Menu
Test dvd
Image de la jaquette

Andaz, Mangala, fille des Indes

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 20 avril 2005

Image

Les deux films sont proposés dans deux éditions différentes, trois si on compte le troisième film Kuch Kuch Hota Hai (1998) qui peut-être quant à lui acheté seul. En fait, pour les personnes intéressées par un seul des deux films "naphtalinés", il faudra se résoudre à l’achat du coffret, aucun des deux n’étant disponible seul. Outre la présentation dans un boîtier amaray double disque, un fourreau reprenant l’affiche des films est proposé. Simple et attractif. Deux éditions donc : une avec les deux films et une avec les deux films et Kuch Kuch Hota Hai, ce qui fait pour l’occasion un coffret quatre DVD. Une démarche commerciale qui aura de quoi séduire les amateurs au vu du rapport qualité / prix, mais embarrassera les autres qui désiraient ne voir qu’Andaz ou Mangala.

Andaz : Compte tenu de l’âge canonique du film et des contraintes dues au coût logistique et technique, la copie proposée par Carlotta s’en tire avec les honneurs si ce n’est davantage. Un carton initial nous prévient que le master est le meilleur qu’il ait été possible de retrouver. En effet, on constate tout de suite que le film a fait l’attention d’un soin particulier malgré des défauts de pellicule sur lesquels il semble que le temps ait eu une emprise et qui paraissent irréversibles, à moins d’une restauration minutieuse plan par plan mais fort coûteuse. On peut comprendre que cela soit une tâche envisageable dans certains cas comme Bambi ou Blanche Neige et les sept nains, mais ici, c’est un cas plus compliqué et d’autres transferts offerts par Carlotta nous ont déjà prouvé leur qualité. Ne nous plaignons pas trop des artefacts, brûlures et taches apparaissant sur le négatif et qui ne gênent en définitive nullement la vision sans pour autant ne pas les mentionner. Le noir et blanc est contrasté et solide, la définition miraculeusement ciselée, seuls les fondus enchaînés posent problème car c’est durant ces quelques instants que certaines pluies de drops apparaissent et trahissent l’âge du film. Trois moments sont ainsi très touchés par ces sautes qualitatives de l’image : de 08’ 52’ à 09’15’’, de 21’ 40’ à 21’50’’ et de 2h 06’06’’à 2h09’18’’. On pouvait craindre un voile sur l’image, des poussières très nombreuses, une instabilité du télécinéma, mais c’est tout le contraire. La compression est tout ce qu’il y a de plus correcte, le format 1.33 étant respecté et permettant de lire les arrière-plans qui restent fluides, sans anicroches majeures, si ce n’est les mouvements d’appareil brusques qui figent quelques instants le cadre avant de passer à une autre scène. Mais c’est bien peu de choses et la satisfaction de se retrouver devant une œuvre aussi bien conservée fait plaisir.

Mangala : La flamboiement outrancier du Technicolor est ici poussé jusqu’à la saturation et, même dans son format 1.33, il est ici retranscrit avec une gamme très chaleureuse, surtout au niveau des couleurs qui ont la bonne idée de ne jamais baver. Pimpantes, elles permettent de profiter du spectacle, même si l’on aurait préféré qu’elles soient à la hauteur d’un autre monument filmique, Mangala restant un film inégal. La richesse des teintes, l’aspect outré de certains décors, sont reproduits fidèlement par la définition qui fait ressortir en revanche le carton-pâte qui semble, comme le papier peint des décors monumentaux, avoir été posé deux minutes avant les prises. Les transitions posent quant à elle problème par la baisse sensible de la qualité de la compression qui laisse apparaître du grain et des contours plus approximatifs. On observera aussi quelques fourmillements mal venus mais inévitables. Comme pour Andaz, le film est ici présenté dans un format plein écran très télévisuel. Mais son approche décomplexée de la mythologie et du péplum lui donne une facture BD très appréciable à laquelle rend justice ce master. Quelques menus pépins comme des taches négatives ou des variations colorimétriques (des scènes plus chaudes et l’instant d’après des teintes plus froides, ce qui n’est pas un choix artistique), et une légère baisse de luminosité peuvent faire tiquer, mais la copie reste très bonne.

Son

Andaz : Un mono d’origine qui ne trahit pas les intentions du réalisateur tout en mettant en avant, sur l’enceinte centrale la musique du film. On regrettera ce souffle permanent faisant d’Andaz un film daté, marqué par son époque, mais dont la localisation des dialogues reste efficace. A condition d’augmenter le volume sonore en passant par le décodage Dolby Prologic en 1.0, la piste unique en hindi sous-titrée français reste des plus agréables. C’est tout ce qu’on lui demande.

