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Test blu-ray
Image de la jaquette

Johnny Guitare

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 2 décembre 2021

Image

Johnny Guitare est une production Republic Pictures dont le catalogue est aujourd'hui exploité par la Paramount. Le film de Nicholas Ray a bénéficié d'une restauration photochimique réalisée par l'UCLA il y a plus d'une quinzaine d'années. L'éditeur américain Olive Films a une première fois proposé un Blu-ray de cette restauration en 2012, utilisant un transfert HD au format 1.35 (nous possédons un exemplaire de cette édition). En 2014, la Film Foundation de Martin Scorsese s'associe à Paramount pour restaurer en 4K cinquante films du catalogue Republic, parmi lesquels L'homme tranquille et Johnny Guitare. En 2016, Olive Films propose une édition Blu Ray de cette nouvelle restauration 4K (testée par Dvdclassik la même année), dont la particularité notable est de montrer le film au format 1.66. En 2021, Sidonis propose une édition Blu-ray avec l'ancien master HD au format 1.35. Nous avons interrogé l'éditeur français pour connaître les raisons l'ayant conduit à ne pas proposer la nouvelle restauration 4K au format 1.66, voici leur réponse :

Il y a deux choses : d’un côté la restauration du film et de l’autre le choix de faire un cadrage 1:66 pour le ressortir, ce qui est discutable. La restauration est la même pour les deux formats et nous avons fait le choix de l’image originale de tournage en 1:33 sachant que le 1:33 est de meilleure définition. 

Cette réponse appelle plusieurs remarques :

Le format de tournage de Johnny Guitare et son format de projection
D'après les archives collectées par le site 3dfilmarchive, El Paso Stampede tourné en  1953 est le dernier film du studio Republic Pictures à avoir été cadré au format 1.37 uniquement. A partir de cette date, toutes ses productions mises en chantier sont tournées selon la technique dite du Shoot and protect : l'opérateur cadre en 1.66 et  s'assure que le 1.37 est exploitable. Ainsi le film est projeté dans les deux formats dans les salles américaines selon leur capacité d'équipement (écran large, caches appliqués sur le projecteur). Johnny Guitare a été tourné fin 1953, il entre donc dans la catégorie des films bi-format. Cette affiche publicitaire pour un cinéma américain mentionne bien une projection du film sur son écran géant panoramique.

La restauration est la même pour les deux formats ?
Nous ne comprenons pas cette affirmation de similitude, le master proposé par Sidonis n'est pas entièrement nettoyé, griffures et tâches sont encore présentes,  alors que la restauration 2016 a éliminé tous ces défauts de surface. De plus, le parti-pris d'étalonnage est totalement différent entre les deux masters, à ce sujet nous ne sommes pas en mesure de qualifier une restauration meilleure que l'autre en termes de fidélité de reproduction des couleurs du procédé Trucolor, la seule chose que nous pouvons affirmer c'est que l'étalonnage est différent, comme le montre nos comparatifs ci-dessous.  Donc non, le master HD proposé par Sidonis n'est pas issu de la restauration 4K 2016, mais c'est bien le master édité par Olive Films en 2012 qui n'a jamais été mentionné comme étant une restauration 4K, et qui en aucun cas n'en a l'apparence.

Comparatif 1 Comparatif 2

La version 1.33 a-t-elle une meilleure définition ?
Selon vos critères de jugement nous vous laisserons apprécier cet aspect en vous rapportant aux quatre comparatifs ci-dessous. Selon nous, la nouvelle restauration 4K propose un plus grand respect des textures, et c'est largement confirmé en projection  sur grand écran. Le grain est plus dense, la veste de Sterling Hayden est plus détaillée sur la version 1.66.

Comparatif 3 Comparatif 4 Comparatif 5 Comparatif 6

Sans rejeter complètement l'ancien master 1.37, qui d'une certaine manière possède une  légitimité et des qualités techniques suffisantes pour apprécier une diffusion sur grand écran, nous nous interrogeons cependant sur ce choix de ne pas proposer la restauration 4K alors que la jaquette de l'édition Sidonis mentionne  un master qui en est issu, ce qui est pour le moins contradictoire. Objectivement, la meilleure attitude aurait été de proposer les deux masters sur deux disques séparés. Nous sommes conscients qu'économiquement cette pratique  puisse effrayer l'éditeur, mais c'est à ce prix que l'édition physique conservera son attrait auprès du cinéphile.

Son

Ce que nous avions écrit à propos de la bande sonore restaurée de Johnny Guitare lors du test de l'édition américaine reste valable, il n'y a pas de différences notables entre les différentes versions. Le souffle y est absent, les craquements et autres plop sonores ont été supprimés. Le moment le plus agréable de cette bande sonore est sans conteste la chanson Johnny Guitar écrite et interprétée par Peggy Lee et superbement mise en musique par Victor Young, le mixage est excellent et les instruments se détachent parfaitement. Si vous possédez une bonne installation sonore, profitez de ce moment magique. La version française d'époque est également proposée, elle en est assez soignée. Pour une foi,s nous dirons qu'elle est d'un intérêt non négligeable, car comme nous l'explique Bertrand Tavernier dans les suppléments, ce film a été découvert en France dans les années 50 uniquement en version française. Et tous les cinéphiles qui l'admiraient connaissaient les dialogues français par coeur.

