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Test dvd
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L'Invraisemblable vérité / La Cinquième victime

DVD - Région 2
Wild Side
Parution : 5 décembre 2012

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Avant tout, il convient ici de parler formats, puisque ces deux derniers films américains de Fritz Lang présentent la particularité d'avoir été  tournés en 1.33:1 mais distribués en Superscope (sorte d'alternative, labellisée RKO, au Cinemascope breveté par la Fox) avec un format large 2.00:1 - quand l'équipement des salles le permettait. Sur "la" version voulue par Lang, les avis divergent : d'un côté, on a pu lire que Lang désapprouvait l'exploitation du format large à des fins essentiellement commerciales, et des séquences prévues au scénario, voire tournées, auraient été supprimées du montage final parce qu'elles ne s'accordaient pas au resserrement du cadre voulue par le cinéaste. D'un autre côté, Jacques Lourcelles défend l'idée que Fritz Lang avait dès le tournage conscience des potentialités du format large, et qu'il les utilise sciemment dans sa mise en scène, par l'utilisation des décors (principalement pour tout ce qui se situe à l'intérieur du bâtiment du groupe de presse) comme par ses mouvements de caméra. 

Quoi qu'il en soit, c'est le film en format large qui est proposé lorsque l'on lance le film, mais - contrairement au DVD américain qui imposait cette version - Wild Side a eu la bonne idée de faire également figurer, dans la partie "compléments", les films en format serré pour les curieux ou les experts techniques qui voudraient comparer par eux-mêmes.

Concernant la qualité des masters proposés dans les versions "larges", nous la qualifierons de satisfaisante : les copies sont propres, exemptes de marques ou de saletés manifestes, et d'une netteté convenable, si ce n'est pour quelques arrière-plans flous, ce qui pourrait être une conséquence des conversions optiques du laboratoire traitant le Superscope. Si le bât devait éventuellement blesser quelque part, ce serait au niveau de la stabilité, avec du "ghosting" ou des "effets de peigne" assez dommageables dans des plans figurant du mouvement rapide.


La Cinquième Victime                                                                          L'Invraisemblable Vérité

Les masters utilisés pour la version en 1.33:1 sont très nettement moins bons, tant pour la définition que pour la propreté.

Son

La version originale mono est elle aussi satisfaisante, avec un équilibre convenable entre les dialogues, la partition musicale et les bruits d'ambiance. Quant à la version française (à nos yeux parfaitement dispensable), elle est tout à fait audible mais présente un peu plus de souffle.

Suppléments

Parce que nous n'avons toujours pas prévu de nous en lasser, commençons une nouvelle fois par vanter les mérites de cette ambitieuse collection Classics Confidential, qui continue d'exhumer des trésors du cinéma américain (et, en l'occurrence, ce ne fut pas une mince affaire) en maintenant une exigence éditoriale qui force le respect.

Les deux DVD se trouvent donc (sur ce point, avouons un certain scepticisme sur ce système de fixation en "mousse", duquel se décrochent parfois les disques) dans les deuxième et troisième de couverture du principal supplément les accompagnant : le bel ouvrage de Bernard Eisenschitz (auteur il y a quelques années d'un impressionnant Fritz Lang au travail, aux éditions des Cahiers du Cinéma), intitulé La Nuit américaine de Fritz Lang.

En quelques 120 pages - dont les 20 dernières sont remplies par des affiches, documents de promotion, dossiers de presse - l'auteur entreprend de situer les deux films dans leur contexte de production : après une introduction d'une dizaine de pages, qui rappelle la situation personnelle de Lang en 1954, l'auteur consacre une quarantaine de pages à chaque film, dans une démarche principalement d'historien. Le travail est richement documenté, l'écriture précise, et l'accompagnement iconographique de toute beauté (annotations du script, plans au sol, découpages de scènes...). La partie rédigée s'achève sur la question des formats et sur deux critiques parues dans la revue Arts lors des sorties des films, l'une signée François Truffaut, l'autre Eric Rohmer.

A noter également sur les deux disques une galerie d'affiches ou de photos du film, ainsi que, sur le disque de L'Invraisemblable vérité, la bande-annonce d'époque

Par Antoine Royer - le 22 décembre 2012