retrouve d’ailleurs assez souvent sur le support DVD. En à peine un quart d’heure, il nous parle de la carrière du cinéaste, de ses débuts dans le muet jusqu’à Cluny Brown et sa mécanique insolite sur lequel il s’attarde un peu plus longuement. Il aborde la question de "la direction de spectateur" de Lubitsch (comme quoi Hitchcock ne fut pas le premier !) et, si nous ne sommes pas toujours d’accord avec toutes ses assertions (The Shop around the corner, petit film : oops), Eisenchitz demeure passionnant de bout en bout. Le tout excellemment réalisé et monté à l’aide de très beaux photogrammes.

Cluny Brown ou l’art du plaisir (20') par Jean Douchet : analyse de séquences du film qui a tendance à un peu trop intellectualiser mais qui demeure aussi toujours très intéressante. La mise en scène est décortiquée à l’aide d’extraits du film découpés, accélérés, ralentis ou figés… Une belle leçon de cinéma explicitant l’art raffiné de Lubitsch, ici oscillant sans cesse entre trivialité et élégance.

Du tout bon pour ce DVD Carlotta hormis quelques petits soucis mineurs de compression.

Par Erick Maurel - le 28 mars 2004