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Test blu-ray
Image de la jaquette

Phase IV

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 17 juin 2020

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Avec Criterion, l'éditeur américain Olive fut pendant longtemps l'un des rares indépendants à proposer des films du catalogue Paramount en Blu-ray. Depuis quelques mois, on voit fleurir en France certains titres Paramount ici ou là, chez Sidonis ou ESC par exemple, preuve que les droits finissent par peu à peu se libérer. Un nouvelle réjouissante mais parfois tempérée par un matériel de qualité plus ou moins décevante, le studio n'étant pas le plus motivé dans la restauration de son catalogue - c'est un peu en train de changer grâce à la généralisation du standard 4K et les Blu-ray UHD. Phase IV avait été proposé en Blu-ray en 2015, chez Olive donc, mais dans une qualité un peu moyenne, identique à ce que reprend Carlotta aujourd'hui. L'image HD apparaît plutôt ancienne, issu du même master ayant servi au DVD américain sorti chez Legend Films en 2008. La définition est peu aiguisée et le rendu globalement doux et épais. A y regarder de plus près, on constate toutefois que la texture fluctue en fonction des plans ou des séquences, des conditions de tournage et des éléments utilisés : la qualité du grain et du piqué apparaîtra, par exemple, plus fin durant les séquences avec les fourmis. On retrouve heureusement de manière assez palpable le rendu photochimique original, sans atténuation de la granulation ou tripatouillage numérique disgracieux. Si le contraste poussé, la stabilité et la grande propreté sont plutôt satisfaisants, la faiblesse technique du probable télécinéma se repère, en revanche, dans sa nette limitation de détails dans les hautes lumières (capture #5), l'apparition d'un léger écho sur certains titrages (capture #8) ou la colorimétrie peu saturée, terne et assez pauvre en nuances.

Curieusement, la fin originale présentée dans les suppléments n'est pas issue du même master. Restaurée plus récemment, elle est d'une qualité pas encore parfaite mais bien supérieure, avec une texture plus fine et des différences d'étalonnage parfois assez nettes. Quand un ayant-droit fait un peu n'importe quoi en bloquant visiblement l'accès au meilleur matériel...

comparatif film / supplément :   1  2  3  4  5  6  7  8

Son

La bande-son apparaît minimaliste mais efficace et de bonne facture, entièrement nettoyée des scratches ou impuretés. En version originale, les voix sont claires, sans sifflantes. Un léger souffle se fait entendre, qui disparaît en VF au profit d'un infime bourdonnement et d'un spectre un peu plus couvert.

Suppléments

Carlotta fête dignement le centenaire de la naissance de Saul Bass en lui consacrant un (déjà !) 15e coffret "Ultra Collector", qui porte très bien son nom, avec un visuel au cachet 70's signé par l'américain Scott Saslow. L'éditeur s'est particulièrement surpassé pour la sortie de Phase IV, en commençant par le traditionnel ouvrage accompagnant le DVD et le Blu-ray, un livre inédit de 200 pages entièrement consacré à la création du film. Docteur en études cinématographiques et essayiste (il est, par exemple, l'auteur du remarqué Samuel Fuller - Jusqu'à l'épuisement en 2017), Frank Lafond s'est notamment entretenu avec le co-scénariste Mayo Simon et a surtout pu consulter les archives de Saul Bass, aux Etats-Unis. A partir de ces précieux documents de travail, mémos, lettres, notes ou multiples versions du scénario, Phase IV, éclipse de l'humanité décortique les tâtonnements d'un artiste "attentif aux formes et à leurs échos", ses recherches pour conceptualiser l'histoire et se passer des dialogues, précise les multiples changements rencontrés en cours de route, comme les évolutions des personnages jusqu'au résultat final. Le livre est un focus éclairant sur le tournage, éparpillé entre l'Angleterre (pour l'intérieur du laboratoire), le Kenya (pour les extérieurs) et le sous-sol de la maison du réalisateur animalier Ken Middleham, à Los Angeles, dont la patience et le formidable travail permirent de mettre en images "la précision démoniaque" de Saul Bass dans ces incroyables plans du monde des fourmis, qui font des insectes de véritables personnages. Le livre raconte également les dissensions avec la Paramount et explique les complications survenues avec la fin originale, "un film dans le film" à la forme avant-gardiste qui sera sacrifié au jugement lapidaire des projections-test, le studio abandonnant peu à peu le film à une campagne de promotion maladroite et une sortie bâclée. Un livre très complet, agrémenté de nombreuses photos d'archives en noir et blanc, mais avec toutefois un infime bémol concernant les illustrations : si on comprend aisément l'absence de reproduction des documents de travail sur lesquels se base le livre, pages de scénarios, notes et croquis dont l'utilisation aurait sans doute compliqué la gestion des droits et fait exploser le budget, certaines descriptions du livre auraient sans doute gagné en lisibilité si elles avaient pu être directement illustrées avec des images du film, incluses dans le texte ou des pages voisines...

