
Le Prince et le Pauvre
BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 31 janvier 2024
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Numéro 67 de la collection Make My Day dirigée par Jean-Baptiste Thoret pour Studiocanal, Le Prince et le pauvre version Richard Fleischer donne l'occasion à l'éditeur de donner un coup de frais au master que les Américains de Kino Lorber avaient employé en 2021 pour la première édition HD du film.
Evidemment, un nouveau scan permettrait d'affiner le rendu général, mais compte tenu de son ancienneté, ce master HD (dont on imagine que l'édition DVD française de 2009 puisait à la même source, avec une définition beaucoup moins fine évidemment) effectue un travail plutôt très honorable, avec une propreté d'ensemble et une stabilité plus qu'honorables.
Le rendu des couleurs est assez foisonnant, même si l'équilibre est parfois incertain (avec des rouges très appuyés) et les noirs peuvent parfois être bouchés ou manquer de finesse.
Pas de traces déplaisantes d'outils de retouche numérique, et le grain argentique des années 70 est plutôt préservé, même si le piqué varie là-aussi pas mal d'une séquence à une autre.
Son
Rien à signaler sur la version originale, qui possède de bonnes qualités de clarté ou de dynamisme. La version française est un peu plus plate, notamment au niveau des ambiances sonores ou de la musique, et selon l'inclinaison, on jugera le doublage comme délicieusement suranné ou parfaitement ringard.
Suppléments
La préface de Jean-Baptiste Thoret (9'20'' - HD) lui donne l'occasion de reparler de Mandingo, Make my day #07, selon lui "le chef d'oeuvre incompris" de Richard Fleischer, dans la mesure où la carrière ultérieure de Richard Fleischer aura surtout consisté à jouer les "pompiers en chef" auprès de projets à la production mal engagée. Il introduit le film comme adaptation "d'une fable, d'un roman d'aventures" de Mark Twain, évoque les adaptations antérieures (dont celle avec Errol Flynn), et en arrive à ce film "old school", avec un "all-star cast" qui tient du "banquet de famille" et qui impose au film sa "structure vignetée". S'il admet la facture "classique", un peu anachronique du film, il y décèle "en contrebande" des thèmes chers au cinéaste, notamment autour de "la lutte des classes".
Souvenirs d'un troisième assistant (28'30'' - HD) donne l'occasion à Olivier Assayas de revenir sur son expérience, lui qui, étudiant en fac de lettres de 21 ans, avait profité de l'amitié de son père avec l'artiste Berta Rodriguez (épouse du producteur Alexandre Salkind, qui avait des "velléités artistiques" mais apparemment peu de talent) pour se retrouver stagiaire sur le tournage du film de Richard Fleischer. Ses origines hongroises lui permettant de prouver son utilité sur le tournage à Budapest, il fera surtout la rencontre de Laurent Perrin, qui deviendra son meilleur ami, contribuera à la structuration de sa propre cinéphilie, et avec lequel il entrera aux Cahiers du cinéma. Parmi ses souvenirs les plus mémorables, il évoque les "frasques" d'Oliver Reed, "personnage extrêmement attachant, acteur génial" mais "un danger public". L'anecdote mémorable (on vous laisse le plaisir de l'entendre) de l'anniversaire de Mark Lester (un enfant charmant devenu "un adolescent pataud pas fait pour jouer la comédie) permet d'ailleurs de mettre en évidence les tensions entre Oliver Reed et Richard Fleischer, qui aurait, pour se venger, tourner plus qu'il n'en fallait de prises de la scène avec l'acteur au pilori. Dans les dernières minutes, Olivier Assayas précise bien dans quel mesure le cinéma incarné par Fleischer (et ce qu'il percevait alors comme l' "académisme" du travail de Jack Cardiff) était éloigné de ce qui le mouvait à l'époque, entre cinéma expérimental post-Nouvelle Vague et punk rock (il qualifie ainsi le film d' "archaïsme") mais comment cette "aventure dingue" a contribué, à travers l'emprunt d'une caméra 16mm, à le persuader de vouloir lui aussi faire du cinéma.
Dans Le Prince et le pauvre revu par Nicolas Tellop (44' - HD), l'auteur du remarquable Richard Fleischer, une oeuvre (éd. Marest) entreprend, dans un premier temps, de retracer le parcours du cinéaste, revenant en particulier sur son exil consécutif au Génie du mal ou sur le fait que Fleischer n'avait, de toute sa carrière, "jamais tourné un film dont il était à l'initiative". Il revient évidemment sur la mauvaise réception critique de Mandingo, qui devait constituer l' "aboutissement d'une carrière", et qui le conduira à tourner pour les studios un certain nombre de films "discutables".
Au bout de 13'15'' environ, il en arrive au Prince et le pauvre, "pure commande" d'Alexander Salkind, dont le scénario, écrit dès 1968, avait été proposé à George Cukor. Suite au succès des adaptations d'Alexandre Dumas par Richard Lester (Les Trois mousquetaires et On l'appelait Milady, "films-fleuves" représentatifs du "Hollywood décadent de la fin des années 60"), le projet fut relancé et confié "au professionnalisme" de Richard Fleischer (et en partie réécrit par George McDonald Fraser, le créateur de Flashman et co-scénariste d'Octopussy).
Vers 19'00'', on en arrive au casting "all star" qui rend le film "anachronique", et où "chacun tire la couverture à soi". S'il trouve le film "un peu lourd" dans les séquences dialoguées, Nicolas Tellop reconnaît toutefois la patte de Richard Fleischer dans les scènes d'action "viscérales" : selon lui, "il y a une inscription du cinéma de Fleischer dans l'affrontement physique".
A partir de 24'00'', il identifie quelques thématiques dans le film susceptibles d'intéresser le cinéaste, notamment la thématique "du double et du faux". Il remarque également une "irrésolution de ton", un "déséquilibre" entre la comédie et la tragédie, "caractéristique de tous les films de Fleischer après Mandingo", faisant du Prince et le pauvre un film dans lequel "tous les personnages sont marqués par l'inaccomplissement", ce qui permet d'identifier la paternité, "l'hérédité malade", comme une autre thématique récurrente. Revenant sur l'idée centrale du film, "le fait qu'en échangeant les rôles, on mette en exergue les failles de son propre milieu", Nicolas Tellop insiste sur les dernières secondes du film "très crépusculaires", étonnamment "mélancoliques".
Est abordé, au bout de 37 minutes, "le grand défaut du film" (dixit Fleischer), à savoir l'interprétation de Mark Lester. Nicolas Tellop charge à son tour la mule, en le qualifiant d, "hérésie", de "nouille insupportable" aux "cannes de serin". Le commentaire s'achève sur la réception, critique et publique, d'un film "vite oublié".
En savoir plus
Taille du Disque : 48 536 156 160 bytes
Taille du Film : 28 029 941 760 bytes
Durée : 1:47:52.833
Total Bitrate: 34,64 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Anglais / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: Français / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Sous-titres : Français