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Test blu-ray
Image de la jaquette

La Falaise mystérieuse

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 1 juin 2016

Image

Il y a fort à parier que le master utilisé par Wild Side provient de la restauration 2K réalisée il y a quelques temps déjà, et qui avait servi de base au Blu-ray Criterion de 2013 (voir plus bas). Cette restauration, bien que menée à partir d'un matériel de deuxième génération (ce qui peut expliquer quelques faiblesses dans la finesse du rendu), confirme ici sa bonne tenue globale, tant en terme de stabilité (les premières images de mer nous ont un peu inquiétés, mais rien ensuite n'est à signaler sur ce point) que de définition. A cet égard, tout comparatif avec un quelconque matériel SD préalable est incontestablement favorable à cette restauration.

Toutefois (et c'est un peu le travers des éditeurs français ces derniers temps, les exemples récents affluent), il nous faut reconnaître que, non seulement cette édition nous semble bien tardive (cela va faire trois ans que Criterion a dégainé la sienne), mais, qui plus est, son apport qualitatif n'est au final pas franchement  évident.

Au crédit de l'édition Wild Side, on peut mentionner une propreté d'ensemble exemplaire (et semble-t-il supérieure à l'édition Criterion). Mais ce qui aurait pu être un apport conséquent - et qui revêt d'ailleurs de la décision éditoriale - s'avère finalement discutable : prenons l'exemple du contraste, clairement boosté. Evidemment, le rendu est à première vue séduisant, comme vivifié, mais une attention plus profonde révèle les dommages collatéraux de cette décision : les noirs, densifiés, sont bouchés (prenons la tenue de la gouvernante sur la deuxième image du comparatif ci-dessous), provoquant une perte assez conséquente dans la finesse des détails.

Est-ce lié (ou alors un éventuel dégrainage - que le comparatif ci-dessous ne permet pas d'exclure... - est à blâmer, ce qui serait plus grave), mais le fait d'atténuer le voile un peu brumeux qui enveloppait les personnages semble avoir singulièrement diminué le grain, la netteté y gagnant (artificiellement) ce que la finesse du piqué y perd.

Enfin, plus difficilement défendable - et pour tout dire assez incompréhensible à nos yeux - est la perte d'informations consécutive à un zoom, particulièrement perceptible sur le premier comparatif (mais où est passée la cheminée ?).

Comparatif 1                                 Comparatif 2

Ces quelques différences étant mentionnées, il convient de bien les mettre en perspective : nous comparons deux très bonnes éditions. Mais une fois encore, il nous semble curieux que la plus satisfaisante des deux soit la plus ancienne...

Son

Compte tenu de l'ancienneté du film, il ne s'agit pas d'attendre des miracles artificiels, mais d'évaluer la lisibilité, la propreté et l'équilibre du rendu. A cet égard, la version originale nous a semblé très satisfaisante (avec peut-être un bémol concernant les sons des fantômes, sous-mixés, que les protagonistes du film semblaient entendre avant nous). La version française n'est pas désagréable, mais outre un doublage un peu daté, nous a semblé un peu trop détacher les dialogues au détriment de la musique ou des sons d'ambiance.

Suppléments

La première chose est de ne pas dissimuler notre enthousiasme à la découverte du coffret : c'est un très bel objet, avec une jaquette particulièrement puissante.

Sur le disque, un unique supplément, conséquent : un entretien avec Christophe Gans (49 min - HD), dans lequel le journaliste-cinéaste entreprend, avec enthousiasme et pédagogie, de décrire La Falaise mystérieuse non comme un film unique mais comme un "chaînon manquant", un film charnière entre les époques et les filmographies. Après avoir resitué le film dans son époque, en faisant notamment un lien avec les films de Val Lewton ou avec la mode psychanalytique qui commence à envahir le cinéma hollywoodien, Christophe Gans replace La Falaise mystérieuse dans la chronologie du sous-genre du "film de fantômes" pour souligner ses singularités, à la fois dans la question de la représentation mais aussi dans ce ton, léger et insolite, propre aux films de la Paramount. Il établit ensuite deux liens avec Alfred Hitchcock, en évoquant ce que le film doit à Rebecca, mais aussi de quelle manière il annonce selon lui Sueurs froides. En évoquant les liens avec Jacques Tourneur, l'influence du producteur Charles Brackett, la comédienne Elizabeth Russel ou bien sûr la suite de la carrière de Lewis Allen, Christophe Gans établit ainsi tout un réseau de ramifications, plutôt convaincant y compris dans ses excès. Il faut toutefois préciser que, malgré de ponctuelles précautions oratoires, l'essentiel du film y est révélé et que le supplément est donc à découvrir après le film. Quant à notre mauvais esprit, il ne pourra s'empêcher de relever la maladresse bien involontaire de l'orateur, qui précise que le film a été apprécié « des amateurs de cinéma fantastique bien avant d'être redécouvert par les vrais cinéphiles, en tout cas ceux qui se posent des questions » (les dits-amateurs apprécieront).

Le livret situé à l'intérieur du coffret est lui plus anecdotique : il est très beau, nous l'avons déjà dit, mais le texte succinct de Patrick Brion voit ses cinq pauvres feuillets noyés au milieu d'une iconographie certes ravissante mais pour le moins envahissante. Quelques pages de complément sur les filmographies de Lewis Allen, de Ray Milland ou de Gail Russell, ainsi que des anecdotes sur le film ne comblent qu'un peu superficiellement le contenu historique ou analytique, pour le coup un peu léger.

En savoir plus

Taille du Disque : 24 947 254 330 bytes
Taille du Film : 15 899 707 392 bytes
Durée : 1:39:21
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23,976 fps / 16:9
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz 
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz
Subtitle: French / 6,216 kbps

Par Antoine Royer - le 3 juin 2016