
Le Château des amants maudits
BLU-RAY - Région B
Gaumont Vidéo
Parution : 19 juin 2024
Image
Gaumont poursuit la redécouverte des "inclassables" de son catalogue, avec cette version de Riccardo Freda de l'histoire de Beatrice Cenci, vraisemblablement proposée pour la première fois au monde en Blu-ray. L'éditeur reprend la jolie restauration effectuée en 2013 par la Cinémathèque nationale italienne, probablement en 2K (et avec les génériques en français). Les éléments photochimiques sont bien conservés, on notera seulement une très brève décoloration ou l'apparition discrète de petits points blancs fixes, façon "pixels morts", voire quelques poils en bord de cadre. Rien de vraiment gênant, donc. Plus important, le rendu est assez convaincant, déjà par sa belle précision générale, ses images détaillées, stables et immaculées, qui restituent le procédé Cinemascope jusqu'aux déformations créées par les lentilles provoquant un léger écrasement des visages. L'étalonnage respecte lui aussi les caractéristiques d'époque, non seulement par ses contrastes vraiment peu poussés mais aussi par un bel équilibre des couleurs, un jeu sur les ambiances ou les costumes colorés, couplé à une saturation efficace (qui rappellent un peu le style Mario Bava), avec des tonalités assez chaudes et finalement peu de dérives artificielles vers le magenta. On notera des noirs souvent colorés, parfois sans subtilité, comme cela se pratiquait alors. Le grain est respecté mais conservé de manière tempérée. Une présentation efficace.
Son
La version originale restaurée est de bonne facture, en tout cas cohérente dans ses limites avec la période de production. Mises à part quelques rares scènes en son direct, l'ensemble est surtout post-synchronisé (comme la majorité du cinéma italien jusqu'aux années 80). La dynamique est modeste, comme l'amplitude des basses fréquences. On note surtout, rapidement, une prédominance des mediums, un peu agressifs sur les voix, et un mixage global assez sage, avec des ambiances souvent réduites à un léger souffle, et un manque de subtilité qui peut se faire sentir durant les passages musicaux, plus brouillons. On ne signale aucune trace d'usure, pas de sifflantes ou de saturation sur les voix. Gaumont propose également une version française d'époque, relativement honorable, et assez proche de la VO (les basses sont encore plus réduites). On retrouve une mise en avant des mediums, des voix bien claires et un souffle encore plus léger en arrière-plan.
Suppléments
Présentation du film (4 min - HD)
Après son ouvrage consacré au Cinéma de Quartier, que Canal+ diffusait dès les années 1990, Sylvain Perret, membre actif de l'équipe de Gaumont vidéo à qui l'on doit ces incartades "inclassables", se met lui-même dans la peau d'un Jean-Pierre Dionnet des années 2020 pour présenter Le Château des amants maudits. Il resitue "la carrière si particulière et si riche" de Riccardo Freda, figure majeure de l'âge d'or du cinéma d'exploitation italien, et évoque l'histoire de Beatrice Cenci qui inspira de nombreuses oeuvres, dont La Passion Béatrice de Bertrand Tavernier, devenu aujourd'hui invisible. On apprend que le cinéaste français tentera même de monter un projet avec Riccardo Freda, que le caractère difficile à gérer l'obligera à reprendre finalement à son compte, pour ce qui deviendra La Fille de d'Artagnan.
Une fresque malsaine (34 min - HD)
Jean-François Rauger, historien du cinéma et Directeur de la programmation de la Cinémathèque Française, qui avait consacré une rétrospective à Riccardo Freda en 2010, revient sur le statut populaire de ce procès pour paricide entré dans la légende et maintes fois adapté au cinéma. Il analyse Le Château des amants maudits, qui était le film préféré de Riccardo Freda, un "récit presque féministe avant la lettre", qui opère cependant "un changement de taille" dans le scénario en innocentant l’héroïne afin d’accentuer le mélodrame et la tragédie. Jean-François Rauger montre comment le film évoque le "sentiment d’une fatalité absolue" et l’impossibilité de se révolter contre l’ordre des choses, l’héroïne étant, dans l’espace mental "un peu pourrissant" de cette "famille dégénérée et incestueuse", comme le jouet de puissances obscures qui vont la mener à sa perte. L'historien présente Riccardo Freda et son style "anti néo-réaliste" qui, en multipliant les scènes d’extérieurs, va pourtant introduire "un sentiment de réalisme et d’authenticité" dans un cinéma de studio. Réalisateur représentatif d’un cinéma italien qui va s’intéresser à la fantaisie, Freda n’aura pas les faveurs de la critique et passera sous les radars de l’histoire du cinéma. Mais, alors qu’il est méprisé en Italie, il sera reconnu en France dans les années 50 comme "un cinéaste de la mise en scène pure". Jean-François Rauger explique comment le film donne l’illusion d’avoir beaucoup de moyens, et évoque le style visuel de Freda, son utilisation du Cinemascope, sa manière de découper les cadres ou de jouer avec la profondeur de champs. Il évoque le travail du directeur de la photographie hongrois Gábor Pogány et sa forme d’expressionnisme en couleurs, nous apprend la participation de Mario Bava sur certains plans truqués à base de maquettes, et présente les principaux membres du casting, notamment Micheline Presle dont Le Château des amants maudits est le film le plus connu de sa brève intrusion dans le cinéma italien. Un très bon supplément mené par un spécialiste érudit et passionnant, qui aiguisera la curiosité des néophytes du cinéma de Riccardo Freda. On notera que l'entretien est parfois illustré avec des images de la bande-annonce (restaurée), qui n'est curieusement pas proposée en bonus.
En savoir plus
Taille du Disque : 37 959 813 610 bytes
Taille du Film : 28 953 231 360 bytes
Durée : 1:33:18.000
Total Bitrate: 41,38 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,94 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37948 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 681 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit / DN -4dB)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 682 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 24,699 kbps
Subtitle: French / 31,059 kbps