Suppléments

Présentation par Martin Scorsese (4 min - SD)
Cette présentation date de 2005,  et était déjà présente sur les DVD proposant le premier master SD de la restauration photochimique de l'UCLA. Le cinéaste y vante les mérites de la nouvelle vague française qui fut la première à révéler les qualités de Johnny Guitare, un film qu'il juge paroxystique, exalté et d'une modernité que personne n'a su percevoir aux Etats Unis au moment de la sortie du film.

Présentation par Bertrand Tavernier (36 min - HD)
Cet entretien a été réalisé en 2018 dans le cadre des Rencontres d'Olivier Père, diffusé sur Arte. Le cinéaste évoque ici un western qui renouvelle le genre en faisant exploser les codes traditionnels. Cet aspect le passionne et c'est naturellement vers la recherche de la paternité du scénario de Johnny Guitare que s'oriente l'exposé de Bertrand Tavernier, la rumeur voulant que Phillip Yordan  n'en soit pas le vrai auteur, citant  Ben Maddow et Roy Chanslor qui est l'auteur du roman original . Puis il évoque le comportement difficile, voire odieux, de Joan Crawford lors du tournage en s'appuyant sur les confidences de Sterling Hayden et Nicholas Ray. Ward Bond en prend également pour son grade (le connard préféré de John Ford), lui qui participa à sa manière à débusquer les communistes au sein d'Hollywood, sans s'apercevoir qu'il jouait dans un film qui, justement, dénonçait la chasse aux sorcières. Pour finir, même s'il admet que certaines péripéties défient la vraisemblance, on comprend que Tavernier tient en très haute estime ce western étrange et hors norme, et ce n'est pas la maladie qui l'empêche une nouvelle fois d'exprimer sa passion communicative. L'entretien se termine par un passage au flou toujours aussi émouvant...

Présentation par Jean-François Giré (20 min - HD)
Dans cette intéressante présentation, Jean-François Giré décrypte les aspects formels du film et plus particulièrement l'utilisation de la couleur, élément visuel prépondérant utilisé par Nicholas Ray pour caractériser les personnages. Il en résulte un film baroque mal aimé de la critique à sa sortie en France, mais réhabilité par François Truffaut. Puis le journaliste propose d'étudier la rivalité destructive des deux personnages féminins du film, interprétés par Joan Crawford et Mercedes McCambridge, ce qui l'amène inévitablement à dévoiler la scène finale - ce que l'éditeur signale par un panneau au début de l'entretien.


Présentation par Patrick Brion (22 min - HD)
Patrick Brion démarre cet entretien en évoquant le studio Republic Pictures et son producteur emblématique Herbert J Yates. Une firme au catalogue mal connu et sous-estimé. Bien que le journaliste et historien soit conscient qu'il ne comporte pas que des chefs d'oeuvres, le western est le genre favori du studio et son producteur Herbert J Yates aimait de temps à autre mettre en chantier une oeuvre ambitieuse avec aux commandes un cinéaste de renom comme John Ford ou Nicholas Ray. La deuxième partie de l'entretien revient sur l'écriture du scénario en citant Bertrand Tavernier, ce qui peut paraître redondant avec le premier entretien de ces suppléments. Puis il évoque la personnalité de Nicholas Ray, un homme qu'il a pu rencontrer à la Cinémathèque, et d'apparence solide physiquement, une physionomie qui pourrait rappeler celle de Sterling Hayden dans Johnny Guitare. Ce qui n'empêchera  pas le tournage de se dérouler dans la difficulté, ainsi les relations entre les deux comédiennes Joan Crawford et Mercedes McCambridge furent houleuses.

Clip Peggy Lee (4 min - HD)
Il s'agit d'un document d'archive (un scopitone probablement, non daté), l'interprétation de la chanson Johnny Guitar par Peggy Lee qui en est aussi l'auteure des paroles, Victor Young en ayant écrit la musique.

Bande annonce musicale ( 3 min.-SD)

Bande annonce originale ( 3 min.-HD)

Un livret de 80 pages rédigé par Patrick Brion
Richement documenté, ce livret compile des citations souvent savoureuses de Joan Crawford et Nicholas ray. On y trouve également un chapitre entier consacré au studio Republic, un autre est consacré à l'écriture du scénario avec des extraits de l'interview de Philip Yordan réalisé par Bertrand Tavernier et publié dans Amis américains, on y trouve également un entretien instructif avec Nicholas Ray publié dans Les Cahiers du Cinéma. Le livret se termine sur un intéressant recueil de critiques dont celles enthousiastes de Truffaut et Godard, ainsi que celle plus réservée de Ruy Nogueira qui juge sévèrement le procédé Trucolor.

En savoir plus

Disc Size: 47,452,853,412 bytes
Protection: AACS
Playlist: 00000.MPLS
Size: 29,324,648,448 bytes
Length: 1:49:56.506
Total Bitrate: 35.56 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30037 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1901 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /  1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1563 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /  1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0.167 kbps
Subtitle: French / 30.721 kbps

Par Jean-Marc Oudry - le 16 décembre 2021