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Test blu-ray
Image de la jaquette

Manhunter

BLU-RAY - Région B
ESC Editions
Parution : 5 décembre 2017

Image

Manhunter est enfin arrivé en France en Blu-ray grâce à ESC et sa collection Cult' Edition. Il s'agit du montage international restauré en 2009 pour la sortie en Blu-ray chez MGM, aux Etats-Unis (repris par ESC avec un léger changement de dominante), et réédité il y a deux ans chez Shout! Factory. Si le film n'a donc pas été restauré depuis presque dix ans, il faut avouer que le résultat tient encore très bien la route. Il n'y a évidemment pas autant de subtilités que pour une restauration 4K actuelle mais l'image reste encore assez précise, avec une bonne définition, un trait plutôt fin, un niveau de détail très correct, des contrastes maîtrisés et une colorimétrie satisfaisante, malgré une saturation sans doute limitée. Excepté quelques secondes (durant la première entrevue avec Lektor) où apparaît une rayure verticale de manière insistante, la copie est plutôt très propre (il reste quelques rares points blancs, épars et discrets). L'ensemble est accompagné d'un grain bien présent et non filtré, soutenu par un encodage solide et invisible.

comparatif DVD MGM (2003) vs. BR ESC (2017)1   2    3    4

Manhunter est également présenté dans un director's cut pour la première fois en France. Approuvée par Michael Mann (à l'époque de sa première sortie en vidéo, en 2001 chez Anchor Bay, aux Etats-Unis), cette version alterne remontages de séquences existantes et scènes inédites. Rien de révolutionnaire au final, malgré quelques moments typiquement manniens, mais les puristes seront aux anges. L'image varie d'une bonne qualité HD (identique au Blu-ray 1) à des segments issus d'un master SD (en DVD) ou de bandes vidéos de qualité très moyenne (cf. les dernières captures de la galerie d'images).

Son

Pour son montage cinéma, le film est proposé en version originale dans un mixage 5.1 de bonne facture, au son très propre et aux dialogues clairs. La spatialisation est assez sage mais efficace, on notera que la musique est un peu sur-modulée par rapport au niveau général, aux voix en particulier. La version française est en mono, avec un rendu logiquement plus modeste, plus étriqué : la musique est beaucoup moins mise en valeur et, si l'ensemble reste propre, sans souffle apparent, avec des sifflantes assez proches, on relève régulièrement une légère saturation. Le Director's cut n'est proposé qu'en version originale stéréo. Un bon rendu, propre, clair, sans souffle, et mieux équilibré par rapport à la musique.

Suppléments

Manhunter est accompagné de Michael Mann, des crimes dans la tête, un livre de 150 pages signé Marc Toullec, ancien rédacteur en chef au magazine Mad Movies et contributeur régulier d'ESC ou Movinside. Après un rapide résumé de ses débuts de carrière et de son fructueux parcours télévisuel (scénariste, showrunner), Marc Toullec a choisi d'aborder la filmographie du réalisateur film par film, à raison d'une bonne dizaine de pages pour chacun, soigneusement et abondamment illustrées. On y apprend longuement sur sa façon d'aborder l'écriture, décrire des univers avec une vision presque anthropologique. Cet "obsédé de travail", comme le décrit James Caan, est généralement conseillé par des policiers, des truands, etc, pendant une très longue préparation où il pousse ses équipes à l'immersion. Il y a quelques films plus difficiles, comme La Forteresse noire qui le met à l'épreuve du système des studios, et d'autres où il peut utiliser des techniques avant-gardistes, comme sur le tournage en numérique de Collateral qui lui a enfin permis de "s'approprier la nuit, puis la sculpter à loisir."

Blu-ray 1

Les Blu-ray français reprennent une partie des suppléments de l'édition américaine Shout! Factory, sortie en 2016, en oubliant malheureusement le commentaire audio du réalisateur. Si Michael Mann sera donc absent des suppléments, ESC a conservé les entretiens avec des membres de l'équipe, témoignages souvent intéressants mais vraiment redondants quand on les visionne à la suite (les questions posées semblent être souvent les mêmes...). Un défaut typique des éditions américaines qui préfèrent une longue liste de suppléments (cela fait plus riche !) plutôt que croiser les interviews dans un seul et même module, un choix plus dynamique et efficace qui est souvent adopté dans les éditions françaises.

