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Test dvd
Image de la jaquette

Deux rouquines dans la bagarre

DVD - Région 1
VCI Entertainment
Parution :

Image

Que faut-il penser de cette galette numérique ?
Le cinéphile restera partagé entre la satisfaction de bénéficier d’un authentique transfert anamorphosé, même au prix d’une légère perdition d’image (le format vidéo est 1.85 alors que le Superscope d’origine présentait un cadrage en 2.0) et la déception causée par l’état de la copie. Celle-ci n’a fait l’objet d’aucune restauration particulière et s’avère assez endommagée. Outre les habituels points blancs, on ne compte plus les défauts de surface tels que tâches brunes -dès le superbe générique- et autres griffures verticales récurrentes plus ou moins persistantes. La photo semble comme saisie derrière un très léger voile, et s’avère assez granuleuse. Rien de rédhibitoire cependant pour l’amateur nanti d’un bon téléviseur 16/9 qui lui permette de prendre un peu de recul.
Autre problème de taille, heureusement très ponctuel, quelques drops de luminosité et sautes de stabilité lors de la première confrontation entre Ben Grace et June Lyons (chapitre 5).
Au crédit de cette édition, qui ne répond pas, on l’aura compris, aux critères d’exigences les plus poussés de l’édition numérique, une superbe gestion des contrastes et une colorimétrie pimpante qui restitue dans tout son éclat le suprême Technicolor de John Alton. Reconnaissons que l’essentiel est sauf, et prenons acte des progrès de l’éditeur. même dans le cadre du Festival de Locarno, les spectateurs durent composer avec des copies très endommagées, et si on le compare à la copie désastreuse de La Reine de la Prairie, ce télécinéma est une merveille.

Son

De ce côté par contre, nous sommes comblés. Cette unique piste anglaise, malheureusement dénuée de tout sous-titre, est d’une clarté limpide et fait preuve d’une dynamique que pourraient lui envier des bandes sons bien plus récentes. Monophonique, elle ne ménage pas moins une belle ouverture aux envolées du score du fidèle Louis Forbes et intègre les dialogues avec précision. Tout au plus dénotera-t-on quelques petits craquements çà et là, notamment lors de la scène d’arrestation de Dorothy par le détective du magasin (chapitre 12). De la belle ouvrage.

Suppléments

Galerie de photos : Quatorze superbes still shots d’un noir et blanc immaculé défilent devant nos yeux admiratifs, au rythme des accords les plus grandiloquents de la B.O. de Louis Forbes.

Les autres suppléments sont plus spécifiquement dédiés à l’auteur du roman original James M. Cain :
-Une biographie déroulante du romancier, qui s’achève sur une liste des principales adaptations cinématographiques de ses œuvres.
-Une galerie animée, toujours rythmée par le score de Forbes, consacrée aux couvertures des différentes éditions littéraires de ses romans.

Trois bandes annonces originales de films majeurs adaptés du grand romancier de la série noire :
- Slightly Scarlet, bien sûr, relativement bien conservée mais proposée en 1.66:1
- Le facteur sonne toujours deux fois, version Tay Garnett (1946), dans une version légèrement recadrée, une des mauvaises habitudes de l’éditeur (édité chez Warner !)
- Assurance sur la mort (1944) de Billy Wilder, dans un état déplorable (édité chez Image !).

Commentaire audio :
Cette édition nous propose de suivre le film en écoutant le commentaire du romancier de série noire, scénariste et réalisateur (on lui doit trois productions de bas étage, dont l’une avec l’artiste martial Jeff Speakman) Max Collins, grand admirateur de son illustre aîné James M. Cain (la galerie de couvertures était aussi issue de sa collection privée). A travers ce commentaire, souvent décousu et redondant, Collins s’attache surtout à mettre en exergue les différences entre le roman original et le script que Blees en a tiré, reconnaissant que les choix scénaristiques sont souvent supérieurs à l’étoffe du matériau de base, Love’s Lovely Counterfeit, notamment grâce à l’introduction du personnage de Dor dès le début du film.
Avouons néanmoins que ce commentaire n’éclairera pas d’un jour nouveau cette œuvre si singulière qu’elle semble défier toutes les analyses.

Nous ne manquerons pas malgré tout de saluer cette initiative probante d’un éditeur qui, jusque là, nous avait délivré des DVD bien plus minimalistes.

Par Otis B. Driftwood - le 5 janvier 2003