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Test blu-ray
Image de la jaquette

La Couleur pourpre

BLU-RAY - Région B
Warner
Parution : 8 juin 2011

Image

Sorti en 2011, ce Blu-ray de La Couleur pourpre a déjà neuf ans d’existence, ce qui est relativement long compte tenu des avancées technologiques réalisés depuis et des progrès accomplis au niveau de la mastérisation et des scans 2K et surtout 4K. On n’affirmera donc pas ici que ce disque peut rivaliser avec les meilleures éditions actuelles en raison de l’âge du scan HD, mais il faut bien avouer que le résultat tient encore presque parfaitement la route aujourd’hui. Car si l’on veut bien oublier les quelques rares artefacts de compression ainsi que tenir compte de la difficulté à retranscrire habituellement la lumière « spielbergienne » douce, spectrale, granuleuse et tamisée, ce Blu-ray offre un résultat superbe dans l’ensemble. Presque parfaitement nettoyée, stable, lumineuse, l’image propose une gestion du grain cinéma remarquable. La « matérialité » de la photo propre à Spielberg (et à son chef opérateur Allen Daviau) bénéficie d’un très bon rendu vidéo. Le traitement des basses lumières est aussi réussi, avec des ombres profondes et du détail. Toutes les séquences n’affichent pas la même qualité de définition mais il suffit de s’appesantir sur les gros plans pour s’émerveiller du rendu des textures (la peau, les matières, les tissus, les cheveux). Enfin, et c’est un point essentiel, le rendu colorimétrique est tout bonnement bluffant. Chaudes, saturées, étincelantes, puissantes, les couleurs (notamment le rouge et le pourpre bien sûr) vivent et vibrent pour le plaisir de nos yeux. On notera simplement avec regret un cadrage 16/9 qui ne respecte pas complètement le format 1.85. Si l’on imagine très bien le grand bénéfice que pourrait tirer La Couleur pourpre d’une remastérisation à destination d’un BR 4K, on ne fera pas trop la fine bouche devant ce Blu-ray toujours très satisfaisant.

Son

S’il est une autre réussite technique à relever dans ce Blu-ray, c’est sa piste originale DTS-HD Master Audio 5.1. Elle offre toutes les qualités requises pour profiter d’un film où la bande-son joue un rôle essentiel. Cette VO, très fidèle à la facture sonore originelle de La Couleur pourpre, est d’abord d’une clarté limpide avec des dialogues très purs qui s’expriment avec nuances et profondeur au centre du spectre avant. Le mixage multicanal se révèle admirable avec une belle présence des ambiances et des bruitages dont la localisation et la netteté permettent une parfaite immersion en continu. Bien entendu, c’est la bande musicale conçue et supervisée par Quincy Jones qui profite le plus de ce mixage ample et chaleureux ; les chants et les différents types de musique s’épanouissent dans la totalité du champ sonore environnant avec puissance et précision. Et même si les basses se font moins ressentir que dans les mixages contemporains, toutes les fréquences sont bien à la fête. On ne ressort pas indemnes de l’écoute des séquences musicales, c’est tout dire. En comparaison, la piste française proposée simplement en Dolby Digital 2.0 (comme sept autres langues) fait bien pâle figure. Propre et bénéficiant d’un doublage correct, elle n’est certes pas déshonorante en elle-même mais ses nombreuses limitations la desservent terriblement.

Suppléments

L’essentiel des suppléments est constitué par un long documentaire conçu et produit par l’inévitable - quand il s’agit de Steven Spielberg - et talentueux Laurent Bouzereau, de près d’une heure et demie, qui a été découpé en quatre parties plus ou moins axées sur des thématiques. Bouzereau a recueilli les témoignages des personnalités suivantes (répartis dans les quatre segments selon les sujets traités) : le cinéaste Steven Spielberg ; la romancière Alice Walker ; les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall ; le compositeur Quincy Jones ; les comédiennes et comédien Whoopi Goldberg, Oprah Winfrey, Margaret Avery, Akosua Busia, Rae Dawn Chong et Danny Glover ; le directeur de casting Reuben Cannon  ; le directeur de la photographie Allen Daviau ; le chef décorateur J. Michael Riva ; la créatrice des costumes Aggie Guerard Rodgers. De manière fluide et équilibrée, ce film entremêle des interviews, des extraits de films (peut-être un peu trop) et de nombreuses (et souvent très belles) photographies en noir et blanc et couleur. Réalisé en 2003 pour la première édition DVD collector, ce document est proposé en 4/3 SD et en Dolby Digital 2.0.


