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Test blu-ray
Image de la jaquette

Silent Running

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 6 juillet 2016

Image

Sans tomber dans un quelconque excès de relativisme, on peut ici se hasarder à prétendre que pour définir la qualité d'une édition, tout dépend parfois d'à quoi on la compare.

Notre premier comparatif empruntera donc au maréchal La Palice pour démontrer que cette édition HD enterre, tout bonnement, les éditions DVD précédentes du film, par exemple celle distribuée par Universal en 2002 (au passage, la deuxième image permet de mettre en lumière un zoom flagrant sur certaines séquences du DVD).

Comparatif DVD/BR 1                          Comparatif DVD/BR 2

Partant de là, on pourrait être tout à fait  enthousiaste - et il faut parfois savoir l'être pour vanter les mérites de la Haute-Définition.

Mais une deuxième étude comparative reviendrait à comparer les trois éditions Haute-Définition du film désormais disponibles, à savoir l'édition britannique Eureka Masters of Cinema de 2011 ; l'édition américaine mais "region-free" Universal de 2015 ; et cette édition française Wild Side de juillet 2016. Et là, les choses sont moins évidentes.

Le premier constat est qu'il s'agit d'éditions tout à fait proches, probablement tirées du même master restauré aux laboratoires londoniens Deluxe. L'essentiel des défauts éventuels de propreté y a été corrigé, et le transfert 1080p s'avère tout à fait satisfaisant. 

On peut alors procéder à un deuxième comparatif, par exemple avec l'édition Universal - que nous avons privilégiée à l'édition Eureka MoC, un peu palote et avec des qualités colorimétriques moindres. Et là - similitudes d'ensemble bien considérées - on avoue être un peu gênés par la manière dont l'édition Wild Side pousse un peu les curseurs des contrastes, jusqu'à exacerber les couleurs (ah ça, la combinaison est rouge), mais cela a parfois tendance à altérer la qualité de détails, par exemple en bouchant les noirs (voir deuxième image). Autre conséquence (en excluant par bienveillance l'idée d'un DNR dégrainant), la qualité du grain semble avoir diminué, ainsi que la finesse du piqué. Tout bien considéré, on reste un peu sceptique sur la fidélité de ce rendu "boosté" aux racines seventies du film.

Comparatif BR Universal/ BR Wild Side 1                        Comparatif BR Universal/ BR Wild Side 2

En conclusion, on aurait aimé considérer cette édition Wild Side comme l'édition Haute-Définition de référence, mais à défaut d'apporter un apport qualitatif décisif, il s'agit d'une édition extrêmement proche des éditions britanniques ou américaines précédentes. Nous laissons donc, à la lumière des comparatifs, le lecteur opter pour l'édition offrant le rendu qui lui siéra le mieux.

Son

La piste originale DTS-HD Master 2.0 offre un rendu tout à fait satisfaisant : il ne faut pas s'attendre à une profondeur interstellaire, mais le film jouant finalement plus la carte de l'intimité, cela ne fait pas spécialement défaut.

Un peu moins solide mais d'une bonne tenue cependant, la version française est tout à fait claire et équilibrée.

On peut toutefois noter (et déplorer) l'absence du commentaire audio de Donald Trumbull ou de la piste musicale isolée, tous deux proposés sur le disque Eureka.

Suppléments

Présenté dans un digibook relativement classieux, mais au format assez grand de 19.5 X 14 X 2 cm, c'est-à-dire un peu plus haut et large qu’un boîtier DVD normal (ce qui ne manquera pas de faire tiquer certains amateurs de formats standards), cette très belle édition qualifié de « limitée » contient donc le DVD du film, le blu ray ainsi qu’un livret de 74 pages. Le livret est collé au centre du digibook, ce qui en rend la manipulation moins aisée. Le visuel est sobre et assez réussi.

Rédigé par Frédéric Albert Lévy (ancien rédacteur chez Starfix), le texte du livret est court mais s’avère particulièrement agréable à lire. Les treize pages de texte sont découpées en quatre chapitres :
-        Douglas Trumbull : Le silence éternel de ces espaces infinis apporte des éléments biographiques ainsi qu’un éclairage sur la carrière du réalisateur et la genèse du film (5 pages).
-        Front projection explicite l’historique de certains effets optiques depuis la naissance du cinéma puis s’attarde sur l’évolution la technique employée par Trumbull pour créer une partie des effets spéciaux du film (3 pages).
-        Bruce Dern : Silent runner revient sur le parcours de ce comédien attachant, issu d’une famille bourgeoise qui ne compris jamais sa vocation (3 pages).
-        Quelques mots sur l’équipe du film comme son nom l’indique présente trois personnalités de l’équipe : Charles F. Wheeler, le directeur de la photographie, Wayne Smith, créateur d’effets visuels et Peter Schikele qui composa la musique du film (2 pages).

