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Test blu-ray
Image de la jaquette

Règlement de comptes

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 26 novembre 2014

Image

C'est une très bonne pioche pour Wild Side. Si dans un passé récent l'éditeur a eu moins de chance avec certains titres Sony, aux masters HD vieillissants, ce Blu-ray de Règlement de comptes, qui sort en France plus de deux ans après les USA (chez Twilight Time), est une totale réussite. Le rendu est simplement magnifique : copie immaculée, image stabilisée, contrastes solides, définition et niveau de détail excellents, présence soignée et abondante du "grain cinéma". Que demander de plus ? C'est une restauration très sérieuse (probablement en 2K, au minimum) soutenue par une compression invisible.




Notons que certains sous-titres (pendant le générique ou sur certaines unes de journaux par exemple) sont incrustés à-même l'image, contrairement aux sous-titres du film qui sont, eux, amovibles.

Son

La version originale est d'un très bon niveau également. Claire et nettoyée, sans saturation ou impuretés, elle est idéalement équilibrée entre musique, voix et ambiances. La version française d'époque s'en sort plutôt bien. Si le rendu manque cruellement d'ambiances, le son a suffisamment été nettoyé pour éviter souffle et saturations. Les amateurs apprécieront.

Suppléments

En complément du film, le Blu-ray propose la bande-annonce (1 min 39 - SD - 4/3 - VOST) ainsi que des entretiens avec Martin Scorsese (6 min - SD) et Michael Mann (11 min - SD). Les deux grands cinéastes américains analysent chacun à leur manière le classique de Fritz Lang pour donner des pistes de réflexions assez complémentaires. Pour Scorsese, Règlement de comptes illustre « la notion obsessionnelle et dévorante de l'esprit de vengeance », judicieusement associé à Glenn Ford, acteur jusque-là essentiellement marqué par la comédie (musicale). Alors que Michael Mann ressent l'apport formel du cinéma européen et des origines expressionnistes de Lang (influences du film noir), Scorsese souligne la platitude esthétique de ses film américains dans les années 50 qui ne donnent aucune signification particulière aux émotions des personnages, nous plaçant ainsi dans la position « d'observateurs objectifs ». Il insiste sur le sens marqué du destin : « Il se passe quelque chose de choquant, qui sort de l'ordinaire, et c'est suivi par une autre horreur soigneusement planifiée. » Le film est aussi un reflet de son époque avec la vision d'une femme émancipée, sur le chemin de l'égalité avec les hommes, et l'illustration de la puissance économique de l'Amérique d'après-guerre (l'opulence dans laquelle évoluent les personnages). Michael Mann et Martin Scorsese reviennent sur le choc qu'ont dû éprouver les spectateurs de 1952 (« du jamais vu au cinéma ») avec ce film qui montre « la sinistre réalité de l'existence » et les traces encore palpables de la Seconde Guerre mondiale, époque d'une vaste prise de conscience de la dureté d'un monde sans absolu. Et comme le disait Fritz Lang : « L'horreur tenait beaucoup de la souffrance... » 

Règlement de comptes, également disponible sur support DVD (au contenu identique au Blu-ray), est sorti dans une collection qui associe le film à un livre. Ainsi, après La Rivière rouge écrit par Philippe Garnier, Lord Jim raconté par Patrick Brion ou, récemment, Fat City revu par Samuel Blumenfield, le film de Fritz Lang se voit associé à un texte de Jean Douchet, richement illustré de photos d'exploitation ou de tournage et de matériel promotionnel. Le cinéaste-critique-historien-enseignant propose une mise en relief des thèmes du film à travers une analyse très approfondie de certaines séquences. Spécialiste de l'exercice, Douchet a composé un livre qui rappellera, à ceux qui connaîtraient moins le personnage, les suppléments de certains DVD auxquels il participe régulièrement pour l'éditeur Carlotta. On retrouve d'ailleurs comme point commun à ses modules vidéo ce souci de la composition de l'image, l'importance des lignes de fuite qui coupent le cadre, tracent des axes, conduisent le spectateur et, donc, font sens. Cela nous amène d'ailleurs au seul bémol que nous aurons à formuler sur le livre : on aurait aimé que ces démonstrations soient directement illustrées par des photogrammes des scènes précisément citées, avec pourquoi pas l'ajout de lignes, diagonales, flèches, etc. Car le seul texte ne suffit pas à bien visualiser et intégrer l'analyse, ce que Douchet avait compris, lui qui suggère au lecteur de parcourir son livre en visionnant le DVD.

L'ensemble est passionnant, pour peu que l'on fasse l'effort. Car le texte de Jean Douchet est exigeant, en tout cas plus dense que les précédents ouvrages de la collection, et surtout révélateur de ce que peut être le cinéma, au-delà d'une "simple" histoire : une succession de codes, de clés, de significations cachées. Douchet, en décortiquant un dispositif de mise en scène complexe, rationalise le processus de communication que le réalisateur noue avec le spectateur ; raconte comment Lang montre visuellement la psychologique et les états d'esprits, en fragilisant le moins possible le réalisme ; rappelle certaines figures récurrentes du cinéma langien (le miroir) ; revient sur le rythme resserré qui condense l'action ; montre que Fritz Lang ridiculise certains clichés hollywoodiens (comme le happy end kiss) ; ou rappelle des obsessions qui parsèment toute sa filmographie (l'innocence coupable, la dramaturgie des points de vue et leurs manipulations, l'importance du téléphone - un conducteur d'action utilisé comme une arme). A travers une violence intime irrésistible, Fritz Lang pose un regard critique sur les dérives de la démocratie américaine, dénonçant la suprématie masculine dans une société réduite au seul rapport de force entre dominant et dominé. Un complément très intéressant qui, s'il évite majoritairement le délire d'interprétation, s'essaie à des théories ou des rapprochements qui pourront parfois paraître hasardeux, voire un peu fragiles pour certains.

En savoir plus

Taille du Disque : 24 914 337 224 bytes
Taille du Film : 23 505 297 408 bytes
Durée : 1:29:46.881
Bitrate Vidéo Moyen : 28,90 Mbps
Total Bitrate: 34,91 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 28900 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Main Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2017 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2022 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Par Stéphane Beauchet - le 26 novembre 2014