Conversations avec les anciens : La Couleur pourpre, du roman à l’écran (26 min 36)
La majorité de ce premier segment donne la parole à l’auteure Alice Walker et traite de l’élaboration de son roman épistolaire. Elle nous parle de sa famille, de la façon dont ses personnages ont été inspirés par ses parents et grands-parents - dont ses deux grands-pères « horribles quand ils étaient jeunes », leur l’attitude l’a poussée à en comprendre les causes (l’oppression). La figure tutélaire de sa mère émerge : une femme honnête, résistante, combattive. A travers son œuvre, écrite alors qu’elle était en état de grâce et connectée à ses ancêtres, Walker a éprouvé le besoin de comprendre ce qui peut changer les gens et a conçu un récit d’émancipation pour ses personnages. Emancipation de la domination religieuse également, à travers la « remise en question de la théologie traditionnelle ». Walker exprime ainsi sa propre conception de la divinité reflétée par les gens eux-mêmes. Elle a aussi cherché l’inspiration dans la nature à travers ses promenades dans des paysages ruraux magnifiques où elle a vécu ; elle remarque qu’il y a beaucoup de pourpre dans la nature et qu’on ne le voit pas, selon elle « le pourpre est partout. » Elle répond enfin aux attaques sur la haine supposée envers les hommes noirs, qu’elle réfute. On aborde ensuite l’adaptation du livre par Spielberg, qui a reçu le projet des mains de sa collaboratrice Kathleen Kennedy. Bouleversé par la lecture de La Couleur pourpre (dans lequel il a trouvé des points communs avec sa vie), le cinéaste a voulu rencontrer son auteure pour la convaincre qu’il était l’homme de la situation. On en apprend un peu sur le processus d’écriture avec l’évolution du script et l’engagement du jeune scénariste Menno Meyjes. On découvre aussi qu’Alice Walker était très présente durant le tournage, aidant Spielberg à pénétrer dans son univers. En termes d’adaptation, on évoque plus précisément la scène de dépucelage de Celie, transposée de façon plus « poétique » par le réalisateur par des  sous-entendus visuels (comme le rouge omniprésent), la musique et la gestuelle des actrices. On apprend enfin l’existence d’une scène de pardon coupée au montage (avec Celie et Monsieur âgés).



Un travail d’équipe : le casting et l’interprétation de La Couleur pourpre (28 min 40)
Cette partie traite surtout du travail des comédiens. Whoopi Goldberg raconte son engagement dans le film, elle qui commençait à faire parler d’elle comme artiste de stand-up. Elle retint définitivement l’attention de Spielberg en faisant un numéro lors de son audition. On apprend qu’Oprah Winfrey, news-reporter à l’époque, était obsédée par le livre d’Alice Walker et par le désir de jouer dans le film. Margaret Avery relate son engagement alors que le premier choix du cinéaste pour camper Shug Avery était Tina Turner (qui déclina la proposition). Danny Glover, premier et seul choix pour Spielberg, nous parle de son personnage qu’il n’a pas voulu juger pour afin de mieux l’incarner (le réalisateur le tenait aussi pour une victime de son époque). La direction d’acteurs de Spielberg se fait jour, lui qui s’efforça de créer une communauté et prit la décision d’abandonner les répétitions. Goldberg revient sur sa découverte de l’univers du cinéma et insiste sur l’habilité de Spielberg à comprendre la teneur profonde du film et sur sa façon originale de la diriger en évoquant des grands classiques. Certaines scènes sont plus largement abordées : celle de la séparation entre les deux sœurs, douloureuse à filmer (en particulier pour Danny Glover) ; celle du repas de Thanksgiving et le long monologue d’Oprah Winfrey qui joue avec une grande part d’improvisation, encouragée par le cinéaste ; et la séquence finale qui marque les retrouvailles familiales sur un pied d’égalité pour tous les personnages mais également la fin d’une aventure communautaire pour les artistes. On y évoque aussi l’absurdité des Oscars (11 nominations, sauf pour Steven Spielberg, et à l’arrivée aucune récompense). Enfin, cette partie s’achève sur les nombreuses questions que La Couleur pourpre soulève en place publique sur le rôle des Noirs à Hollywood, puis sur les qualités intemporelles et universelles du film.




