Test blu-ray
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Jeunesse perdue

BLU-RAY - Région B
Tamasa
Parution : 20 mars 2025

Image

Jeunesse perdue a bénéficié d'une restauration 4K menée par la Cineteca de Bologne et StudioCanal, en collaboratio avec Cristaldifilm, à partir d'un négatif original conservé à la Cineteca Nazionale de Rome, et complété, pour les parties manquantes, par un duplicata positif. Les travaux ont été menés au laboratoire de L'Immagine Ritrovata (ce qui demeure une forme de garantie).

Le résultat est souvent très beau, quoique hétérogène, compte tenu à la fois de la nature éparse des sources mais également des prises de vue : plusieurs plans souffrent en effet d'une mise au point ratée (voir captures 4 ou 25), qui contraste fortement avec le reste.

La copie est en tout cas d'une propreté impeccable, avec un cadre stable, et les plans les plus nets permettent d'apprécier la finesse de la définition (voir par exemple le briquet de la capture 22) ou la richesse des contrastes (capture 21). Si on peut relever quelques petits effets de compression dans les noirs dans les séquences les plus sombres ou des blancs à l'occasion un peu gris, le rendu formel du noir et blanc, assez travaillé, est tout à fait plaisant. Le grain argentique est présent et offre un rendu naturel.

Son

Une seule version disponible, en version originale italienne avec sous-titres français (amovibles) - pas de sous-titres bretons cette fois. Le son est propre, et aucune déperdition n'a été constatée dans les dialogues. Les ambiances (de rue ou de cabaret) sont parfois un peu plates, mais l'équilibre du mixage est globalement satisfaisant.

Suppléments

Dans le boîtier, un (petit) livret d'une dizaine de pages recueille deux textes : le premier est un extrait d'un article signé Elena Dagrada, qui revient sur l' "affaire Gioventù Perduta", à savoir cette lettre co-signée par des réalisateurs, scénaristes et intellectuels de l'époque, publiée dans la presse nationale en soutien au film face à la censure. Le second, intitulé Une école du crime ? et signé Luca Prono, revient sur la double nature du film, entre "esthétique noire" et "document d'époque".

Sur le disque, le principal supplément est un module d'analyse - Jeunesse perdue par Aurore Renaut : le néoréalisme noir (36' - HD) - mené (tambour battant) par Aurore Renaut, spécialiste du cinéma italien qui avait déjà accompagné d'autres films de Pietro Germi édités par Tamasa, notamment Le Chemin de l'espérance. Avec beaucoup de clarté et d'efficacité, elle retrace dans un premier temps le contexte qui permet de comprendre en quoi Jeunesse perdue constitue un "chaînon manquant pour comprendre le néoréalisme italien", en ce qu'il s’intéresse en particulier à une autre population de l’Italie d’après-guerre, la haute bourgeoisie, et qu'il va à l’encontre d’une approche majoritaire qui situe l’origine de la délinquance dans la pauvreté (elle analyse ainsi le cas de Stefano, un personnage de bourgeois "qui aspire au superflu"). Son descriptif de la situation politique de la fin des années 40 est limpide, avec dans un premier temps une "liberté étatique" qui aura favorisé l’essor du néoréalisme, puis le retour de la censure, avec le "personnage-clé" de Giulio Andreotti, alors âgé de 28 ans et farouchement anti-néoréalisme. Elle identifie une double censure à l'oeuvre : dans un premier temps une "censure préventive", avec un certain nombre de scènes supprimées, puis la récusation du film par Andreotti qui perçoit dans le cinéma une "école du crime" (voir livret plus haut). Elle revient évidemment sur la campagne de presse pour défendre le film (voir également livret), puis se livre à une identification d'une forme de "néoréalisme noir", largement sous l’influence d’Alfred Hitchcock (et le parallèle, en particulier, avec L’Ombre d’un doute, est tout à fait pertinent). Elle insiste, sur cet aspect "noir", sur "tout ce qu’on ne voit pas" dans le film, et sur la réussite d'un "casting de typologies américaines adaptées au cinéma italien". En résumé, le film (qui fut un gros succès à sa sortie mais qui n'était probablement pas sorti en France), accomplit une "greffe" en forme d' "hommage au film noir" mais "dans un contexte purement italien".

La bande-annonce de la rétrospective consacrée à la distributeur en 2023 à "trois films tournés en Sicile" (Au nom de la loi, Le Chemin de l'espérance et Séduite et abandonnée) de Pietro Germi complète ces suppléments. 

En savoir plus

Taille du Disque : 22 905 812 992 bytes
Taille du Film : 16 639 881 216 bytes
Durée : 1:20:41
Total Bitrate: 27,50 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italien Dolby Digital Audio / 2.0 / 192 kbps 
Sous-titres : Français

Par Antoine Royer - le 3 avril 2025