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Pendant qu'on redécouvre les films de Chantal Ackerman, certains éditeurs poursuivent le travail de mémoire sur l'oeuvre toujours trop méconnue d'une autre cinéaste féministe : Yannick Bellon. Tamasa réédite aujourd'hui L'Amour nu à partir de la belle restauration 4K menée par VDM pour Studiocanal. On saluera un rendu soigné et très agréable à l'oeil, notamment la palette de couleurs nuancée et bien saturée (avec peut-être des pointes d'exagération sur certaines carnations). Si la définition est tout à fait recommandable, avec des gros plans soignés et une impression de finesse régulière, la précision générale semble un peu limitée par un encodage du disque perfectible, ayant tendance à rogner sur les plus petits détails et notamment le grain, un peu trop discret. Les contrastes sont bien équilibrés, dénués de pulsations. La copie est stabilisée et totalement nettoyée.
Son
Proposé en "simple" Dolby Digital, format sonore habituel des DVD (mais pas des Blu-rays où le débit peut être beaucoup plus poussé), le rendu sonore reste très honorable et convaincant. Les voix sont souvent post-synchronisées mais, dans tous les cas, on sent une certaine précision de l'environnement sonore, avec des arrière-plans toujours réalistes. Le spectre est plutôt sage, les basses fréquences se réveillant ponctuellement pour certaines musiques disco (défilé, exposition). Le thème du film est par ailleurs bien retranscrit. Il n'y a pas de soucis spécifiques, l'ensemble est très propre, sans saturations ni souffle disgracieux.
Suppléments
Le film est proposé en DVD et en Blu-ray, accompagnés de Une tragédie optimiste, un livret de 20 pages signé Eric Le Roy, chef de service au CNC et légataire universel de Yannick Bellon. Il revient sur les origines de cette "quête du bonheur" par une cinéaste "trop en avance", et évoque le casting : Marlène Jobert et des "interprètes hors-normes" comme le réalisateur Georges Rouquier ou l'affichiste Jean-Michel Folon, "occasionnellement comédien". Eric Le Roy revient sur l’accueil tiède que reçut le film et retrace ensuite une rapide biographie de Yannick Bellon, monteuse et "cinéaste engagée, à l’écriture très personnelle", qui observait la société et inventait des personnages en reconquête de leur dignité, entre fiction et documentaire. Le livret reprend enfin un bref entretien inclus dans le dossier de presse d’époque, dans lequel Yannick Bellon évoque une "redécouverte de la beauté du monde" à travers une héroïne qui perd confiance en elle et tente de surmonter sa honte.
On trouve également plusieurs suppléments :
Le Bureau des mariages (1962 - 27 min - n&b - HD)
Court-métrage réalisé par Yannick Bellon, d'après Hervé Bazin. Derrière l'histoire d'une vieille fille qui s'ouvre à l'amour en s'inscrivant à une société de rencontres matrimoniales, Yannick Bellon pointe la pauvreté sentimentale d'une certaine France solitaire, un sujet universel et toujours d'actualité...
Le Temps de la reconstruction (17 min - HD)
On retrouve Eric Le Roy pour un entretien assez proche du contenu du livret. Il présente le film dans ses grandes largeurs, évoque l'écriture et les recherches de Yannick Bellon pour un sujet peu traité, qui retrouve ici ses personnages "abîmés par les accidents de la vie" et un travail sur le temps. Il évoque le "couple intéressant" formé par Marlène Jobert, qui faisait "une sorte de pause" dans sa phase polars du début des années 80, et Jean-Michel Folon, qui apporte sa propre nature lunaire et qui ne s'est pas très bien entendu avec elle sur le plateau (ce qui ne se voit pas du tout à l'écran). Il revient sur le projet d'affiche original, remplacée car pas assez vendeuse, et le succès d'estime du film à sa sortie, malgré quelques critiques virulentes.
Suivent enfin deux entretiens (en HD upscalé) menés par Éric Le Roy en 2005, pour une ancienne édition DVD. Marlène Jobert (5min) revient sur cette première collaboration avec une réalisatrice ("quelque chose d'autre"), leur capacité de dialogue et d'échange, et l'un des plus beaux personnages qu'elle ait joué, dans lequel elle est rentrée avec évidence et naturel, sans excès de recherches personnelles, expliquant son intérêt pour "le côté signifiant" du scénario et ce thème qui lui importait. Jean-Michel Folon (14 min) raconte ses hésitations de l'époque entre une carrière d'acteur ("donner vie à quelqu'un qui n'existe pas") et une carrière d'affichiste, "inventer un monde" et des images. Il se souvient de l'aventure "bouleversante" de L'Amour nu, son tournage "éprouvant" à l'hôpital, avec les vrais malades, les scènes de campagne avec Georges Rouquier où il s'était surpris à pouvoir pleurer parce qu'il vivait l'émotion de l'instant. Il évoque l'affiche (refusée) qu'il a fini par composer, expliquant ce travail de proposer une idée abstraite à laquelle les gens donnent un sens.
En savoir plus
Taille du Disque : 24 966 586 912 bytes
Taille du Film : 17 636 167 680 bytes
Durée : 1:41:03.125
Total Bitrate: 23,27 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 1,173 kbps