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Test blu-ray
Image de la jaquette

Wake in Fright

BLU-RAY - Région B
La Rabbia / Wild Side
Parution : 1 juillet 2015

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Il a fallu dix années de recherche au monteur Anthony Buckley, avec le soutien de la NTSA (National Film and Sound Archive) pour retrouver les négatifs du film. C'est finalement dans un entrepôt à Pittsburgh qu'ils trouvent le graal, au milieu de deux cent autres bobines de films qui allaient être détruites. Une restauration a ainsi pu être lancée en 2006. En 2009, le film restauré est présenté à Cannes Classic et bénéficie d'une première édition Blu-Ray en Australie. Encore quelques années et elle arrive en salle en France chez le distributeur La Rabbia avant de sortir aujourd'hui en édition Blu-Ray et DVD.

Entre temps, le film a connu - à partir du même scan - des éditions blu-ray américaines (Image Entertainment, en 2013) et britanniques (Eureka, en 2014) qui ont donné l'occasion de faire couler beaucoup d'encre sur les qualités (et surtout les défauts) de cette restauration, quitte à ce qu'on lui attribue tous les maux de la terre. Pour résumer : supervisée par le réalisateur Ted Kotcheff lui-même, la restauration aurait "digitalisé" le rendu du film, le lissant à grand coup de DNR et dénaturant le grain original... Un "scandale", un "saccage", une restauration qui ne mériterait que la "poubelle", on a un peu tout lu à propos de ce master avant de l'avoir sous les yeux... et, une fois le résultat sous les yeux (par esprit de contradiction, probablement), on s'est dit "tout ça pour ça ?".

Pour tout dire, le principal problème est peut-être tout simplement qu'il s'agit d'un scan ancien (6 ans, à l'échelle de la Haute-Définition, c'est un gouffre), qui d'une part ne peut soutenir la comparaison technique avec ce que l'on réalise aujourd'hui, et d'autre part ne correspond déjà plus aux exigences actuelles. 

A cet égard, la question du grain, évidemment, est centrale et de nombreux éléments laissent ici croire que, dans le cadre de cette restauration, des outils de correction numérique ont malheureusement été (abusivement) utilisés, comme c'était si souvent le cas en 2009 : le dégrainage ou le lissage sont manifestes, et on doit déplorer l'imprécision du trait, le manque de finesse du piqué, et le défaut de relief des détails, notamment dans les gros plans et/ou dans des séquences à très faible ou à très haute luminosité. 

Ceci étant dit, et bien que DVDClassik ne soit pas réputé pour goûter la "belle" image numérique toute lisse, plusieurs raisons nous amènent à faire preuve d'une certaine indulgence vis-à-vis d'un rendu que, tout bien considéré, il est permis de trouver assez plaisant. 

La première raison est peut-être de l'ordre de la surprise : connaissant l'histoire de cette restauration, et l'obtention du master après un scan 4K d'un OCN (original camera negative) retrouvé dans un entrepôt où - selon la légende - il croupissait depuis des décennies, on ne s'attendait pas à avoir sous les yeux un résultat aussi propre et aussi complet. Mais puisque cela donnerait du grain à moudre à ceux qui prétendent que le film a été carrément reconstruit numériquement, ne nous attardons pas sur cet argument.

La deuxième raison, qui ambitionne peut-être de remettre l'artistique un poil devant le technique (sacrilège ?), est que ce master nous aura semblé être parfaitement cohérent avec l'atmosphère si particulière du film, moite et étouffante, notamment avec sa belle unité chromatique jaune, poisseuse et solaire à la fois. Et que, rien que pour ça, d'une certaine manière, il ne "dénature" pas le film.

Une troisième raison, enfin, serait de se reporter à l'entretien enthousiaste que Ted Kotcheff avait accordé à nos confrères de blu-ray.com en janvier 2013 et dans lequel le cinéaste disait notamment : "Now, yes, grain was missing, that slightly grainy thing. When I saw the print three years ago in Australia, first of all I was taken aback by the faithfulness of the colors, and I got so absorbed in all that, and absorbed in the story and watching it all and the detailing that I didn't really address myself to whether I missed the grain or not". Et l'essentiel est peut-être là : à force d'exiger une technique irréprochable (démarche au demeurant parfaitement louable), on perd parfois le sens de la hiérarchie des choses, et dans le cas présent, c'est le cinéaste lui-même (qui, nous vous invitons à lire l'entretien dans son intégralité, n'a manifestement jamais cherché à "ré-inventer" son film) qui vient nous la rappeler : on n'avait jamais vu Wake in fright avec une telle qualité d'image, on a failli ne jamais pouvoir le voir, et, sachant cela, ce n'est pas un "slight" problème de grain (appréciez l'euphémisme) qui va nous faire bouder notre plaisir.

Son

Si on ignore le détail du matériel à partir duquel la restauration sonore de la piste originale a été menée, son histoire peut laisser croire qu'il s'agissait, au mieux, d'éléments incomplets. Ayant ceci à l'esprit, on peut bien constater quelques défauts (manque de dynamisme, léger bruit de fond, fluctuations ponctuelles...), mais ceux-ci restent raisonnables et, là encore, ne déparent pas avec le travail sonore du film, plutôt déroutant, où se mêlent des silences brutaux, des amplifications soudaines, des dissonances ou des bruits étranges de toute sorte, comme pour traduire l'état de cauchemar éveillé du personnage principal. 

