Deux rouquines dans la bagarre

Tout d'abord il vous faut oublier la mention "Master haute définition" inscrite sur le haut du fourreau ; peut-être avait-elle été mise par erreur mais on ne fera croire à personne qu'il en est ainsi ! La copie est la même que celle précédemment sortie au sein du coffret Carlotta aussi bien au niveau du format - ratio 1.77 - que de la propreté, les différentes scories de l'image s'avérant identiques au même minutage. Il s'agit donc d'une copie assez sale, peu définie et assez baveuse, le grain omniprésent de l'édition précédente ayant été mouliné au réducteur de bruit pour un résultat lifté, cette fois un peu trop lisse. A signaler également un rendu malheureusement un peu plus sombre que chez Carlotta. Si une telle copie pouvait satisfaire il y a 10 ans, les exigences ayant évolué, il est fort probable que nombreux cinéphiles seront aujourd'hui déçus par ce DVD même si l'ensemble n'est pas nécessairement rédhibitoire.

Les amateurs de version française seront ravis de cette nouvelle édition puisque cette piste sonore était absente de la précédente. D'origine, elle s'avère tout à fait correcte, peu dynamique mais assez claire. La version originale ne permet pas sur lecteur de salon de se passer des sous-titres ; pour le reste, elle est honorable, claire et sans trop de souffle.

Outre une bande-annonce en VO ainsi qu'une petite galerie de photos uniquement composée d'affiches, Sidonis nous propose les présentations du film par Bertrand Tavernier (31 min 49) et François Guérif (11 min 09). Le premier commence d'emblée par évoquer ses réserves, ayant du mal à comprendre son statut de film culte et l'enthousiasme de certains journalistes comme Jacques Lourcelles. Connaissant parfaitement bien le roman de James M. Cain, qu'il ne tient pas non plus pour un chef-d'oeuvre, il aborde les différences entre le livre et son adaptation cinématographique, décortique certaines séquences avec une passion d'entomologiste, commente l'interprétation, les personnages, et revient sur les relations entre le cinéaste Allan Dwan et le chef opérateur John Alton ainsi que sur la censure qu'a subie le film. Moins longuement mais avec une agréable bonhomie, le spécialiste du film noir François Guérif parle lui aussi de l'adaptation au cinéma du roman de Cain, du tournage, de la censure, avant d'aborder la carrière d'un comédien que je considère très mésestimé, à savoir l'excellent John Payne. Deux interventions très intéressantes et complémentaires avec les suppléments du coffret Carlotta qu'évoque d'ailleurs Bertrand Tavernier.