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Test dvd
Image de la jaquette

Collection Giallo

DVD - Région 2, 6
Neo Publishing
Parution : 10 avril 2006

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Le travail fourni par Neo Publishing est globalement fort satisfaisant. Les copies proposées ont été visiblement restaurées. Et sont ici proposées les versions intégrales de films qui en leur temps furent parfois partiellement censurés (Nue pour l'assassin, L’Homme sans mémoire, L’Étrange vice de Mme Wardh ou encore La Queue du scorpion). Le format d’origine de films, là encore parfois maltraités lors de leur distribution en VHS, fait l’objet d’un respect tout aussi scrupuleux de la part de l’éditeur. Et si l’on note ponctuellement quelques imperfections d’encodage (scènes nocturnes parfois trop sombres, fourmillements très marqués par moments) le report sur DVD est dans l’ensemble de belle qualité.

Son

Le même souci de fidélité à l’œuvre dans sa version initiale se manifeste à propos des bandes sonores. Neo Publishing propose presque systématiquement les pistes italiennes originales, techniquement bien restituées. Seuls Folie meurtrière et Je suis vivant ! en sont dépourvus. Sans doute l’éditeur n’a pas pu y accéder, ne proposant que des versions anglaises. Si pareil choix ne pose guère de problème en ce qui concerne Je suis vivant ! au casting majoritairement non italophone, on pourra le regretter à propos de Folie meurtrière, la distribution étant pour l’essentiel transalpine.

Suppléments

Mis à part Le Tueur à l'orchidée ne proposant qu’une fiche technique, des filmographies et une poignée de photos, tous les autres DVD de la collection offrent des bonus conséquents.

Ils consistent le plus souvent en des retours sur le film faisant intervenir des réalisateurs (Aldo Lado à propos de Je suis vivant !, Umberto Lenzi sur Spasmo, Sergio Martino pour La Queue du scorpion), des scénaristes (Ernesto Gastaldi sur L'Homme sans mémoire et La Queue du scorpion, Roberto Leoni à propos de Folie meurtrière) ou des comédiens (George Hilton concernant L’Étrange vice de Mme Wardh et Toutes les couleurs du vice ou bien encore Fabio Testi à propos de Mais… Qu'avez-vous fait à Solange ?). Les bonus centrés sur les interprètes sont souvent décevants, ne dépassant guère le stade de l’anecdote, parfois mâtinée d’auto complaisance. Du moins quand ceux-ci ont gardé un souvenir précis de leur participation au film dont il est question… Jean Sorel, invité à s’exprimer sur Je suis vivant ! et Luc Merenda, vedette du prophétique Homme sans mémoire, passent l’essentiel de leur intervention à faire état de leur amnésie à propos de ces titres.

On recommandera en revanche la consultation des suppléments faisant intervenir les cinéastes ou les auteurs des scripts. Aldo Lado, metteur en scène de Je suis vivant !, apporte ainsi de précieux éclairages sur le sous-texte politique de son film marqué par l’influence de la contestation soixante-huitarde. Et Roberto Leoni, à la fois scénariste et assistant réalisateur de Folie meurtrière, se livre à un passionnant décryptage de la séquence d’ouverture voyant se commettre un meurtre au bulldozer ! Le commentaire audio d’Ernesto Gastaldi, à propos de La Queue du scorpion, laisse un peu sur sa faim. Le scénariste avoue en effet n’avoir guère de souvenir du film. Et l’exercice vire rapidement à un exposé général sur le giallo, certes parfois intéressant. Les deux derniers titres en date de la collection, L’Étrange vice de Mme Wardh et de Toutes les couleurs du vice, voient enfin s’exprimer Antonio Bruschini et Antonio Tentori, deux spécialistes transalpins du giallo. Ils ouvrent des pistes de réflexion intéressantes, mais malheureusement assez brièvement. Sans doute ne serait-il pas inintéressant de leur laisser plus longuement la parole à l’occasion de prochaines parutions.


Cette chronique a été rédigée juste avant que Neo Publishing ne cesse ses activités. Les lignes qui précèdent prennent désormais la forme d'un hommage au formidable travail fourni huit ans durant par l'éditeur à la tête de mort. Et le soin de continuer à faire découvrir le giallo au public français revient désormais aux autres éditeurs hexagonaux... En espérant que certains d'entre eux prennent la relève avec autant d'enthousiasme cinéphile !

Par Pierre Charrel - le 28 mars 2010