Test blu-ray
Image de la jaquette

Tomahawk

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 5 juillet 2024

Image

Il y a 13 ans déjà, nous accueillions la première sortie numérique française, en DVD, avec un enthousiasme certain, tant pour les qualités du film (qui gagne à être redécouvert) que pour l'édition en elle-même. Aujourd'hui, les éditions Calysta Sidonis procèdent à un upgrade en haute-définition, qu'on peut dès lors comparer à son aïeulle.

comparatif DVD Sidonis (2011) vs. Blu-ray Sidonis (2024) :
1 2 3 4 5 

Si les deux éditions reposent probablement sur une source initiale similaire (un master assez ancien appartenant à Universal Pictures), le gain de la HD est manifeste, dans la finesse des détails et du piqué ou dans le rendu du grain, plus présent et plus naturel - même si, en mouvement, certains fourmillements dans les zones unies (typiquement, les ciels clairs) sont perceptibles, et traduisent l'usage d'outils de retouche (ou d'ajustement) numérique.

L'image est globalement légèrement moins lumineuse que celle du DVD (les zones très sombres sont parfois un peu opaques), avec un rendu chromatique plus équilibré, sans pour autant perdre le chatoyant du Technicolor (voir image 1 du comparatif). Quelques carnations un peu rougeâtres dans certains gros plans. 

Enfin, l'image est très stable, mais demeurent ponctuellement quelques stries ou tâches.

Son

Rien à signaler sur la version originale, qui propose ce qu'on est en mesure d'attendre sur un film de studio des années 50 : la piste est claire, équilibrée et d'un dynamisme relatif. On ne recommandera pas spécialement la version française, beaucoup plus plate, pas toujours bien équilibrée, et qui prend des libertés avec les dialogues.

Suppléments

En suppléments, on retrouve deux modules d'analyse qui figuraient déjà sur le DVD de 2011 (l'un avec Patrick Brion, l'autre avec Bertrand Tavernier) et un inédit, avec Jean-François Giré.

La présentation de Patrick Brion (9') est la plus succincte du lot, mais résume l'essentiel : le tournant du début des années 50, qui marque une "prise de conscience de ce qu'étaient les guerres indiennes" et l'émergence de westerns "pro-Indiens", comme La Porte du diable ou La Flèche brisée ; le cadre historique, avec notamment les figures de l'explorateur Jim Bridger ou celle, évoquée dans le film, de John Chivington, le "salaud" à l'origine du massacre de Sand Creek en 1864... Selon Patrick Brion, ce "film de série", qualifié de "western de gauche", est un film "historiquement utile"

Pas mal d'éléments communs, plus détaillés, dans la présentation de Bertrand Tavernier (27'), qui débute par un mea culpa vis-à-vis de George Sherman, trop durement traité dans l'ouvrage 50 ans de cinéma américain, co-signé avec Jean-Pierre Coursodon. Il cite ainsi un certain nombre de titres, depuis redécouverts, qui permettent de mesurer l'intégrité du cinéaste, et le regard dont il témoignait, en particulier dans Tomahawk, "film original pour l'époque, qui prend le parti des Sioux contre les blancs". Insistant sur le fait que les Sioux s'expriment en leur propre langue (non sous-titrée), il qualifie le film de "chronique historique", qui repose beaucoup sur l'apport de Sylvia Richards, "auteur progressiste qui a craqué au moment du maccarthysme". Bertrand Tavernier consacre un certain temps à l'étude du style formel de Sherman, évoquant ces "entrées de champ inattendues", qui contribuent au dynamisme ; l' "utilisation des extérieurs" (avec ces paysages du Dakota figurant le Wyoming, où tournera plus tard Kevin Costner) ou sa "science des plans larges". Il évoque enfin la question des massacres historiques d'Indiens, et la manière dont les studios les auront mis en scène, dressant un parallèle avec le Massacre de Fort Apache de John Ford.

Enfin, Jean-François Giré entreprend, en à peine une demi-heure, de dresser une "histoire" des Indiens dans le western (31' - HD), sujet vaste et complexe, succession de périodes beaucoup plus distinctes et variées qu'on le pense parfois (le mot le plus prononcé de tout le module est probablement celui de "basculement") : s'il n'effectue ici qu'un survol trop rapide, Giré le fait avec clarté, et en donnant par ailleurs quelques pistes pour approfondir le sujet, comme le documentaire Reel Injun (2009). Après 3 minutes spécifiquement consacrées à Tomahawk, "film sincère", il débute son "flashback" en remontant à l'époque du muet, et aux premiers documentaires, "courts mais riches", montrant des Amérindiens. Des années 10, il retient le regard "romantique" sur la figure du "bon sauvage", mais aussi quelques "stars amérindiennes", comme Red Wing ou Mona Dark Feather. Après des années 20 qui marquent un "effacement" des figures indiennes lors de la structuration d'Hollywood, et le début du sonore avec les films de série, sans grande ambition, mettant en scène des "cowboys chantants", il en arrive à 1939, La Chevauchée fantastique de John Ford, film qui aura fait énormément de mal à la cause indienne en imposant cette imagerie dépersonnalisée d'une menace abstraite, vision qui perdurera au moins durant la décennie suivante, avec la réduction des Indiens à des archétypes folkloriques (avec leurs costumes fantasmés) et leur exclusion des plateaux, leurs rôles étant confiés à des acteurs mexicains ou à des blancs grimés. Le début des années 50 marque le "retour de l'humanité", avec les westerns déjà cités d'Anthony Mann ou de Delmer Daves, et depuis les années 60, Jean-François Giré souligne une volonté d'appréhender par le cinéma les us et coutumes, dans une démarche "ethnologique" (et non "ethnique", comme il concède une fois le lapsus). Des années 60-70, il retient Little Big Man d'Arthur Penn, Soldat Bleu de Ralph Nelson ou Un Homme nommé Cheval d'Elliott Silverstein, la représentation des Indiens ayant notamment évoluée suite à la Guerre du Viet-Nam. Depuis, le cinéma américain n'a cessé de "gratter" la vision qu'il avait lui-même contribué à imposer, et un film comme Danse avec les loups marque un indéniable "moment de bascule".

Enfin, outre la bande-annonce du film, on trouve une bande-annonce promotionnelle évoquant certaines sorties récentes de Calysta Sidonis, ce qui permet (de L'Homme qui voulait savoir à From Beyond, de Pendez-les haut et court à The Barbarians) de mesurer l'étendue de la ligne éditoriale.

En savoir plus

Taille du Disque : 39 738 603 520 bytes
Taille du Film : 22 144 253 952 bytes
Durée : 1:21:51
Total Bitrate: 36,07 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Français DTS-HD Master Audio 2.0 / 48 kHz / 24-bit 
Audio: Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 / 48 kHz / 24-bit 
Sous-titres : Français

Par Antoine Royer - le 5 août 2024