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Test blu-ray
Image de la jaquette

Pulsions

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 21 novembre 2012

Image

Pulsions, comme de nombreux films des années 70 et du début des années 80, possède une photographie très typique de son époque, très douce et diffuse, obtenue notamment via un usage quasi permanent de filtres. Restituer ce genre d’image sur un transfert digital est toujours un exercice assez casse-gueule. Et le transfert proposé par Carlotta s’en sort relativement bien, offrant un rendu fidèle... mais qui n’impressionnera pas le profane. En effet, compte tenu des choix artistiques évoqués précédemment, le piqué n’éblouira personne. Mais c’est le contraire qui aurait été malvenu. Pulsions en Blu-ray ressemble à Pulsions en salles et c’est bien l’essentiel. Et surtout, Pulsions est cette fois-ci non censuré ! Oublié, donc, le scandaleux DVD zone 2 édité par MGM.

Le matériau utilisé est le même que celui retenu pour le Blu-ray américain de MGM. Cependant, on notera quelques petites différences de traitement. L’image de l’édition Carlotta, chroniquée ici, apparaît légèrement plus "brute" que celle du disque MGM : quelques points blancs et autres griffures sont toujours apparents, alors que l’édition MGM semble avoir subi un subtil nettoyage, supprimant ces quelques artefacts sans affecter les qualités intrinsèques du master. Enfin, et c’est là que les plus pointilleux râleront, l’encodage du disque Carlotta semble légèrement moins optimal que celui de son homologue américain. En effet, lors de certaines séquences (en particulier lors des deux scènes de douche, copieusement chargées de vapeur, donc toujours difficile à encoder), la compression semble s’affoler du côté de Carlotta, alors qu’elle se tient mieux chez MGM.

Son

Carlotta a le bon goût de nous proposer le mixage mono d’origine en version originale, alors que celui-ci était absent de l’édition US. La piste est très claire, parfaitement équilibrée. Elle se marie parfaitement avec le rendu très fidèle de l’image, c’est un régal pour le puriste. La piste française, en mono d’époque, est également de très bonne qualité. L’inévitable remix 5.1 est également proposé en version originale. La spatialisation est discrète et c’est également une très bonne piste, qui réussit notamment à ne pas dénaturer la superbe partition de Pino Donaggio.

Suppléments

L'ensemble des suppléments présents dans les éditions DVD et Blu-ray de Pulsions a été créé par l'éditeur en association avec une compagnie allemande. Ainsi les quatre documentaires (consacrés à George Litto, Angie Dickinson, Nancy Allen et Keith Gordon) sont produits par Carlotta Films (Paris) et Fiction Factory (Munich). Il est seulement dommage que cette nouvelle édition ne comporte pas le making of de 44 minutes réalisé en 2001 par Laurent Bouzereau (on imagine que la raison en est une question de droits, ou bien une volonté de l'éditeur de s'afficher comme totalement indépendant en proposant des suppléments entièrement inédits). Cela dit, de nombreuses informations présentes dans le making of américain se retrouvent disséminées dans les entretiens suivants.

Préface de Samuel Blumenfeld (8 min - 16/9 - DD mono 2.0 - HD)
L'introduction à Pulsions a été confiée à Samuel Blumenfeld, journaliste, critique de cinéma et également co-auteur avec Laurent Vachaud de l'indispensable Brian De Palma - Entretiens paru en septembre 2001. Blumenfeld évoque la genèse du film alors que la carrière de Brian De Palma est en plein essor après deux grands succès (Carrie et Furie), l'importance du casting (Angie Dickinson et Michael Caine) et fait bien de rappeler que Pulsions contient bon nombre d'éléments autobiographiques (la drague dans les musées, la session de psychanalyse, l'adolescent nerd) qui démontrent que ce nouveau thriller est un projet bien plus personnel qu'il n'y paraît.

Symphonie de la peur (17 mn - 16/9 - DD mono 2.0 - VOST - HD)
Ce documentaire est consacré au producteur George Litto. Dans cet entretien, ce dernier revient sur son passé d'agent artistique, sa rencontre avec Brian De Palma et principalement, bien entendu, sur la genèse et la fabrication de Pulsions : la production avec Samuel Z. Arkoff d'AIP, le tournage avec de nombreuses anecdotes (la scène de la douche, l'organisation pour filmer dans un musée, etc.) les méthodes de travail du cinéaste. Litto, particulièrement fier des films qu'il a produits, nous fait part de sa conception du PulsionsUne symphonie de la peur et de l'horreur ») et aborde la censure à laquelle De Palma et lui-même ont dû légèrement se plier. Il en ressort de cette interview un portrait en creux très sympathique de George Litto, qui apparaît comme un être chaleureux, débrouillard, drôle et très communicatif.