Concernant les dialogues, l'ensemble est plutôt clair et stable, mais la rudesse des accents (et l'anesthésie des mâchoires provoquée par l'ingestion répétée de bière) rend certaines phrases d'autochtones à peine compréhensibles. 

La piste française n'est pas recommandée : d'une part, on perd les accents, mais d'autre part et surtout, elle s'avère extrêmement plate, extrêmement étouffée, de nombreux bruits d'ambiance (par exemple dans le bar) disparaissant purement et simplement. Les dialogues sont certes clairs (même si on pourrait discuter du doublage), mais ce n'est pas tout à fait le même film. Notons enfin que, la version doublée n'existant pas pour les scènes qui furent censurées à l'époque, la version originale y resurgit parfois sans prévenir.

Suppléments

Livret de 42 pages.
Un long texte riche et documenté de Peter Galvin ouvre le livret. L'écrivain et cinéaste décortique Wake in Fright depuis l'oeuvre originale de Kenneth Cook jusqu'à la réception critique et public du film en passant par les péripéties de la production et le tournage dans l'Outback. Suivent une biographie de Ted Kotcheff, le récit par le monteur Anthony Buckley de sa longue quête pour parvenir à sauver le film et enfin des interventions de Graham Shirley (responsable de la préservation à la National Film and Sound Archive) et de Meg Labrun (responsable de la conservation à la NFSA) qui détaillent l'histoire des copies du film et les différentes étapes de sa restauration. Le tout est agrémenté de nombreuses photographies du film.

Sur le disque, on trouve plusieurs suppléments, dont quelques inédits :

L'introduction du film par Nicolas Winding Refn (HD - 2 minutes) permet de constater que le réalisateur de Drive ou de Valhalla Rising (dont les films sont distribués en France par Manuel Chiche, créateur de La Rabbia), qui avait découvert le film durant la promo australienne de Bronson, compte parmi les plus fervents admirateurs d'un film qui décrit comme "l'un des plus grands films existentialistes de tous les temps", un "chef d'oeuvre absolu, prêt pour le futur" dans la mesure où le public de son époque ne pouvait pas être prêt à le découvrir. 

Dans un entretien avec Ted Kotcheff (réalisé en 2009 - SD - 22 minutes), le cinéaste revient sur son film, qu'il juge lui-même assez "extraordinaire". Il y évoque la genèse du projet, et la manière dont ce Canadien fils d'émigrés bulgares avait été frappé par les questions du déracinement ou de l'appartenance à une communauté qu'évoque le film. Il y parle du tournage (et de la fameuse séquence de chasse au kangourou), de la réception du film (notamment en Australie) ou encore de sa restauration.

Dans un module d'environ 6 minutes (Un tournant dans l'histoire du cinéma australien- SD), plusieurs intervenants évoquent l'importance du film, en insistant sur sa grande singularité dans l'histoire du cinéma local. Dans les derniers instants, Ted Kotcheff évoque son "ami" Nicholas Roeg, auteur d'un autre grand film sur l'arrière-pays australien, Walkabout. A noter un montage cut un peu décousu, et une qualité d'images plutôt médiocre.

Un autre module (Une histoire rocambolesque - SD - 6 minutes environ) mélange des témoignages (d'intervenants non présentés) et des images d'archives pour, là encore, insister sur l'importance du film dans le paysage cinématographique australien. Au bout d'un peu plus de 3 minutes, et par le biais de Tony Buckley, monteur et "re-découvreur" du film, le supplément se concentre davantage sur sa restauration. On suit alors Anthos Simon, de Deluxe Australia, qui fut chargé de celle-ci, et qui ne manquait pas d'enthousiasme... 

Pour aller dans son sens, un module muet de 2 minutes se livre à l'exercice de l'avant/après, ce qui permet de constater que c'est effectivement dans le contraste et la colorimétrie que le plus gros du travail a été accompli.

Parmi les documents d'archives, on trouve un reportage sur le tournage (noir et blanc - 4 minutes), qui évoque son contexte de production, et l'appétit du jeune public pour des films exigeants, mais trop souvent non-australiens. S'interrogeant dès lors sur les nationalités de ses différents protagonistes, le module se demande ainsi si Wake in fright peut être considéré comme une production locale (anticipant, malgré lui, la polémique sur la vision des Australiens qui accompagnera la sortie du film).

D'autres archives nous montrent Chips Rafferty (interprète du policier Crawford), comédien au visage buriné, extrêmement populaire en Australie, et qui mourut en 1971, entre la fin du tournage et la sortie du film. Le réalisateur Ken G. Hall, avec lequel il collabora plusieurs fois, lui rend hommage en parlant de sa carrière et de sa contribution à l'histoire du cinéma local.

Mentionnons enfin la présence de deux bandes-annonces (américaine et française) récentes, en HD, réalisées pour sa ressortie.

En savoir plus

Taille du disque : 32 737 059 453 bytes
Taille du film : 28 016 541 696 bytes
Durée: 1:48:50
Total Bitrate: 34,32 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29715 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Main Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1536 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1267 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 1,490 kbps
Subtitle: French / 15,715 kbps

Par Dvdclassik - le 2 juillet 2015