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Test blu-ray
Image de la jaquette

Schizophrenia

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 4 juillet 2012

Image

Côté vidéo, il ne faut pas s'attendre à un disque de démonstration. Il s'agit d'un film auto-produit du début des années 80 et en cela, le transfert de l'édition Carlotta est satisfaisant, puisqu'il est fidèle au rendu attendu pour une telle production. Le master HD, supervisé et approuvé par le réalisateur, n'est pas immaculé (quelques petites taches, voire quelques rayures) mais présente le film dans ce qui est probablement la meilleure version disponible à ce jour. Néanmoins, on pourra remarquer que l'encodage, bien que s'appuyant sur un débit solide est parfois mis à mal par le matériau d'origine, très (trop ?) granuleux. Cependant, ces petits défauts ne viennent globalement pas gâcher le visionnage du film. Précisons par ailleurs que l'impression laissée en "dynamique" est bien meilleure que ce que peuvent restituer les captures d'écran.

Son

Schizophrenia est présenté, au choix, en version originale sous-titrée ou en version française. Les deux pistes sont en mono d'origine et s'avèrent de très bonne qualité. On notera cependant que l'excellente musique de Klaus Schulze apparaît un peu en retrait sur la VF, par rapport à la VO, durant certaines scènes.

Suppléments

Les suppléments sont identiques à ceux du DVD.

Si les suppléments s’avèrent nombreux - on en dénombre pas moins de cinq sans compter les bandes-annonces - et chronologiquement conséquents - ils représentent un total de plus de deux heures - ceux-ci n’envisagent finalement Schizophrenia que sous un angle partiel. Si les interventions de Gaspar Noé, de Gerald Kargl et de Zbigniew Rybczynski font toutes la part belle à la réalisation du film, leurs propos s’attachent en revanche bien peu à la violence extrême qui y est montrée. Comme si, plus de trente ans après sa sortie, Schizophrenia continuait à distiller un malaise suffisamment puissant pour paralyser la réflexion sur la barbarie qu’il donne à voir.

Dans un module de 25 minutes, intitulé Influences, le réalisateur d’Irréversible insiste en effet essentiellement sur la facture visuelle de Schizophrenia, soulignant à quelle point celle-ci a irrigué son œuvre. Gaspar Noé salut aussi la manière dont la voix-off est utilisée dans Schizophrenia, celle-ci l’ayant fortement influencé lors de la réalisation de Seul contre tous (1999). Mais le cinéaste demeure finalement peu loquace quant à la violence exhibée par cette œuvre qu’il qualifie, in fine, de « séminale ».

Gerald Kargl, dans un entretien de 27 minutes avec le réalisateur allemand Jörg Buttergeit (1) datant de 2003, se montre pareillement laconique quant à ce que montre effectivement son film. Si l’Autrichien revient de manière factuelle sur la réalisation - rendue difficile par le manque de moyens (comme sur la réception - houleuse - de Schizophrenia), il botte en touche lorsque Jörg Buttergeit tente d’aborder le malaise soulevé par ce long-métrage. Le pape du gore germanique qu’est pourtant Jörg Buttergeit confesse ainsi avoir éprouvé un sentiment de libération au terme de la projection de Schizophrenia, une œuvre l’ayant contraint à épouser le point de vue d’un psychopathe pendant plus d’une heure... Apparemment surpris par l’effet provoqué par son film, Gerald Kargl répond alors que Schizophrenia ne lui semble pas aussi choquant que cela, estimant au contraire que la mise en scène ménage une distanciation atténuant la portée de l’horreur qui y est déployée !

Quant à Zbigniew Rybczynski, s’il apporte dans un témoignage enregistré en 2004 de doctes éclairages sur les innovations techniques mises au service de Schizophrenia, il se contente d’y regretter que le film n’ait pas montré plus de violence… sans expliquer plus avant pourquoi. Et l’échange de 26 minutes entre le comédien Erwin Leder et un psychiatre viennois, spécialisé dans le domaine médico-légal, du nom de Harald David n’apporte guère plus d’éléments sur la question de la violence pourtant au cœur de Schizophrenia. Le dialogue ne traite qu’incidemment du film, abordant pour l’essentiel la question du traitement médical et judiciaire de la folie homicide. On quitte alors le domaine de la fiction cinématographique pour aborder une tonalité oscillant entre le documentaire et le journalistique.

Un ton qui caractérise, enfin, le dernier des bonus : un prologue à Schizophrenia de sept minutes réalisé par Gerald Kargl « à la demande du distributeur international ». Adoptant la forme lourdement démonstrative d’un faux reportage télévisé, on se permettra d’en déconseiller le visionnage avant celui du film : l’ensemble dévoile d’emblée les motivations psychologiques du tueur, là où le film entretient à leur propos une forme de suspense, ne les dévoilant qu’au fur et à mesure de son terrifiant déroulement.

(3) Les amateurs de gore connaissent certainement le metteur en scène, entre autres bandes sanglantes, du très culte Nekromantik.

Par Francis Trento - le 3 juillet 2012