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Test blu-ray
Image de la jaquette

Sauve qui peut (la vie)

BLU-RAY - Région B
Gaumont
Parution : 8 février 2023

Image

Quelques mois après sa disparition, Gaumont a rendu hommage à Jean-Luc Godard en rééditant trois de ses films en Blu-ray, parmi lesquels Sauve qui peut (la vie). Le matériel utilisé à la base est identique à celui de l'édition DVD sortie en coffret en 2010, puis repris en Blu-ray chez les américains de Criterion en 2015. Il s'agit d'une restauration en "simple" HD effectuée en 2010 à partir du négatif original, dont le rendu conserve une certaine tenue et ne chagrinera vraiment que les purs et durs des restaurations dernier cri, l'ensemble restant plutôt efficace malgré son ancienneté. La précision de l'image est palpable même si on n'atteint un niveau de détail raisonnable que durant les gros plans. La copie a été stabilisée et totalement nettoyée des impuretés de pellicule. La colorimétrie reste assez naturelle, plutôt agréable, sans glissements modernistes trop appuyés, et honnêtement saturée. Les contrastes sont équilibrés, avec une tendance à des noirs parfois denses qui conservent du détail. Le grain argentique est conservé, dans des proportions modestes mais convenables.

Son

La piste son restaurée offre une bonne restitution d'un mixage précis et détaillé, avec un spectre plutôt équilibré. On note une belle présence des voix, à la fois dans la proximité et dans la clarté, et une ouverture appréciable qui laisse beaucoup de place aux sons d'ambiance. On ne relève pas d'usures marquées ni souffle disgracieux.

Suppléments

Gaumont reprend l'ensemble des suppléments du DVD sorti en 2010, à commencer par Quelques remarques sur la réalisation et la production du film (21 min - SD - 4/3). Dans les années 1980, il arrivera à Godard de réaliser des films courts servant à la fois de supports de financement et d'esquisses préparatoires à un long-métrage. Celui-ci, forcément le premier, est dans la pleine continuité formelle de sa période vidéo grenobloise. On voit ce qui a changé au passage : c'était visiblement plutôt à Genève qu'à Lausanne que le cinéaste songeait dans un premier temps pour sa «  grande ville  » ; Miou-Miou devait incarner le rôle qui échoiera in fine à Nathalie Baye : il s'agissait d'abord de conclure par un orchestre philarmonique dans les champs... Et ce qui reste : la campagne vaudoise, bien sûr ; Isabelle Huppert, qui est celle qui joue au foot ici (donc l'objet du désir, au vu du rôle qu'aura ce sport dans le film)... Les références que le cinéaste convoque ne sont pas littéraires (en dépit de sa linéarité, le film ne sera d'ailleurs pas élaboré à partir d'une continuité dialoguée), mais un peu cinéphiles et, surtout, picturales : Hopper et Bonnard. Un bouquet de fleurs agencées dans le champ prépare celui qui apparaîtra dans la scène la plus connue du film, la Jeanne de Dreyer (dans une capture en surimpression qui ne manque pas de suggérer une éjaculation faciale) dialogue avec un cadre admiré dans un film d'étudiants en photographie de Vevey, comme si le maître rêvait de se refaire élève. À noter, chose inhabituelle pour un orateur ordinairement à un moment ou à un autre facétieux, que Godard est ici d'un sérieux implacable, cela du début à la fin de sa prise de parole. Peut-être se disait-il avec ce retour au cinéma commercial : là, faut pas déconner.


Outre la bande-annonce originale (3min 06s - HD), le reste des suppléments est une série d'entretiens très intéressants menés par Pierre-Henri Gibert ou Dominique Maillet (en SD) :


JLG / ADB (14 min)
L'historien et critique Antoine de Baecque venait tout juste de publier la biographie de Jean-Luc Godard qui fût rééditée en avril dernier dans une version augmentée. Il évoque le retour de Godard "au coeur du cinéma" après "douze années d'exil", sous des auspices autobiographiques "très cryptées". Il raconte le tournage difficile d'un cinéaste qui voulait avant tout secouer son équipe et filmer le malaise, et l'accueil catastrophique pendant le Festival de Cannes 1980 où il sera directement invectivé et insulté.

JLG / NB (17 min)
Nathalie Baye évoque Jean-Luc Godard avec admiration, tendresse et reconnaissance, encore très fière d'avoir tourné Sauve qui peut (la vie). Elle parle d'un tournage aux codes différents, de la manière particulière qu'a le cinéaste de diriger les acteurs par des mouvements plus que par la psychologie ("souvent bien encombrante et bien inutile") afin de les dépouiller de leur artifices. Elle a appris avec lui "la disponibilité", l'importance d'"être là", et a compris sa démarche d'artiste, admirant par exemple la façon dont il a transformé au montage un moment de violence en scène d'amour, et avouant qu'un acteur "ne peut pas être mauvais avec Godard". Elle se souvient également du "brouhaha cannois très particulier" lorsque le film a été présenté au public pour la première fois.

JLG / RB (10 min)
Renato Berta, l'un des deux directeurs de la photographie de Sauve qui peut (la vie), revient sur sa collaboration avec Jean-Luc Godard, orfèvre du montage à l'"oeil phénoménal" qui tiendrait davantage du musicien. Il se rappelle des "moments de grâce" d'un tournage à l'ambiance très électrique que le réalisateur entretenait pour motiver son travail, et évoque un personnage atypique qui travaillait uniquement à l'inspiration, au caractère agressif et insupportable, ou touchant et triste selon les moments.

JLG / IH (13 min)
Avec son habituelle finesse d'analyse, Isabelle Huppert évoque le tournage de Sauve qui peut (la vie), "deuxième premier film" de Jean-Luc Godard, se rappelant d’un travail "très concret" et pas du tout improvisé "alors que son cinéma donne l'illusion du contraire". Comme Nathalie Baye, Isabelle Huppert ne lui a pas opposé de résistance dans le travail, acceptant de vivre "un moment privilégié" avec "parfois des éclairs, parfois de l’obscurité mais pas de souffrance". Pour elle, Godard voit à travers et au-delà des acteurs, les filmant en même temps que leurs histoires personnelles, à des moments précis de leurs vies. Elle se souvient que Godard la dirigeait par bribes d’informations pour obtenir une succession de moments davantage qu’un univers qu’elle devait fabriquer dans son imaginaire. Elle évoque brièvement le tournage de Passion, qui a suivi celui de Sauve qui peut (la vie), où l’ambiance était plus difficile parce que Godard avait plus de mal à "accoucher du projet".

JLG / GY (6 min)
Un entretien trop bref avec le compositeur Gabriel Yared qui revient sur la "grande intensité" de Jean-Luc Godard et leur première rencontre, sa réaction d'abord braquée par sa demande d'orchestrer simplement une musique autour des notes d'Amilcare Ponchielli. Yared s'est finalement pris au jeu de la contrainte et a accepté le challege : "à partir d'une cellule, on peut créer un monde".

En savoir plus

Taille du Disque : 39 261 142 238 bytes
Taille du Film : 24 855 410 688 bytes
Durée : 1:27:53.000
Total Bitrate: 37,71 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,98 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34984 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 884 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 25,513 kbps
Subtitle: English / 23,230 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 12 juin 2023