Cultiver un classique : le making-of de La Couleur pourpre (23 min 33)
Cette troisième partie concerne un peu plus l’aspect visuel du film et l’apport des différents artistes-techniciens. Elle commence par une anecdote sympathique et émouvante : la première scène tournée de La Couleur pourpre fut celle de l’accouchement de Celie au moment même où Spielberg allait devenir père (Frank Marshall termina la scène avec les directives de ce dernier par téléphone). On aborde ici - un peu en vrac hélas - les sujets suivants : les décors en extérieurs ; la création des costumes dans le contexte afro-américain et les recherches nécessaires pour les adapter aux diverses époques ; l’importance de la couleur (le cinéaste avait eu la tentation de tourner en noir et blanc mais La Couleur pourpre est pour lui « vraiment un film sur la couleur ») ; la météo et la lumière très changeantes en Caroline du Sud, un fait qui se révéla utile pour représenter les diverses époques ; le problème des fleurs insuffisamment pourpres (on dut en colorier certaines et rectifier l’étalonnage) ; la difficulté de tourner avec des visages noirs qui nécessitent un éclairage approprié que le cinéma avait pour habitude de négliger ; l’usage dramatique de la fumée ; le rôle très important des transitions et raccords, comme le fameux raccord temporel avec l’ombre projetée de Celie sur le mur pour passer d’une actrice à l’autre ; la boîte aux lettres, « huitième personnage du film » ; la fabrication minutieuse des lettres. Deux séquences ont droit à plus de développements : celle de la découverte des lettres avec l’usage symbolique de la fumée et des rayons de lumière (une seule prise fut effectuée compte tenu de l’investissement émotionnel des actrices ; et la séquence finale empreinte de lyrisme pour les retrouvailles. Enfin, Spielberg évoque la critique assassine dont son film fit l’objet, pour une œuvre qui a marqué une étape importante dans sa carrière.



La Couleur pourpre : la comédie musicale (7 min 34)
Dans cette quatrième et dernière partie - bien trop courte, c’est fort dommage -, l’aspect musical du film tient la place centrale. Ce module débute par une phrase prononcée par Steven Spielberg qui s’avère essentielle pour la compréhension de son œuvre : « J’ai fait des comédies musicales toutes ma vie mais je les ai déguisées en drames, en films de science-fiction et en comédies. » Il rappelle à l’occasion sa volonté d’introduire régulièrement des numéros musicaux dans ses films.  Quincy Jones évoque la diversité des styles musicaux utilisés et l’usage des chansons du répertoire afro-américain. « Sister », chanson originale créée spécialement pour La Couleur pourpre, avait ému profondément Alice Walker. Le travail de Jones, créateur de l’atmosphère musicale, est brièvement évoqué ainsi que le sens musical du découpage spielbergien. On sort cependant de ce dernier segment assez déçus par le manque de profondeur de l’analyse et par l’absence de traitement particulier de la bande originale du film composée par Quincy Jones.


Galeries photos
Subdivisée en deux modules - le making-of et le casting) - cette section propose de très nombreuses photographies en noir & blanc et couleur du tournage, 27 images dans le premier et 69 dans le second. Il s’agit d’une quantité conséquente de matériel photographique, malheureusement ces tirages ne sont rendus visibles que sur un quart de l’image…

Bandes-annonces (16/9 - DD 2.0 - SD)
Cette section comporte trois films-annonces : deux bandes-annonces courtes (1 min 16 et 1 min 28) et la bande-annonce originale (1 min 25) en version originale non sous-titré.


Par Ronny Chester - le 14 mai 2020