L'esprit tourmenté (19 min - 1080p)
William Petersen se souvient de Manhunter, choisi par Michael Mann contre l'avis de son producteur Dino de Laurentiis (qui, lui, souhaitait Paul Newman). Il parle de sa rencontre avec le réalisateur, du projet qui lui avait d'abord été soumis et qui ne se concrétisera que des années plus tard (Heat), de la préparation pour son rôle avec les équipes du FBI. Il revient sur la méticulosité de Michael Mann, illustrée par cette scène où apparait un ascenseur en arrière-plan, ou le souhait de Tom Noonan de ne pas le rencontrer avant leur scène commune afin de mieux rester dans son personnage (et impressionner Petersen le moment venu).

Séduire un assassin (16 min - 1080p)
Joan Allen parle du film, situé à un "moment charnière" de sa carrière, et se rappelle l'"énergie débordante" de Michael Mann, un réalisateur "très pointilleux", le tournage très physique de William Petersen (pour la scène finale) et se souvient avoir été très impressionnée par Tom Noonan. Elle raconte son personnage, la façon dont elle s'est préparée, pendant plusieurs semaines, dans une école pour aveugles. Elle évoque évidemment la fameuse scène du tigre, un privilège, et parle de sa rencontre, il y a quelques années, avec Quentin Tarantino, démesurément enthousiaste et "dithyrambique" sur le film.

Francis est parti à tout jamais (22 min - 1080p)
Un entretien avec l'acteur Tom Noonan, un personnage particulier, vous verrez, à la fois décalé et peu à l'aise en interview mais finalement assez bavard. Il se souvient de la production de Manhunter, un film qui compte beaucoup pour lui, précisant à demi-mot que c'était une décision de Michael Mann de l'isoler de l'équipe (et non venant de lui, comme le pensaient certains intervenants de ces suppléments). Il vante en tout cas le travail du réalisateur, regrettant de ne pas collaborer davantage avec lui, et raconte quelques anecdotes comme ce tatouage qui lui a été dessiné sur le corps pour finalement ne pas être retenu au montage (parce que cela desservait son personnage). Il revient, lui aussi, sur la scène du tigre ainsi que sur sa dernière scène dans le film, comment l'équipe l'a péniblement décollé du sol à cause du faux sang qui avait séché. Il parle de Brian Cox, acteur qu'il estime énormément (et qui le fait rire dans le film...) et avoue ne l'avoir rencontré qu'il y a quelques années à peine. Il parle enfin d'une scène coupée au montage (dans une station service), d'une autre non tournée (mais l'aurait-elle été avec un peu plus de budget ? Pas sûr...) et raconte sa mauvaise expérience lors d'une émission TV pour la promotion du film.

Dans l'oeil du cyclone (36 min - 1080p)
On quitte (enfin !) la sphère un peu classique des acteurs pour un entretien autrement plus intéressant et instructif sur le tournage du film et le travail du réalisateur. Le directeur de la photographie Dante Spinotti revient sur cette "expérience formidable" que fût Manhunter, l'un de ses premiers films. "C'était le rêve de faire du cinéma de cette façon", dira-t-il sans doute parce qu'il a rencontré un réalisateur au "langage filmique extrêmement dynamique." Il explique certains de ses choix photographiques, comment il a fait découvrir le bleu à Michael Mann, ou comment celui-ci utilisait décors et accessoires pour créer des ambiances. Dante Spinotti aura filmé les deux adaptations de Dragon Rouge au cinéma : il termine l'interview avec quelques anecdotes sur le remake réalisé par Brett Ratner en 2002, "complètement différent" mais avec les souvenirs encore impressionnants d'Anthony Hopkins.