Mangala : Un son mono là aussi qui ne brille pas par sa clarté cristalline, mais pour un film de 1952 cela reste audible, malgré la présence d’un souffle et même parfois d’un crépitement qui fait penser au bruit en arrière-plan du sillon d’un tourne-disque. Une fois rentré dans le film, ce genre de détail s’oublie assez vite, et l’on se concentrera sur l’omniprésence des voix dans l’enceinte centrale, la seule à être utilisée. La musique ne profite donc pas d’un spectre élargi, ce qui est dommage quand les envolées lyriques commencent à donner la mesure ou pour retranscrire avec un peu plus de mordant la puissance évocatrice du sitar. Quelques scratches viennent conclure la fin des scènes lors des transitions ce qui peut surprendre. Les deux films sont présentés dans leurs versions originales en hindi sous-titrés français. Il n’y a pas de doublage VF.

Suppléments


Les menus animés et musicaux. Les DVD ne proposent pas de chapitres. Les chansons proposées dans le menu d’accueil.

Si l’on fait exception des bandes-annonces originales présentées dans des copies délavées et avec des sous-titres français, il n’y a pas de supplément digne de ce nom. On excusera Carlotta en raison de la rareté des deux films présentés, même s’il s’agit en définitive plus de curiosités que d’œuvres de référence. Un petit livret nous expliquant les origines des films n’aurait pas été de refus.

ATTENTION : les bandes-annonces doivent être regardées après avoir vu le film, car elles sont bourrées de "spoilers" sur l’histoire et les personnages, ce dont on se rend compte une fois les films visionnés. Autant ne pas gâcher son plaisir tout de suite.

A noter : l’absence de chapitres pour les deux films est perturbante. Il faut tout regarder et zapper d’une séquence à l’autre, si bien que pour se repasser ses séquences favorites, il faudra jouer de la télécommande. Les chansons, quant à elle, sont proposées dans une partie annexe, ce qui étonnant puisqu’elle ne disposent pas elles-mêmes d’accès direct ou de lecture en continu.

Un petit mot sur Kuch Kuch Hota Hai, même si ce n’est pas l’objet du texte en soi puisque le film a été tourné en 1998. C’est une petite merveille et le premier film de Karan Johar qui réalisera ensuite un autre chef-d’œuvre , La Famille Indienne (2001) toujours avec le même couple mythique Shah Rukh Khan / Kajol. Une histoire simple et très émouvante d’un trio d’amis se déroulant sur plusieurs années avec flash-back, chorégraphies somptueuses signées de l’immense Farah khan et virtuosité technique et artistique à l’appui. En ce qui concerne le DVD, la déception est cependant à la hauteur de l’attente si l’on considère que le support devrait nous permettre de voir ce film dans les meilleures conditions possibles. Outre une instabilité de l’image (des plans tremblotants dans plusieurs scènes, lors du rendez-vous sous la pluie de 2h35’24’’ à 2h36’30’’ en particulier, ou lors de la séquence de Ladki Badi Anjali Hai), la définition n’est pas toujours à son top et certains plans fourmillent, les contours des visages sont parfois mal définis (c’est particulièrement frappant lors de certains panoramiques), et l’image est trop lissée. Résultat : sa tessiture est forcée et gomme l’aspect pellicule du film, décelable lors de la séquence de Koi Mil Gaya, durant laquelle on a l’impression de voir une chorégraphie tournée en DV, ce qui lui ôte une partie de son charme. Le rendu numérique donne des tons un peu trop durs et pousse les couleurs à leur maximum faisant d’autant plus ressortir les décors bleus. Ces "défauts" n’empêchent pas la compression d’être idéale, avec des arrière-plans souvent très stables mais ils gêneront ceux qui étaient habitués au DVD YashRaj anglais autrement plus naturel dans la restitution chromatique. Certaines scènes étaient marquées par des points blancs disgracieux à cause d’un master parfois abîmé mais le tout était plus homogène sur la durée. Au niveau du son, rien à redire en revanche, et il faudrait être de mauvaise foi pour lui trouver des reproches. Ample, riche, le mixage 5.1 équilibré n’oublie pas de se montrer doux et enveloppant grâce à la stéréo avant. Il permet de profiter au maximum des chansons du film qui exploitent tous les canaux pour le bonheur de l’auditeur. Seul reproche : les chansons sont offertes en bonus sur le deuxième disque mais en simple Dolby Prologic.

Par Jordan White - le 26 avril 2005