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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Détroit de la faim

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 21 février 2023

Image

Après le DVD Wild Side sorti en 2006 dans le fameux coffret consacré au réalisateur Tomu Uchida, c'est aujourd'hui Carlotta qui réédite Le Détroit de la faim à partir du transfert édité chez les Anglais d'Arrow en 2022, une restauration menée par la Toei à partir des meilleurs éléments disponibles. La pellicule a en effet été restaurée, l'image est souvent stable (hormis quelques petits tremblement latéraux) et l'on a appliqué un certain nombre de corrections numériques, en particulier un nettoyage poussé qui a ôté les points blancs, griffures et taches. Il persiste encore de fréquentes pulsations des noirs, plus ou moins ponctuelles et plus ou moins amplifiées, qui affaiblissent un peu les contrastes.

Mais il faut savoir que Le Détroit de la faim n'a pas été tourné de manière habituelle puisque, sur les trois heures, seule une toute petite partie a été filmée en 35mm. Ce segment de 42 minutes (à partir de 1h06mn) est en toute logique la partie la mieux restituée, avec un rendu particulièrement soigné aux aspects proches d'un scan 2K : la finesse est palpable, la définition est précise, le niveau de détail bien assuré, le grain est présent sans altération. Le reste du film est beaucoup plus inégal puisque tourné en 16mm avant "gonflage" sur support 35mm. En résulte une grande perte de précision, de piqué et de détail, un relâchement sensible des nuances de gris et de blancs qui sont parfois plus exposés et plus agressifs. Ces défauts sont accentués par une photographie souvent diffuse, au moins dans sa première moitié, ou par la fréquente utilisation de plans truqués, fondus enchaînés, images en effet de négatif voire des zooms à l'intérieur de l'image qui accentuent l'épaisseur et le grain. On remarquera également que ce "gonflage" de pellicule 16mm vers un support 35mm ne s'est pas fait correctement et qu'un défaut de tirage reste visible, occasionnant un très léger flou sur le côté droit du cadre. Il n'est pas sûr du tout que ce soit le négatif "gonflé" qui ait été utilisé pour ce master, vu la trop nette perte de qualité entre les sources, même si globalement la texture épaisse, le trait à la douceur affirmée, le niveau de détail assez limité et les montées de grain ont tendance à fluctuer légèrement selon les moments, avec quelques améliorations notables, de petits regains ponctuels de finesse et de contraste.

DVD Wild Side (2006) vs. Blu-ray Carlotta (2023)1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Malgré un volume sonore un peu plus bas que la normale, le rendu de la version originale est plutôt convaincant. La dynamique est très correcte, les graves sont palpables mais peu sollicitées au final. Le film entier a été post-synchronisé, avec une synchro labiale pas forcément respectée (d'origine). Les voix sont d'une grande précision, claires et avec une belle présence, assez équilibrées avec les ambiances en arrière-plan, souvent très discrètes voire vides. Les ponctuations musicales conservent une bonne efficacité.

Suppléments


Du passé vers l'avenir (27 min - HD - VOSTF)
Repris du Blu-ray Arrow sorti en Angleterre en septembre dernier, ce module donne la parole à Jasper Sharp, véritable spécialiste du cinéma japonais (il a écrit un dictionnaire en 2011) qui multiplie les références de films (souvent inconnus des non initiés et donc très tentants) avec une érudition et des explications toujours très claires, passionnantes à suivre. Jasper Sharp tente d'expliquer pourquoi Uchida n'a pas vraiment percé en Occident jusqu'à une rétrospective au Japon en 2004, remarquant un manque de style affirmé (contrairement à Ozu, par exemple), des films d'avant-guerre qui étaient perdus, mais aussi une absence de promotion de ses films par la Toei qui ne s'intéressait pas assez aux festivals internationaux. On imagine que cette miraculeuse rétrospective d'il y a bientôt vingt ans a sans doute conduit à la réédition de plusieurs de ses films en France en 2006 (chez Wild Side), ce qu'ignore Jasper Sharp, tout heureux d'annoncer (chez Arrow) les premières éditions physique en Occident ! Il fait un bon portrait du cinéaste Tomu Uchida, contestataire dès les années 30, au regard politique affirmé par des films "très à gauche" qui remettaient en question les valeurs traditionnelles ayant entraîné le pays dans la guerre et la misère. Une spécificité que l'on retrouve dans Le Détroit de la faim et son regard cynique sur la reconstruction du Japon après la défaite, "une œuvre résolument moderne" qui ne ressemble pas du tout à celle d'un réalisateur du muet, mais montre au contraire une volonté de rapprochement avec la Nouvelle Vague nippone des années 60. Rajoutant quelques précisions qu'on sent parfois opportunistes (car comme par hasard pour des films édités chez Arrow), Jasper Sharp revient également sur le casting du Détroit de la faim à travers les films de Rentaro Mikumi, son acteur japonais préféré, Ken Takakura, héros des films de gangsters de la Toei et souvent décrit comme "le Clint Eastwood japonais", ou Sachiko Hidari, "une actrice remarquable".

Bande-annonce originale (3 min 57 s - HD - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 38 788 456 254 bytes
Taille du Film : 36 087 914 496 bytes
Durée : 3:02:40.532
Total Bitrate: 26,34 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 23,90 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 23907 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1057 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,263 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 9 mars 2023