Menu
Test dvd
Image de la jaquette

L'Homme à la caméra

DVD - Région 2
Arte Vidéo
Parution : 20 janvier 2004

Image

Présenté dans un élégant digipack à l’esthétique rendant magnifiquement hommage au courant futuriste des années 20, Arte est fidèle à sa réputation de travail soigné et de respect de l’œuvre tout en ayant une démarche éditoriale audacieuse en matière de bonus (la piste sonore électronique ne plaira pas à tout le monde !)

Même si le film a été restauré en 1996 par la Fondation Eastman, les outrages du temps sont inévitables, et relativement nombreux : griffures, scratchs, poinçons, décalages du cadre, traits (horizons ou verticaux). Toute la gamme des artefacts est là ! L’image est parfois à la limite d’être effacée sur quelques séquences. Malgré tout, la restauration effectuée permet de profiter du film dans des conditions plus qu’acceptables et de nombreuses séquences conservent une fraîcheur remarquable ! Le contraste est variable et dépend, là aussi, de la qualité initiale de la copie.
On peut regretter que la compression soit parfois un petit peu visible (des effets d’escalier sur les diagonales) dans les scènes avec des mouvements de caméra un peu rapide, et sur les scènes de foules (léger fourmillement de l’image), mais rien de rédhibitoire. L’image est parfois distordue dans la partie inférieure de l’écran (comme une distorsion d’origine magnétique sur un téléviseur) mais c’est sûrement dû à la copie. Là encore, vu l’âge vénérable du film, et la difficulté à trouver du matériel d’origine (un grande nombre des travaux de Vertov a été détruit) c’est excusable.

Son

Du dolby Digital 5.1 ! Excusez du peu ! C’est le moins que l’on puisse faire pour une création électronique contemporaine. Rien à redire donc, techniquement.
Le DVD propose deux pistes sonores :
Une piste dite classique car réalisée d’après les indications écrites de Dziga Vertov, et interprétée par The Alloy Orchestra. Une composition pas si classique que çà, avec des sonorités électroniques et l’utilisation de bruitages que l’on imagine correspondre aux expérimentations bruitistes de Vertov. Il est des journalistes de la presse spécialisée DVD pour considérer que ces sonorités modernes sont choquantes… ou de l’art de parler sans savoir quoi que ce soit sur l’auteur !
Une piste électronique enregistrée par le Collectif Volga Select constitué du DJ en vogue Ivan Smagghe et du compositeur Marc Collin. Attention chef d’œuvre ! Les auteurs ont pris le parti de s’approprier le film et de convertir le Ciné-Œil en sons, étant ainsi fidèle à l’esprit du manifeste tout en faisant œuvre à part ! Il est des journalistes de la presse spécialisée DVD pour considérer cette piste sonore comme une catastrophe car appuyant lourdement le propos du cinéaste et empêchant le spectateur de goûter les délices d’un film muet. On rappellera à ces journalistes que les films muets n’ont quasiment jamais été présentés sans accompagnement sonore en salle lors de leur sortie, et qu’il s’agit d’un fantasme de cinéphile "puriste" que de dire qu’un film muet doit se regarder sans bande son. Quant au fait que cette bande son soulignerait lourdement l’image, c’est une question (d’absence) de goût pour la musique électronique, mais sûrement pas un propos objectif.
Ces deux pistes proposent une lecture différente de l’œuvre et constituent une occasion supplémentaire d’expérimenter le Ciné-Œil et d’observer la réalité de la connexion œil-oreille suggérée par Dziga Vertov dans le film (et développée par ailleurs dans le Radio-Œil).

Suppléments

Documentaire "Un si joli mot : le montage" de Bernard Eisenschitz (durée : 40 min). Cet historien du cinéma, à qui l’on doit la restauration de l’Atalante, et des documentaires d’analyse d’œuvres souvent passionnants, est spécialiste du cinéma russe. Il nous propose, comme à son habitude, un film sobre, au commentaire dépouillé et dont le ton monocorde peut éventuellement agacer les moins patients d’entre nous. Beaucoup d’images rares, une pertinence des propos frisant parfois la démonstration, mais qui suscite une vraie curiosité pour le cinéma russe de l’entre deux guerres, audacieux, expérimental et explorant toutes les directions. On y verra la place prépondérante qu’occupe Vertov, ainsi que le magnifique poème visuel La sixième partie du monde. Un documentaire passionnant, qui suscite l’envie, mais exigeant une certaine concentration de la part du spectateur. On ne peut que regretter de ne pas avoir accès à un certain nombre d’œuvres citées. C’est pourquoi il est à noter que l’excellent film burlesque La fièvre des échecs, de Poudovkine, dont il est question dans ce documentaire, est visible dans le volume 1 de la collection Retour de flamme.

Documentaire "une analyse du film par Luc Lagier" (durée 10 min). Luc Lagier dirige le magazine Court-circuit sur Arte. Il nous propose une analyse très pertinente mais assez touffue de L’homme à la caméra, qui aurait franchement mérité d’être développée pour être mieux digérée par le spectateur. Ceci dit, presque toutes les pistes à explorer sont évoquées dans ces dix minutes.

Galerie "Représenter la ville au XXème siécle". 43 photos d’œuvres d’art évoquant la représentation de la ville, avec commentaire. Outre le fait qu’il est malaisé de passer au commentaire écrit sur une page séparée, on peut se demander l’intérêt et ce qui a présidé au choix de telle ou telle œuvre par rapport au film-concept de Vertov ? Joli mais pas très cohérent.

Par Majordome - le 4 février 2004