Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Péril jeune

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 5 mars 2024

Image

La restauration du Péril jeune a eu lieu en 2022, avec un scan 4K du négatif image original Super 16mm, puis des travaux numériques réalisés par le laboratoire VDM. Après une ressortie salles pour les 30 ans du film à l'été 2023, voilà le film qui débarque enfin en haute-définition chez Rimini Editions, avec une édition bluray + 2DVD + livret dans un boîtier cartonné digipack.

Le film avait fait l'objet d'une sortie SD en DVD chez Gaumont en 2004 (dont cette édition reprend d'ailleurs une partie des bonus, voir plus bas), la plus-value majeure de cette édition concerne donc l'image. Rappelons tout de même, à toute fin utile, que Le Péril jeune avait initialement été produit pour la télévision (dans le cadre de la collection Les Années Lycée d'Arte), avant de connaître une sortie en salles bien plus tardive. Sa principale caractéristique esthétique est donc son rendu 16mm, au piqué par nature un peu moins fin, mais texturé par un grain très présent. Si cela ne pose pas problème, et contribue même largement à l'identité formelle du film, en particulier pour toutes les séquences de jour des flashbacks de la fin des années 60 qui constituent l'essentiel du film, cela donne des choses plus épaisses pour les quelques séquences de nuit (voir capture 14 ci-contre à droite, avec Jackie Berroyer).

Si le rendu général est stable, propre, et plutôt satisfaisant au niveau chromatique (la photographie est tout de même assez plate parfois), il faut noter une assez longue séquence (à la sortie du conseil de classe, entre 1h18'59'' et 1h20'20'') qui contraste grandement avec le reste, sans que l'on sache si cela vient des conditions de tournage ou de l'usage d'une source différente (voir captures 24 et 25, pour avoir une idée du différentiel). 

Son

Deux mixages sont proposés : une version DTS HD Master Audio 2.0 et le remixage 5.1 qui avait été proposé sur l'édition DVD Gaumont de 2004. Les bases étant très similaires (propres et nettes), l'apport du deuxième reste à nous démontrer : quelques effets anecdotiques, des atmosphères plus appuyées sans forcément beaucoup de naturel, et finalement pas beaucoup plus de relief.

Suppléments

Dans le coffret collector, on trouve trois cartes postales et un livret de 24 pages proposant une interview inédite, pour le trentenaire du film, de Cédric Klapisch par Marc Godin. Le réalisateur y confie la dimension évidemment autobiographique du projet, avec beaucoup de franchise, retraçant notamment la genèse du projet depuis sa rencontre avec ses coscénaristes Alexis Galmot et Santiago Amigorena sur les bancs du lycée Rodin, au milieu des années 70. Il mentionne sa capacité, son goût même, au travail dans "l'urgence", et les premières réactions d'Arte, notamment de Pierre Chevalier, qui a tout de suite adoré le film (le montage final étant étonnamment proche du premier montage) mais n'aimait pas le titre ! Il revient ensuite sur le casting, ne tarissant évidemment pas d'éloges sur Romain Duris mais insistant aussi sur les talents d'improvisation de Vincent Elbaz. Les conditions de la sortie en salles, le succès public et la postérité du film sont enfin évoquées.

Les suppléments vidéo n'offrent aucune nouveauté, et reprennent quatre modules réalisés en 2003, pour l'édition SD :



Nous sommes jeunes et beaux (38' - SD) propose un document rare, en l'occurrence les essais des comédiens, parmi lesquels certains voués à des carrières durables, comme Vincent Elbaz, Élodie Bouchez, Hélène de Fougerolles ou évidemment Romain Duris. On saluera la qualité du travail des directeurs de casting, qui ont su percevoir chez ceux-ci un potentiel qui ne demandait qu'à s'affirmer pleinement. Tout n'est pas passionnant, loin de là, mais la manière dont le charisme assez insolent de Romain Duris (qu'on aime ou pas le comédien, d'ailleurs) irradie déjà, avec ce mélange d'arrogance et de fragilité, est assez spectaculaire.

Le Péril jeune : Ten Years After (35' - SD) propose, une dizaine d'années après le film (en septembre 2003), un regard rétrospectif de plusieurs comédiens. Le montage est plutôt dynamique (et intègre d'ailleurs des extraits des essais mentionnés juste au-dessus), les retrouvailles sont parfois touchantes (et racontent quelque chose du métier d'acteur, à travers la diversité des parcours), mais l'ensemble demeure assez anecdotique, et on reste parfois un peu extérieur aux échanges.

Dans Le Périple jeune (29' - SD), divers intervenants reviennent sur la genèse de ce film, présenté d'emblée comme une "vengeance sur l'adolescence". On y décrit largement le contexte de production, via Arte, très spécifique à la période ("il n'y avait pas vraiment de cahiers de charges, mais il y avait un échange permanent, et une liberté de ton totale dans cet échange" précise notamment Pierre Chevalier). Cédric Klapisch parle de son scénario "anti-héroïque", qui allait "très loin dans la banalité", et dont il craignait qu'il n' "intéresse personne", mais qui révèle, y compris dans sa "non finitude", quelque chose de l' "imperfection de l'adolescence". Il parle du travail avec les comédiens, notamment avec des acteurs débutants, dont il devait sentir "la force en devenir", puis se concentre spécifiquement au cas de Romain Duris, "sa liberté, sa densité et son charme incroyables". Il parle ensuite du tournage, du métier de réalisateur ("celui qui fait chier le monde"), de la fameuse mésentente autour du titre (avec une lettre mémorable envoyée par Cédric Klapisch à Jérôme Clément) ou encore de la sortie du film à la télé puis en salles.

L’Âge bête ne passera pas (9' - SD) voit Cédric Klapisch et les coscénaristes Santiago Amigorena et Alexis Galmot converser, en toute décontraction, au café ou dans la rue. Depuis leur rencontre "autour du flipper" ou dans l'univers "éduco-carcéral" de leur lycée, ils se remémorent leurs souvenirs d'adolescence ou d'écriture, ce qui se mêle régulièrement... Les sujets abordés ("vous avez déjà été sur les mêmes coups ?" ) font qu'on y apprend pas nécessairement grand chose sur le film, mais on sourit régulièrement de cette complicité de longue date, où on se chambre beaucoup et où est parfois très grivois (par sûr qu'on aborderait un sujet comme la drague de la même façon dans un module tourné aujourd'hui).

Mentionnons enfin la présence d'une bande-annonce d'époque, marquée par le texte et le ton ironiques de Jackie Berroyer.

Par Antoine Royer - le 11 mars 2024