Test blu-ray
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Les Anneaux d'or

BLU-RAY - Région B
Elephant Films
Parution : 12 décembre 2023

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Les Anneaux d'Or n'avait fait l'objet, en édition numérique française, que d'un DVD en 2005, dans la Collection Marlene Dietrich sortie par Universal, et si ce n'était pas la plus désastreuse du lot (notamment en termes de propreté), elle pâtissait d'une définition épaisse et de contrastes lourds. Le comparatif ci-dessous permet de mesurer le gain, sur ces deux points, représenté par cette édition HD.

DVD Universal (2005) vs. Blu-ray Elephant Films (2023) :
1 2 3 

Si on veut comparer avec les autres éditions haute-définition sorties internationalement, il faut se tourner vers l'édition bluray américaine sortie par Kino Lorber en janvier 2022. Les rendus sont extrêmement similaires, avec des caractéristiques techniques analogues, mais un rendu plus doux (légèrement moins sombre) pour l'édition Elephant. Nous ignorons la source du master utilisé, mais il y a fort à parier qu'il n'y a pas eu de nouveau scan, et que c'est le master ancien appartenant à Universal qui a été ici (plutôt habilement) upgradé : outre la présence significative du logo Universal, on peut remarquer que la deuxième image du comparatif ci-dessus montre la même strie verticale blanche sur la tempe de Ray Milland.

Ceci étant dit, et malgré les limites donc de ce matériau ancien, on a plutôt apprécié le rendu de cette édition : passé un générique de début un peu abîmé, la copie s'avère propre et plutôt stable, la définition est honorable et le grain préservé.

Son

Aucune version française n'est proposée.

La version originale est un peu étriquée, et présente un peu de souffle, mais les dialogues sont audibles et les atmosphères préservées, pour un rendu qui se situe, sans éclat, dans la norme des bande-sons des films de studios américains de cette époque.

Suppléments

Sur le disque (dans un module qui apparaît en bonus de plusieurs éditions récentes d'Elephant consacrées à l'actrice), Xavier Leherpeur entreprend un Portrait de Marlene Dietrich (12'30" - HD), cette "enfant du siècle", à la fois "symbole sexué" et "porteuse de toute une histoire". Les contours du "mythe Dietrich" sont définis à partir de la manière dont les grands cinéastes qu'elle a croisés (Hitchcock, Wilder, ou évidemment Josef von Sternberg) vont filmer son corps, sa silhouette, "dans son intégralité et dans sa force", mais aussi en particulier son regard "jamais dupe de rien". A travers son parcours (son éducation rigoriste à laquelle elle s'oppose pour développer son goût de la provocation ; l'émulation libérale du Berlin des années 20...), Xavier Leherpeur fait ressortir la volonté, chez la comédienne, "de ne jamais baisser les yeux, de ne jamais s'excuser de rien", ce qui contribuera à sa postérité, auprès notamment des mouvements féministes. Une partie est spécifiquement consacrée à la période américaine de Dietrich, motivée par la volonté des studios de trouver une concurrente à Greta Garbo, mais durant laquelle elle parviendra à faire ressortir sa singularité, à travers sa voix, les thèmes audacieux de ses chansons ou sa manière très particulière de capter la lumière. Enfin, il établit la postérité de Marlene Dietrich en identifiant un certain nombre de personnalités ou de domaines dans lesquels son influence reste présente. 

De son côté, dans une analyse du film (30' - HD), Nachiketas Wignesan évoque Michell Leisen, cinéaste "sous-estimé" dont il se pose très vite la question de savoir dans quelle mesure on peut le considérer comme un "auteur". Si l'enseignant-historien évoque dans un premier temps des caractéristiques fortes (son amour ses actrices ou ses talents de décorateur, éprouvés sur de nombreux films pour lesquels il ne fut pas crédité), le premier portrait dressé n'est pas tout à fait flatteur : par citations interposées, Leisen y est qualifié de "couturier", d' "étalagiste" ou de "tante stupide" (dixit Billy Wilder). Mais en faisant ressortir la "cohérence de son travail" ou la prépondérance (héritée de son maître Cecil B. DeMille) de la mise en scène, Nachiketas Wignesan contribue modestement à réhabiliter le réalisateur.
Il arrive (au bout de 7'45'') au cas particulier de Golden Earrings (au scénario duquel est crédité Abraham Polonsky, qui affirmera ne pas y avoir écrit un seul mot), qu'il qualifie de film au "scénario superficiel, presque inexistant", et dont il détaille les difficultés de tournage (souvent dues au tempérament de Marlene Dietrich, qui n'aimait guère Ray Milland et mit l'estomac de ce dernier à rude épreuve...). Heureusement, il insiste ensuite sur l' "efficacité" du travail de Leisen, analysant notamment la manière dont la première séquence annonce avec brio que "les choses ne sont pas ce qu'elles semblent", idée qu'il développe ensuite à travers quelques "très grandes" séquences, par exemple la scène de "transformation", dont Nachiketas Wignesan interroge la dimension sexuelle, en parallèle avec la propre sexualité du cinéaste. 

Sur le disque figurent également les bandes-annonces (pour certaines de qualité faible) d'autres sorties récentes de l'éditeur mettant en scène Marlene Dietrich (Le Cantique des cantiques, L'Ange et le mauvais garçon, La fièvre de l'or noir, La maison des 7 pêchés ou Morocco)

Par Antoine Royer - le 19 septembre 2024