La musique chez Michael Mann (28 min - 1080i)
ESC a spécialement produit plusieurs modules pour cette édition en optant (et c'est tant mieux) pour une approche plus analytique, plus approfondie, qui explique davantage les choix du réalisateur. Dans ce premier segment, les journalistes Christophe Geudin et Olivier Desbrosses (également fondateur du webzine UnderScores) décortiquent la façon dont Michael Mann utilise la musique, très importante dans son cinéma. Pour "guider l'émotion que le spectateur doit ressentir", le réalisateur a une méthode bien à lui, assez novatrice pour l'époque (contemporaine à la naissance d'MTV et du clip vidéo) : il "sculpte sa matière musicale" à partir d'une composition spécialement écrite pour le film et y ajoute, à des moments précis, des morceaux pré-écrits d'albums rock (à deux exceptions près, pour ses films d'époque) qu'il retravaille. Cela montre ses goûts très pointus (les chansons sont souvent très peu connues) et le soin apporté au choix des morceaux, notamment quand, sur Manhunter, les paroles collent souvent à l'intrigue (dommage, d'ailleurs sur ce point, qu'elles n'aient pas été sous-titrées pendant le film). C'est aussi le choix très moderne des musiques électroniques, des nappes de synthés atmosphériques qui laissent le spectateur se créer des images mentales et donnent "une voix à la jungle urbaine." Une bonne entrée en matière par rapport au complément suivant.

Blu-ray 2

La musique de Manhunter (43 min - 1080i)
On vient de vous expliquer le point de vue du réalisateur, voici maintenant celui des musiciens qui ont collaboré au film, compositeurs et membres de groupes rock. Ils reviennent sur l'"éthique de travail" de Michael Mann, sa précision et sa clairvoyance musicale : il ne s'est pas contenté d'apposer tel morceau sur une scène mais a compris les intentions originelles des compositeurs. Ce sont aussi des anecdotes de studio, comment les morceaux ont été écrits (par thèmes plutôt qu'en suivant précisément les images) ou retravaillés. Curieusement ce documentaire, produit pour l'édition américaine de Shout! Factory en 2016, est très silencieux, avec peu d'extraits illustratifs - et ils sont presque toujours muets. Un comble pour un module consacré à la musique, et peut-être une question de droits bloqués ?

ESC a produit deux autres suppléments maison en s'associant à un spécialiste français, le journaliste Axel Cadieu (So Film), auteur d'ouvrages sur le cinéma, dont L'horizon chez Michael Mann (éd. Playlist Society).

Analyse de 4 séquences (17 min - 1080p)
A la manière de ce qu'a pu faire Jean Douchet pour Carlotta, il y a quelques années, Cadieu se plie à l'exercice pour un résultat sans doute un peu froid dans la forme (malgré les efforts efficaces de montage) mais toujours très intéressant, développant les thèmes du trouble du héros qui se retrouve face à ses démons, la perte de repère accentuée par la mise en scène de Mann, la métaphore animale sur la psychologie des personnages, etc.


Entretien avec Axel Cadieu (27 min - 1080i)
Plus classique, ce module permet au critique de resituer Manhunter dans la filmographie de Michael Mann et de rappeler les nombreuses figures récurrentes de son oeuvre, comme ces personnages obsédés par leur travail au point d'en oublier le monde qui les entoure (et notamment la famille), ou ces héros opposés qui ont de nombreux points communs. Il rappelle les méthodes de travail, particulières, du réalisateur, ses longues préparations qui exigent une immersion totale de ses acteurs, et rappelle que Manhunter est précurseur d'un genre qui explosera dans les années 90. Sans doute un peu redondant avec le livre de Marc Toullec, mais agréable à suivre et riche en informations.

En savoir plus

version cinéma

Taille du Disque : 47 779 520 436 bytes
Taille du Film : 33 809 289 216 bytes
Length: 2:00:05.281
Total Bitrate: 37,54 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,98 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29980 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3874 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1592 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,938 kbps
Subtitle: French / 0,174 kbps

director's cut

Taille du Disque : 48 005 753 026 bytes
Taille du Film : 31 226 898 432 bytes
Durée : 2:04:10.734
Total Bitrate: 33,53 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29999 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1785 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 23,905 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 19 février 2018