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Test dvd
Image de la jaquette

Coup de tête

DVD - Région 2
Gaumont
Parution : 20 octobre 2004

Image

Le nouveau master numérique a été approuvé par le réalisateur lui-même. Il est de bonne qualité et propose une définition d'une précision remarquable et une restitution éclatante des couleurs. Les plus pointilleux regretteront peut-être des défauts minimes de compression et des contrastes inégaux, notamment lors des séquences de nuit. On reste loin, quoi qu'il en soit, des copies délavées proposées lors des nombreuses diffusions télévisées et cette édition DVD permet de redécouvrir le film dans des conditions optimales.

Son

Seule la piste mono d'origine est proposée. Elle a également fait l'objet d'une restauration. Les dialogues sont clairs et intelligibles, et les effets sonores bien restitués. Certes on constate parfois un léger souffle et l'ensemble manque naturellement d'ampleur, mono oblige, mais il vous suffira alors d'augmenter légèrement le son de votre téléviseur, au risque de sursauter lors des séquences de match : vous aurez alors droit au braillement des supporters et à l'hymne du club entonné par les joueurs, puis repris par Pierre Bachelet.

Suppléments

Côté design et esthétique, le boîtier du DVD se décline aux couleurs bleue et blanche de l'A.S. Trincamp. La jaquette reproduit le maillot du club et nous avons même droit, de manière fort sympathique, au numéro 9 de François Perrin. A noter que le fourreau renfermant la jaquette du DVD ne reprend pas l'affiche originale du film, quelque peu démodée, mais un portrait de Dewaere-Perrin extrait du film. Quelques répliques cultes du film agrémentent le packaging, et les spécifications détaillées de l'édition DVD apparaissent au dos du fourreau. Mais le meilleur est pour la fin : le possesseur du DVD aura l'heureuse surprise de trouver à l'intérieur de la jaquette la copie d'une lettre écrite par Patrick Dewaere à Jean-Jacques Annaud, quelque temps après Coup de tête, et où l'acteur se livre à des confidences au sujet de sa prestation et nourrit quelques regrets quant à son attitude au moment de la sortie et de la promotion du film. Un témoignage très touchant et une initiative originale de Gaumont, l'éditeur de ce DVD.

Au niveau de l'interface du DVD, on retrouve un habillage très réussi, toujours dans l'esprit d'une thématique football : des menus animés sur un arrière-plan de stade, de panneau d'affichage, d'écran géant ou de vestiaire, le tout avec le son des klaxons, des cornes de brume et des chants des supporters de l'A.S. Trincamp.

DVD 1

Commentaires audio deJean-Jacques Annaud
Si cet exercice, aujourd'hui banal, peut donner le meilleur comme le pire en fonction de la qualité de l'intervenant, de son implication et de l'intérêt de ses propos, signalons d'emblée que Jean-Jacques Annaud s'en sort extrêmement bien et que ses commentaires sont largement au-dessus du lot. Ici, point de banalités ni de paraphrases plates se contentant de décrire l'image à l'écran. Le cinéaste nous distille des commentaires à la fois inspirés, passionnants et intelligibles, à tel point qu'il est possible d'enchaîner le visionnage du film et les commentaires audio sans ressentir la moindre lassitude. Ajoutons qu'au moment de se livrer à cet exercice improvisé, le cinéaste n'a pas revu le film depuis plusieurs années et qu'il semble être le premier fasciné et ému devant la prestation époustouflante de Patrick Dewaere. Initiative ô combien pratique et bienvenue, les commentaires sont chapitrés par thématique, ce qui facilite un accès rapide aux sujets de son choix et permet de naviguer à son gré dans chaque séquence, quitte à y revenir ultérieurement et à étaler l'écoute des commentaires sur plusieurs séances. Voici la liste des thématiques proposées : Pourquoi Auxerre ? - L'univers du foot - Le berrimètre - Patrick Dewaere - Francis Veber - Un incident de tournage - Filmer l'accident d'autocar - Les grands seconds rôles - Le charme de la comédie - Le début du tournage - Filmer la violence - Une script adorable - Les démons de Patrick - Filmer le match - Filmer les vestiaires - Comédie à l'italienne - Filmer dans Auxerre - Jacques Monnet - Hubert Deschamps - La vengeance est un plat qui ne se mange pas - Peinture de la province - Travail préparatoire avec les acteurs - Michel Aumont - Pierre Bachelet - Simple mais difficile - Une reconnaissance tardive.

