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Test blu-ray
Image de la jaquette

La Rue chaude

BLU-RAY - Région B
Wild Side vidéo
Parution : 17 novembre 2021

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Wild Side propose en cette fin d'année un inédit en DVD et Blu-ray, avec La rue chaude, fraîchement sorti aux Etats-unis sur le support (septembre 2021). Il s'agit d'une toute nouvelle restauration 4K effectuée de main de maître par Grover Crisp et l'équipe du laboratoire Sony. Le rendu est de très haut niveau, avec des images d'une très grande finesse, au niveau de détail soutenu. Seuls dénotent quelques (traditionnels) plans truqués à la texture un peu plus épaisse et les gros plans féminins, très souvent "ouatés" et un peu flous : une volonté du directeur photo Joseph MacDonald qui a utilisé des filtres diffuseurs pour flatter ces dames en atténuant la précision. Les éléments photochimiques (à l'évidence le négatif original) ont été bien conservés, on notera seulement 3 ou 4 plans nocturnes, et très furtifs, victimes du syndrome du vinaigre (dernière capture de la galerie, ci-contre). L'étalonnage est remarquable, avec une très belle palette de gris et des contrastes idéalement ajustés : les noirs sont bien denses mais conservent pourtant suffisamment de détail. Chapeau ! La copie est immaculée et d'une grande stabilité. L'ensemble est soutenu par un beau grain fin et homogène, et un encodage invisible. Des conditions de visionnage tout simplement parfaites, qui font vraiment regretter que les studios américains soient si avares en nouvelles sorties de patrimoine, ces temps-ci...

Son

La version originale a bénéficié d'une restauration minutieuse, elle aussi. On remarque dès les premières notes de la musique d'Elmer Bernstein une dynamique palpable et un rendu efficace des basses fréquences (peu sollicitées, autrement). Le mixage est détaillé et fidèlement retranscrit, totalement nettoyé d'éventuelles impuretés, avec des voix claires, sans sifflantes. Wild Side a fait l'effort de retrouver (sur une vieille VHS?) la version française d'époque. Un effort louable pour les allergiques de la VO mais tout de même une épreuve à supporter pour les oreilles, tant la qualité sonore se situe presque à l'exact opposé. La piste est faible et très couverte, le spectre se montre globalement réduit aux mediums, avec des sifflantes marquées et une sorte de bruit de fond parasite permanent. C'est évidemment mieux que rien, mais c'est aussi très dispensable. L'occasion de se mettre à la VO ?

Suppléments

Comme de nombreux classiques proposés par Wild Side, La rue chaude est présenté dans un digibook comprenant le DVD et le Blu-ray, ainsi que La rue chaude, mais pas trop, un excellent livret de 36 pages signé Philippe Garnier, qui vaut vraiment la lecture. Le journaliste a pu consulter de nombreux documents de production, mémos, contrats ou versions de scénario, notamment, et peut ainsi raconter avec précision (et verve) l'adaptation chaotique et "frelatée" d'un livre sulfureux qui ne pouvait s'en sortir indemne dans un Hollywood encore très chaste. Un rapport compliqué qui se retrouve dans la "fébrilité schizophrène" de l'agent-producteur Charles Feldman, tiraillé entre les aspects "malodorants" du roman et des choix de casting aberrants comme Capucine, sa maîtresse et son "dilemme insurmontable", à qui il offre l'un des principaux rôles au prix d'une transformation totale du personnage. Si l'adaptation fût déjà laborieuse (au moins sept scénaristes et trois ans de travail), le tournage continua sur cette lancée : ce furent "un défaite complète et un mauvais souvenir" pour le réalisateur Edward Dmytryk qui dût subir en permanence des "batailles rangées" et composer entre le "diktat abusif" de son producteur, des réécritures sauvages entre les prises et une mauvaise ambiance avec les comédiens, les caprices de Laurence Harvey (qui dénigrera le film avant sa sortie) ou une Jane Fonda mal coachée et au caractère déjà bien trempé. Reste l'"idée très payante" du générique de Saul Bass, avec ce chat noir, "la vraie vedette"...

La rue chaude est accompagné d'un unique supplément :

Impasse à Perdido Street (34 min - HD)
François Guérif, historien du cinéma et éditeur spécialisé dans le polar, revient longuement sur La rue chaude et signale lui aussi une adaptation très éloignée du roman du "grand écrivain" Nelson Algren. Alors que le livre est "extrêmement dur", le film montre un sentimentalisme insistant qui permet d'enrober le soufre du décor (une maison close) très osé pour l'époque. Pour Guérif, c'est un "film étrange" et tiraillé, qui s'explique par une production compliquée : l'historien se réfère aux indiscrétions d'Ann Baxter qui évoque, dans ses mémoires, "une jungle de passion" et d'animosités entre les acteurs et le réalisateur Edward Dmytryk, pourtant au sommet de sa gloire, qui finira "submergé" et abandonnera toute ambition. Guérif évoque des scènes additionnelles tournées par Blake Edwards, se demande qui a fait quoi, remarquant une alternance de moments mielleux et d'autres beaucoup plus inspirés, plus noirs et réussis, parce que plus suggérés. Il revient ensuite sur le casting du film, "la vraie naissance de Jane Fonda à l'écran", au tempérament déjà rebelle puisqu'elle ne cachait pas "s'éclater" dans un rôle de prostituée. Elle n'était nullement impressionnée par l'équipe... à l'exception de Barbara Stanwyck, "actrice absolument géniale", à la modestie attachante, l'une des premières stars de ce niveau à assumer un rôle homosexuel - et l'un des points forts du film. Il parle également de la "carrière étrange" de Laurence Harvey, acteur "un peu figé" mais plutôt bon lorsqu'il est inspiré, et de Capucine qui est, pour lui, l'une des faiblesses de La rue chaude : prostituée froide et peu sexy, habillée en Pierre Cardin alors que l'action se passe dans les années 30, et peu aidée dans un rôle moyen. François Guérif termine sur l'aspect formel hollywoodien "parfait", du "magnifique noir & blanc" à l'un des meilleurs scores d'Elmer Bernstein, et avec peut-être aussi le plus beau générique de Saul Bass - qui avait été révélé sur L'homme au bras d'or, autre adaptation... de Neslon Algren.


En savoir plus

Taille du Disque : 39 081 011 850 bytes
Taille du Film : 30 665 441 280 bytes
Durée : 1:54:02.377
Total Bitrate: 35,85 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29990 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1949 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1828 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,718 kbps
Subtitle: French / 26,234 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 16 novembre 2021