Meurtres ? - Le Voyage du père

La collection Gaumont Découverte s'est intéressée récemment à Fernandel, en proposant un joli doublé de films méconnus, tombés dans l'escarcelle de la firme à la marguerite lors de l'achat du catalogue Roissy Films en 2019.

Meurtres ? a bénéficié d'une très belle restauration, à propos de laquelle nous n'avons pas plus d'informations. Elle a visiblement été effectuée à partir du négatif original, complété par au moins deux sources différentes (à deux occasions, et sur des durées n'excédant pas 45 secondes). Ce qui est certains, c'est qu'elle bénéficie d'un très beau scan, si solide qu'il pourrait être en 4K. L'image est en effet d'une très belle finesse, bien détaillée, profondément nettoyée et complètement stabilisée. Les contrastes sont particulièrement bien ajustés, les noirs conservent à la fois de la densité et du détail, la palette de gris est très nuancée. Un très beau transfert.

Celui du Voyage du père, s'il apparaît moins clinquant au premier abord, n'en est pas moins proposé dans une qualité très honorable. La restauration ressemble au mieux à un modeste 2K (peut-être à cause de l'élément utilisé, limité comme un interpositif ?). La définition est honnête, le niveau de détail sans doute un peu doux. La colorimétrie reste fidèle à une patine argentique d'époque, plutôt neutre et sans éclat, mais avec nuances, et sans trop sacrifier aux tonalités magenta (même si les visages sont souvent rosés et que certaines tonalités soi-disant grisonnantes trahissent en fait une très légère modification de dominante). Les contrastes sont équilibrés, peu denses comme en projection. La copie a été entièrement nettoyée, et n'a pas été stabilisée numériquement (il reste quelques légers décalages ponctuels). Avec deux films et un bonus conséquent proposés sur un seul disque, on notera que le challenge de l'encodage est réussi puisqu'il n'y a aucun souci à signaler.

La piste audio de Meurtres ? est un peu particulière à l'écoute, avec une déséquilibrage prononcé du spectre qui privilégie les mediums (très affirmés) au détriment des basses fréquences - à l'exception d'une scène en voiture (à 1h35min), ce qui prouverait qu'il s'agit avant tout des conséquences du matériel utilisé au tournage et non d'un souci de signal altéré sur la pellicule. Les voix manquent un peu de naturel (surtout de "coffre") tandis qu'on note la présence d'un bourdonnement permanent en arrière-plan. Le niveau de détail est correct, la piste a été assez bien nettoyée (malgré les filtrages possibles, pas forcément maladroits mais en tout cas audibles).

L'écoute du Voyage du père paraît plus équilibrée, malgré un léger souffle audible en permanence en arrière-plan (seul véritable défaut de la piste audio). La présence plus marquée des basses fréquences accentue l'impression d'un bon rendu des voix, ajouté à un niveau de détail correct. On notera une petite tendance aux sifflantes, avec également quelques saturations.

Présentation des films (3min - HD)
Sylvain Perret, de l'équipe de Gaumont vidéo, grâce à qui sont proposés ces "inclassables", présente ces deux films "atypiques, plus sombres" dans la carrière de Fernandel, grande star du comique aujourd'hui un peu délaissée. Pour Meurtres ? que l'acteur estimait "peut-être l'un des plus importants de sa carrière", Sylvain Perret résume le parcours de Richard Pottier. Pour Le Voyage du père, il note la façon dont Lyon est montrée comme une ville crasseuse et sombre, loin d'une image d'Épinal.

Les films durs de Fernandel (47 min - HD)
Gaumont soigne ses éditions, même pour des œuvres plus méconnues, proposant ici un long entretien avec l’historien du cinéma Sébastien Le Pajolec. Son érudition et la pertinence des propos offrent une formidable analyse de l’art de Fernandel, "le plus grand acteur comique de sa génération", "roi du box-office" dont la carrière restera "au firmament" jusqu’aux années 60. Sébastien Le Pajolec décrypte la "formule gagnante" d’un acteur qui sortait rarement du registre qui avait fait son succès, qui creusait le sillon d’une "identité de cinéma" mais avait finalement souhaité montrer une autre facette, plus sérieuse, de son talent, dont Meurtres ? est un exemple réussi. Derrière le mélodrame moderne sur l’euthanasie, le film est analysé comme une "critique très acide de la bourgeoisie urbaine", un récit d’une très violente misogynie malgré le portrait d’une émancipation féminine. Dans une composition "toujours tenue", Fernandel déploie une maîtrise de ses effets et la volonté de conserver une image positive dans "une idéalisation assez typique" (un cadre provençal imposé). Le Voyage du père, pensé pour Jean Gabin, avec "un équipage atypique" (Laurent Terzieff), offre un imaginaire profondément réactionnaire sur le danger de la modernité, où Fernandel "ploie sous la honte" mais manque de dureté - contrairement au héros d'un fameux film américain des années 70 qui partage de nombreux points communs... dont nous vous laissons deviner le titre ! Le Voyage du père montre la peinture d’"un Lyon fatigué" et à la fois moderne, "presque américanisé", et surtout un temps de cinéma sur le point d’être remplacé. Un excellent supplément.

Meurtres ?

Taille du Disque : 45 633 000 974 bytes
Taille du Film : 22 194 462 720 bytes
Durée : 1:49:22.958
Total Bitrate: 27,05 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24991 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 719 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit / DN -2dB)
Subtitle: French / 41,255 kbps

Le voyage du père

Taille du Disque : 45 633 000 974 bytes
Taille du Film : 17 153 150 976 bytes
Durée : 1:24:53.000
Total Bitrate: 26,94 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,98 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24984 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 638 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 28,373 kbps