La Bande-Annonce
La traditionnelle bande-annonce du film, présentée dans son format d'origine, et dont le montage et l'habillage ont pris un petit coup de vieux.

DVD 2 - Les Vestiaires

Commençons par un regret (et ce sera le seul), le documentaire Patrick Dewaere, enfant du siècle (52 minutes), initialement prévu dans les suppléments, et annoncé par de nombreux sites marchands, n'a pas été inclus dans ce second disque. Choix délibéré de l'éditeur ou mauvaise communication ? Tous les fans de l'acteur (et ils sont nombreux) ne pourront en tout cas que regretter cette absence, tant le documentaire d'Alexandre Moix, déjà diffusé sur Planet et CanalSatellite, semble avoir reçu d'excellents échos dans la Presse.

La Revanche du primate, ou les années d'apprentissage de Jean-Jacques Annaud (52 minutes). Documentaire original de François-Régis Jeanne. Avec Jean-Jacques Annaud, Pierre Bachelet, Alain Godard et Francis Veber.
Jean-Jacques Annaud nous convie chez lui, dans la salle des archives tout d'abord, puis dans son bureau et son salon, durant 52 minutes retraçant le début de sa carrière de cinéaste, du revers commercial de La Victoire en chantant au financement de L'Amant. De manière fort pertinente, il met en parallèle le destin du héros de Coup de tête, François Perrin, passé du statut de paria à celui de héros, avec sa propre expérience : l'échec commercial de son premier film, les aléas de sa vie personnelle, la difficulté de trouver un financement, les périodes de vache maigre, le statut de tricard, puis le revirement complet de situation à compter du moment où La Victoire en chantant se voit décerner l'Oscar du Meilleur Film Etranger et où les propositions se mettent de nouveau à affluer. Il revient ensuite sur la genèse du film, et c'est l'occasion de laisser la parole à Alain Godard, à qui revient l'idée originale du film, et à Francis Veber, engagé comme scénariste sur ce projet. Des interventions riches en anecdotes croustillantes, notamment sur la collaboration difficile, voire conflictuelle, entre Annaud et Veber. Le choix d'engager Patrick Dewaere pour le rôle principal est également évoqué, ainsi que les réticences du producteur Alain Poiré à l'égard de l'acteur qui souffrait à l'époque d'une réputation sulfureuse. Les dernières minutes du documentaire sont consacrées à la sortie de Coup de tête, à son accueil public et critique, puis Jean-Jacques Annaud évoque rapidement ses projets suivants (La Guerre du feu, Le Nom de la rose, L'Ours, L'Amant) et la difficulté chronique de trouver un soutien financier en France. L'occasion de révéler une anecdote amusante au sujet du financement de L'Amant et du rôle joué par Claude Berri, producteur du film. Un documentaire intéressant et agréable à suivre, grâce à un montage dynamique et à la qualité des intervenants.

L'Atelier technique (30 minutes)

- Les fiches de Jean-Jacques Annaud
Le concentré de deux ans de recherche dans les petits clubs de province. Un supplément qui nous en dit long sur la méticulosité et le perfectionnisme du réalisateur, sur tout le travail effectué en amont en termes de repérage, de prises de notes et de documentation. Jean-Jacques Annaud nous présente les ouvrages spécialisés qu'il a été amené à consulter pendant les deux années qui ont précédé le tournage. Ces manuels de référence, ainsi que les week-ends passés dans la gadoue des stades de province, l'ont littéralement fait passer du statut de profane à celui de spécialiste ès football. Le cinéaste ne résiste pas au plaisir de nous lire quelques fiches de travail rédigées par ses soins et classées par thématique : avant-match, technique, vestiaires, bistrots, etc. Un supplément à la fois cocasse et instructif qui nous révèle combien le cinéaste semble apprécier toute cette phase de préparation, encore plus que le tournage lui-même.

- La meilleure façon de sifflet, par Pierre Bachelet
À l'époque du tournage, Pierre Bachelet était illustrateur sonore pour des publicités. Il revient sur les difficultés rencontrées pour trouver un accompagnement musical satisfaisant, sur les tentatives avortées et sur l'illumination finale : cette petite mélodie sifflée, à la fois légère et mélancolique, tout à fait dans l'esprit satirique du film. C'est lui-même qui finira par siffler cette ritournelle entêtante, alors qu'un siffleur professionnel était prévu à l'origine. Une participation qui ne s'arrêtera pas là, puisqu'il enregistrera également le mémorable hymne du club chanté par les supporters et les joueurs, une chanson franchouillarde entonnée lors des séquences de match : "Allez Trincamp Trincamp Trincamp, But But But !" Un témoignage qui s'avère d'autant plus émouvant quelques mois après la disparition du chanteur-compositeur.