En plus du livre, Carlotta propose de très nombreux suppléments, un contenu presque identique à l'édition 101 Films sortie en Angleterre il y a quelques semaines à peine :


Une vie de fourmi (22 min - 1080p - VOSTF)
Produit pour 101 Films, ce court module permet au critique Jasper Sharp et au réalisateur Sean Hogan de livrer une intéressante analyse de Phase IV. Ils évoquent d'abord l'inspiration des films à base scientifique, comme Le Mystère Andromède ou la vague des monstres des années 50 tournés en réaction au danger nucléaire, une peur qui s'est depuis transformée en conscience grandissante des questions environnementales. Phase IV aborde les thèmes de "l'horreur cosmique", ses interrogations sur notre place dans l'univers, et use d'"une métaphore très efficace" où, par la force de l'intelligence collective, les fourmis sont présentées comme "antithèse des humains". Ils reviennent également sur le travail visuel de Saul Bass et les similitudes avec 2001 : l'Odyssée de l'espace ou le faux documentaire Des insectes et des hommes. Ils parlent enfin de l'échec de Phase IV à sa sortie, film trop sophistiqué pour le public de son temps, davantage attiré par les facilités télévisuelles...


Fin originale de Saul Bass (18 min - 1080p - VOSTF)
Carlotta propose un montage longtemps considéré comme perdu mais retrouvé en 2012 à l'Academy Film Archive. Il s'agit des vingt dernières minutes du film dans une version rallongée (générique de fin compris). La mort de Kendra est plus développée et surtout on découvre sur près de 5 minutes supplémentaires des visions poétiques du futur, un puzzle visuel débridé qui n'est pas sans rappeler le trip final de 2001 : l'Odyssée de l'espace. Le livre de Frank Lafond raconte d'ailleurs pourquoi cette proposition de fin tout à fait cohérente (et aux effets spéciaux finalisés, Bass l'ayant reconstituée et même enrichie bien après la sortie du film) a été supprimée au profit d'un montage raccourci, suite aux mauvais retours des premiers spectateurs.

Cette édition "Ultra Collector" est plus largement un très bel hommage à Saul Bass puisque Carlotta présente ici la quasi-intégralité de ses oeuvres en tant que réalisateur : son long-métrage Phase IV mais également six court-métrages, édités pour la première fois en France, présentés dans la meilleure qualité disponible (souvent de vieux masters analogiques) et en VOSTF. Seul manque From Here to There, réalisé en 1964.


The Searching eye (1964 - 18 min - SD - 4/3 - upscalé en 1080i)
Conçu pour la Foire Internationale de New York en 1964, un kaléidoscope d'images sur "l'oeil scrutateur", outil du savoir et de l'imagination, témoin des formes d'une Nature riche et luxuriante, à la beauté parfois complexe, dont certaines images seront reprises ou développées dans le final de Phase IV. Ce court-métrage est une promotion indirecte pour la société Eastman Kodak qui avait financé le film, avec déjà cette notion que l'homme n'est qu'un infime grain de sable dans l'univers...


Why Man Creates (1968 - 25 min - SD - 4/3 - upscalé en 1080i)
Ce court-métrage oscarisé, produit par une société d'aluminium et de produits chimiques, marque la première collaboration de Saul Bass avec Mayo Simon, futur co-scénariste de Phase IV. Animations et prises de vues réelles se mélangent dans un "essai protéiforme" sur l'indispensable qualité de l'Homme à chercher et inventer, dans les sciences ou les Arts, et ainsi modifier notre perspective du monde et de la société, pour le pire et surtout le meilleur...



Bass on Titles (1977 - 34 min - SD - 4/3 upscalé en 1080i)
L'"inventeur du générique moderne" commente certains de ses travaux, basés au départ sur "des idées simples et directes" qu'il a ensuite améliorées pour intégrer directement le processus narratif du film. Un condensé foisonnant du travail d'un créateur qui se considère avant tout cinéaste, un résumé que les plus curieux pourront approfondir avec l'un des suppléments de l'édition Carlotta de Bonjour tristesse, consacré à ses logos.


Notes on the Popular Arts (1977 - 21 min - SD - 4/3 - upscalé en 1080i)
Dans un registre plus inattendu, une série de vignettes humoristiques qui illustrent le pouvoir de l'imagination et du rêve dans des formes d'arts populaires comme la télévision, la musique, les comics et la littérature ou le cinéma. Décalé et amusant.


The Solar Film (1980 - 10 min - SD - 4/3 - upscalé en 1080i)
Dans une tendance écologique encore plus affirmée, ce film co-réalisé avec sa femme Elaine fait la promotion de l'énergie solaire, force naturelle et rassurante, délaissée au profit des énergies fossiles et une inévitable dépendance économique. Un court-métrage produit sous l'impulsion de Robert Redford et projeté dans les salles en première partie du Cavalier électrique de Sydney Pollack.



Quest (1983 - 30 min - 1080p)
Egalement co-réalisé avec sa femme Elaine, cette fiction fantastique écrite par Ray Bradbury (et produite par une secte japonaise) raconte la course contre le temps d'un "Elu" pour sauver sa civilisation, dans un parcours semé d'embûches. Quelques images rappellent le final de Phase IV.

Le coffret se conclue par la bande-annonce originale (2 min 45 - SD upscalé en 1080p - VOSTF) qui contient quelques plans de la fin coupée.

En savoir plus

Taille du Disque : 49 377 828 568 bytes
Taille du Film : 24 543 501 504 bytes
Durée : 1:23:26.084
Total Bitrate: 39,22 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 35,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 35006 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1117 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1071 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 18,910 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 11 juin 2020