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Test dvd
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L'Avventura

DVD - Région 2
Editions Montparnasse
Parution : 3 mai 2005

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après la sortie remarquée, en 2002, du zone 1 Criterion, les aficionados du film non équipés en lecteur multizone espéraient, à juste titre, une édition française au moins aussi soignée. Qu’ils soient rassurés, l’éditeur Montparnasse a utilisé le même master que la compagnie américaine. Un master éclatant, fruit d’une restauration minutieuse. La photo d’Aldo Scavarda n’a jamais été aussi belle. Nous sommes loin des vieilles copies délavées, parfois diffusées à la télévision française. La présente copie rend compte des changements de contraste et des variations de luminosité voulues pas Antonioni. La tonalité volontairement grisâtre de certaines séquences est parfaitement restituée. Inutile de se replonger dans les écrits du cinéaste, ou dans les commentaires critiques de l’époque, pour se faire une idée de la « cinégénie » de l’œuvre. Et si quelques menus défauts apparaissent ici où là (petite instabilité par ci, légère surbrillance par là) l’ensemble emporte l’adhésion. Il ya les partisans, les détracteurs, et ceux qui s’en moquent éperdument, mais il est important de signaler que le seul changement, notable, par rapport à l’édition Criterion, réside dans le sous-titrage. Les sous-titres de l’édition Montparnasse sont jaunes, contre un blanc très seyant pour le Criterion. Tourné en format 1.77, le film est présenté en 16/9 compatible 4/3.

Son

dialogues, bruits, musique, rien à redire sur le mixage soigné de l’ensemble. L’éditeur nous donne le choix entre une très bonne version mono restaurée et une version remasterisée en 5.1., si certains sont tentés par l’expérience. Le film est présenté uniquement en Version originale sous titrée français, seule version que je connaisse - avec la Version originale sous-titrée en anglais proposée par Criterion.

Suppléments

Encore une fois, pour ceux qui connaissent l’édition Criterion, une comparaison s’impose. Si ce Zone 2 est moins complet, saluons les efforts fournis par Montparnasse en terme d’exhumation d’archives et de conception.

« De l’abstrait à l’humain » analyse de séquences par Oliver Assayas, (45mn) : on le savait féru de cinéma asiatique, d’ Eastwood ou de Carpenter, on le découvre admirateur du cinéma antonionien. Ancien critique des Cahiers du cinéma – aujourd’hui metteur en scène à la renommée internationale - Assayas se place dans une perspective historique et esthétique pour justifier le statut de « film charnière de l’Histoire du septième art » dont jouit L’Avventura. Cette confession adressée à Clélia Cohen – ancienne collègue d’Assayas aux « Cahiers » - se révèlera passionnante à défaut d’instructive, pour tout les amateurs du film. Ceux qui 'côtoient' le film depuis longtemps ne seront guère surpris par le cheminement intellectuel d’Assayas, qui illustre son propos avec des séquences emblématiques de l’oeuvre. Les nouveaux venus, eux, se verront proposer un certain nombre de clefs pour mieux resituer l’œuvre d’Antonioni dans le contexte global de l’histoire du cinéma. Pour un réalisateur, filmer une analyse de séquences se révèle périlleux. Il faut trouver une configuration qui permette au spectateur de s’y retrouver entre la logorrhée de l’analyste et le défilement de l’extrait décortiqué. Beaucoup se contentent de faire défiler le film et de superposer la voix du commentateur. Ici Assayas est posté devant un petit téléviseur et il s’adresse à Clélia Cohen postée hors-champ. Ses propos sont ensuite apposés aux images du film. La configuration est donc plutôt simple, même si le réalisateur a la bonne idée de changer de plan, de temps en temps, pour éviter que la monotonie s’installe.

Document d’archives « Storia di un autore », (8 mn) : les commentaires de Monica Vitti et de Michelangelo Antonioni se superposent à des images fixes et mouvantes du film et de son tournage. Le plus intéressant demeure néanmoins la petite séquence loufoque du « jeu du cordonnier », absente du montage final du film. Pour tout ceux qui pensent qu’Antonioni est un sinistre bougre dénué d’humour.

Entretien avec Michelangelo Antonioni, (11 mn) : interviewé pour la télévision française, sous l’œil de Monica Vitti, Antonioni revient, dans un français impeccable, sur les enjeux modernistes de son film.

Cinéma, cinéma « Monica », (9 mn) : l’actrice s’arrête sur les rapports qu’elle a entretenu avec l’auteur de L’Avventura, qui fut, un temps, son compagnon.

Bande originale : un grand moment comique involontaire. Il s’agit de la bande annonce internationale du film. Question : comment appâter le chaland avec une œuvre aussi exigeante que L’Avventura ? Réponse : en se focalisant sur la dimension supposé érotique du film. En résulte une bande annonce sensationnaliste, au montage « coup de poing » et au commentaire orienté.

A noter également la présence d’un livret de 22 pages retraçant l’expérience épique que constitua le tournage du film, et un beau packaging au graphisme soigné.

Les éditeurs zone 2 auront mis du temps avant de nous proposer un film de Michelangelo Antonioni. Il est souhaitable que ceux qui s’occuperont des autres longs métrages du Maestro, le fassent avec autant d’application que Les éditions Montparnasse, auteurs d’un fort bel ouvrage.

Par Cosmo Vitelli - le 26 octobre 2004