Le reste des pages est dédié à une superbe iconographie reprenant affiches d’époque, photos d’exploitations ou de plateau.

La pièce maîtresse de l’interactivité est bien sûr Making of Silent Running, le superbe making of d’époque réalisé par Chuck Barbee. D’une durée de 47 minutes (en SD, 1024x576), à milles lieues des making of promotionnels balisés qui accompagnent la plupart du temps les production actuelles, le film donne la parole à de nombreux intervenants sur le film : Doug Trumbull, Charles F. Wheeler (qui fut directeur de photographie chez Disney), le producteur Michael Gruskoff, Bruce Dern ou même les acteurs amputés animant les robots dont la charmante Sheryl Sparks. Il ne se focalise pas uniquement sur la réalisation de Silent running, mais documente la réalisation d’un film en général tant au niveau humain que technique. Comme le dit la voix off au début du film « ceci est un film sur des gens faisant un film ». Dès lors, lorsque le directeur de la photographie ou le monteur parlent, ils parlent de leur parcours dans l’industrie du cinéma, des différents échelons qu’ils ont dû gravir avant d’arriver où ils sont ou de la nécessité d’adhésion à la Guilde si on veut travailler dans le cinéma traditionnel. Peu avare en image tournées sur le plateau, le documentaire montre autant les moments de plaisir que l’équipe a pu avoir en tournant que les difficultés rencontrées lors d’un tournage « on location » dans des décors peu adaptés à la technique accompagnant un tournage. Tous les aspects de la réalisation sont abordés sans langue de bois ce qui en fait un document essentiel pour qui voudrait comprendre les rouages de la réalisation d’un film à l’époque aux Etats-Unis. Le film se conclut sur l’enregistrement de la musique avec Peter Schikele et Joan Baez. Passionnant de bout en bout pour tout fan du film et pour tout qui s’intéresse au cinéma et à la façon dont il est fait.

Douglas Trumbull parle de Silent Running est une interview passionnante de trente minutes (en SD) réalisée par Laurent Bouzereau. Ce module est le parfait complément au making of. Trumbull y revient avec force détails sur tous les aspects du développement à la conception du film en passant par sa distribution et la décision qui selon lui a coûté son succès au film de le sortir sans publicité. Ce bonus est exclusif au Blu-ray.

Un peu plus consensuel, l’Entretien avec Bruce Dern, d’une durée de 10 minutes (en SD) et toujours réalisé par Laurent Bouzereau, est l’occasion pour le comédien de s’épandre en éloges à propos du film qui lui permit de sortir de 18 mois de chômage, et de Douglas Trumbull. « Il voit dans le viseur ce que nul autre ne voit. La magie. » Dern revient sur l’ambiance particulièrement conviviale qui régnait sur le plateau et sur la gentillesse du réalisateur. Ce bonus s’avère moins essentiel que les précédents, mais il distille tout de même quelques informations intéressantes.

Hier, aujourd’hui et demain par Douglas Trumbull est un module où Trumbull explique pourquoi il s’est reconverti dans la recherche et le développement de nouveaux formats et supports pour le cinéma et le divertissement. Il parle de son implication dans l’attraction Retour vers le futur, du développement du Showscan et de l’Imax et du futur de toutes ces technologies qui selon lui seront l’avenir du cinéma. Un cinéma plus immersif avec un retour vers des écrans hors normes et particuliers qui avaient disparu avec le 70 mm et les multiplexes. L’interview est à nouveau réalisée par Laurent Bouzereau et dure 5 minutes (SD).

L’interactivité se clôt par la bande annonce en VO sous-titrée français. D’une durée de 3 minutes et présentée dans un format 1.33 avec une image particulièrement délavée, elle n’en constitue pas moins un document toujours intéressant.

Par Antoine Royer (image) et Christophe Buchet (bonus) - le 5 juillet 2016