La femme en blanc (28 min 39 - 16/9 - DD mono 2.0 - VOST - HD)
L'actrice Angie Dickinson (82 ans aujourd'hui) est à son tour questionnée sur Pulsions, un film qu'elle chérit tout particulièrement. Avec beaucoup d'humour, une certaine distance et un brin de naïveté, elle revient sur l'aventure du tournage : la rencontre avec De Palma, sa réaction devant sa célèbre scène de la douche (qui a nécessité une doublure pour les gros plans osés), sa relation avec les autres comédiens (le facétieux mais très généreux Michael Caine, Nancy Allen et Keith Gordon), la séquence du musée puis la scène de sexe dans le taxi avec ses contraintes techniques, le plan séquence de la chambre, la scène de l'ascenseur avec ses trucages (tournée à la fois dans un immeuble et en studio), sa mort frappante à l'écran. Elle évoque aussi le style de Brian De Palma, son investissement, et précise que c'est elle-même qui a choisi d'être vêtue en blanc pour l'occasion. Pour Angie Dickinson, le rôle de Kate Miller restera sa meilleure performance et c'est non sans avec une réelle tendresse que l'on regarde parler cette femme âgée souriante, celle qui fut la jolie et pimpante Feathers de Rio Bravo, la forte Ruby Calder de La Poursuite impitoyable et Chris, la femme fatale du Point de non retour...

La femme en violet (22 min - 16/9 - DD mono 2.0 - HD)
Nancy Allen participe également à l'évocation des souvenirs de tournage du film. Etant alors l'épouse de Brian De Palma, elle a assisté de près à l'écriture et à l'élaboration de Pulsions. La comédienne raconte sa rencontre avec De Palma sur Carrie, leur étroite collaboration, évoque le style du cinéaste (et la comparaison évoquée avec le cinéma de Dario Argento), sa relation à son personnage de prostituée, l'importance de la costumière Anne Roth, sa relation de travail avec Keith Gordon. Différentes séquences fortes du femmes sont abordées, avec son propre point de vue d'actrice et de femme du cinéaste (notamment la séquences de l'ascenseur, la scène où elle effectue un strip-tease, son cauchemar sanglant). Elle aborde enfin le fond du film, la censure, les polémiques et la violence faite aux femmes. A 62 ans, l'actrice semble avoir gardé la fraîcheur, la vivacité et la liberté d'esprit de ses jeunes années de comédienne, ce qui n'est sûrement pas pour nous déplaire.

Une leçon de cinéma (29 min 30 - 16/9 - DD mono 2.0 - HD)
L'interview de Keith Gordon clôt cette section des suppléments. C'est ici, avec l'acteur devenu réalisateur, que l'on approchera au plus près de l'analyse du film. Pour Gordon, Pulsions marque une date dans le cinéma mainstream pour avoir repoussé les limites de la violence à l'écran. Il s'est intéressé à la mise en scène pendant le tournage (après avoir déjà noué une bonne relation avec Brian De Palma sur Home Movies, leur première collaboration l'année précédente). Gordon se plaît à analyser le style du cinéaste, évoque sa méticulosité (De Palma avait le montage dans sa tête), sa préparation précise mais aussi la liberté qu'il pouvait laisser aux acteurs en dehors des scènes d'action et de suspense ; pour lui, chaque scène est abordée par De Palma comme un film à part entière (sa vision de la scène inaugurale de la douche est celle d'un fantasme onirique). Sa collaboration avec les autres comédiens est aussi évoquée mais l'on sent que Keith Gordon a beaucoup plus de choses à dire sur Brian De Palma et son cinéma. Au sujet de Pulsions, il réfute la supposée misogynie du film et défend le style original du cinéaste face à l'inévitable influence hitchcockienne. Supplément le plus instructif de cette édition, Une leçon de cinéma nous permet de revoir et d'écouter avec plaisir un artiste très sympathique qui poursuit son petit bonhomme de chemin à Hollywood entre films indépendants (Le Fantôme de Sarah Williams, The Singing Detective) et séries télés (Dexter, The Killing).

Pulsions en trois versions (5 mn - 4/3 - D mono 2.0 - HD)
Au moyen de plusieurs extraits de films, ce module très intéressant effectue un comparatif entre plusieurs versions du film concernant quelques séquences clés : la scène de la douche (le cadre est coupé en deux pour visualiser les différences entre la version intégrale - unrated - et la version censurée - rated - puis la version pour la télévision en plein cadre), la scène de l'ascenseur et celle du cauchemar de Nancy Allen avec les mêmes procédés de comparaison. Sont expurgés des version coupées (et surtout des versions télés) les quelques plans gore et les plans du pubis sous la douche... Enfin nous sont montrés quelques bouts de dialogues coupés de la version censurée.

Bande-annonce (2 min - 16/9 - DD mono 2.0 - HD)
Le film-annonce de Pulsions est relativement en bon état, malgré quelques points blancs et autre saletés, et ce même s'il présente un grain vidéo assez prononcé.

Par Francis Trento (technique) et Ronny Chester (bonus) - le 15 décembre 2012