- La méthode Veber
Le réalisateur du Dîner de cons nous révèle quelques principes simples pour écrire un scénario. Des principes qui lui ont d'ailleurs été inculqués par son entourage (sa femme) ou des acteurs (Louis de Funès). Il cite volontiers Orson Welles, Claude Sautet ou Billy Wilder et insiste sur le travail fastidieux du scénariste et sur les qualités d'attention requises par cette tâche. Il rend hommage au Jean-Jacques Annaud réalisateur, tout en relevant que certains films du cinéaste auraient mérité un meilleur traitement scénaristique.

Les Brèves du Penalty (30 minutes)

- Guy Roux, entraîneur de l'A.J. Auxerre et conseiller technique
Avec sa verve habituelle, l'entraîneur charismatique se livre à quelques confidences sur un stade de l'Abbé Deschamp enneigé. Il revient notamment sur les séquences tournées à Auxerre, à savoir les scènes de match et le tour d'honneur dans la ville. Fidèle à son image, il insiste sur le fait que tous les cachets touchés par les joueurs et lui-même ont été reversés au club : « On a gagné 40 000 francs sur l'affaire. » Du Guy Roux pur jus... Il se montre un peu plus réservé quant à l'image négative projetée par le film à l'encontre des dirigeants de clubs amateurs, tout en reconnaissant l'approche satirique et la nécessité de forcer le trait. Enfin, il met en parallèle l'aventure de Trincamp et le destin de son propre club qui l'année suivante se verra projeté en finale de la Coupe de France.

- Lucien Denis, arrière droit de l'AJA et doublure de Patrick Dewaere
L'ancien joueur d'Auxerre revient sur le tournage du film et sur ses rapports avec Patrick Dewaere qu'il doublait dans les scènes de football. Il souligne ses bonnes relations avec l'acteur, aussi bien sur le tournage qu'en dehors, mais insiste sur sa maladresse balle au pied (« il lui était impossible de faire 10 mètres avec le ballon ») et sur ses prises de bec avec Jean-Jacques Annaud à ce propos : « Tu me fais chier avec ton football ! » aurait lâché Dewaere au réalisateur. Un témoignage emprunt de gentillesse et d'humilité d'un joueur qui porte un regard lucide sur le football actuel.

- Noël le Graët, président de l'En Avant Guingamp
Sans doute le supplément le moins intéressant de ce second disque. Un entretien réalisé par Pierre Ménès, journaliste à l'Equipe, et qui s'adresse avant tout aux amateurs du ballon rond. Le président du club de Guingamp revient sur l'histoire et l'ascension de son club, du statut amateur au professionnalisme. En revanche, lorsque le journaliste l'interroge sur Coup de tête, sur le possible rapprochement avec son club et sur l'image acide qu'il projette du football amateur et de ses dirigeants, Noël le Graët n'a pas grand-chose à dire et semble même mal à l'aise, au point d'écorcher le nom du réalisateur (« Jean-Luc Annaud »). A-t-il vraiment vu le film, comme il l'affirme, ou ses souvenirs sont-ils très flous ? Penchons pour la seconde option.

- France Dougnac, premier rôle féminin
La partenaire de Patrick Dewaere revient sur les aléas du casting, se livre à quelques anecdotes de tournage et dévoile toute son admiration pour Jean-Jacques Annaud, un cinéaste dont elle est visiblement tombée sous le charme. Un charme dont elle n'a elle-même rien perdu, 25 ans après le tournage.

Pour conclure, une excellente édition DVD qui nous gâte tant sur le plan technique que par la richesse et la qualité des suppléments, et rend parfaitement justice à l'une des comédies françaises les plus savoureuses de ces dernières décennies. Une œuvre que l'auteur de ces lignes considère ni plus ni moins comme le meilleur film jamais réalisé autour du milieu du football, comme la prestation la plus brillante de Patrick Dewaere, avec Série noire (Alain Corneau), et comme le meilleur film de Jean-Jacques Annaud, avec Le Nom de la rose, dans un tout autre genre.

Par Memento - le 23 mai 2005