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Test blu-ray
Image de la jaquette

Je suis vivant !

BLU-RAY - Région B
Le Chat qui Fume
Parution : 13 août 2020

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Encore une belle sortie pour Le Chat qui fume avec Je suis vivant !, réédité pour la première fois en France depuis l'édition DVD Neo Publishing de 2007. Le film était disponible en Blu-ray depuis plusieurs années en Angleterre (en 2016 chez 88 Films) ou aux Etats-Unis (en 2018 chez Twilight Time) mais le matériel proposé aujourd'hui est celui ayant servi à l'édition allemande Camera Obscura, sortie en 2015. Des Blu-ray qui semblent tous partir du même scan, sans doute 2K, où l'on distingue cependant une légère différence de cadrage (l'allemand/français étant un peu plus resserré) et un étalonnage plus froid pour les anglo-saxons. Malgré une petite douceur récurrente du trait, conséquence d'une faiblesse technique du scan d'époque ajoutée à une mise au point pas toujours optimale, la définition reste heureusement convaincante, aidée par un niveau de détail satisfaisant (et bien palpable durant les beaux gros plans). Le grain est fin et très abondant, donnant une patine bien organique aux images, sans souci de compression (le débit vidéo est stratosphérique). La copie est assez stable, complètement nettoyée, et bénéficie de contrastes très équilibrés, sans problèmes de pulsation. La colorimétrie est soignée, plutôt nuancée, sans dérives suspectes. Bref, des conditions de visionnage très agréables.

comparatif DVD Neo Publishing (2007) vs. Blu-ray LCQF (2020)1  2  3  4  5

Son

Elle était absente du DVD Neo Publishing, Le Chat qui fume réintègre enfin en France la version originale italienne de Je suis vivant ! Malgré une dynamique encore un peu modeste, la piste entièrement post-synchronisée se révèle propre et claire, dénuée de souffle ou de craquements. Voix et musique sont plutôt bien équilibrées, avec des arrière-plans d'ambiance bien présents. La version française est nettement en deçà, beaucoup moins subtile et aux voix plutôt "écrasées" entre les ambiances et la musique (pas toujours identique à la VO d'ailleurs). On peut parfois remarquer un léger bruit numérique en fond sonore. Une piste peut-être reprise d'une vieille VHS ? Il s'agit en tout cas d'un doublage fabriqué dans les années 80, on reconnaît certaines voix typiques, et non au moment de la sortie du film - ce qui pourrait expliquer que Jean Sorel n'ait pas été sollicité pour y participer en 1971, comme il le raconte dans les suppléments : le film était-il sorti en VF à l'époque ?

Suppléments

Je suis vivant ! est proposé dans un beau digipack à volets inclus dans un fourreau cartonné, au design soigné et efficace (signé Frédéric Domont) qui reprend notamment l'affiche originale. Cette édition est limitée à 1 000 exemplaires. Et, comme c'est souvent le cas avec Le Chat qui fume, le disque est gorgé de suppléments.

Commentaire audio d'Aldo Lado
Repris de l'édition Neo Publishing, un commentaire du réalisateur en français, bien orienté par les remarques de Federico Caddeo. Aldo Lado est tout sauf avare en détails : sur le tournage à Prague et son décor "étouffant", ce qui l'a inspiré pour son scénario (des magistrats rebelles au pouvoir étaient enterrés vivants en Sicile) ou les papillons, "la grande métaphore du film" avec la présence des aveugles, ces gens "qui ne veulent pas voir". Il explique et approfondit certains éléments du scénario ("la société vampiresque"), parle de son équipe, comédiens, maquilleuse, directeur photo, etc. Très détaillé, et malgré quelques redites par rapport au supplément "Tchèque et mat" (ci-dessous), l'ensemble reste très intéressant.

Le producteur sans argent (20 min - 1080i - VOSTF)
Module spécialement produit pour cette édition dans lequel le producteur Enzo Doria, peu loquace et visiblement intimidé, parle de la "terrible aventure" de Je suis vivant !, marqué par son association avec un coproducteur malhonnête qui payait avec des chèques en bois. C'est l'autre point de vue d'un incident également relaté par Aldo Lado et Jean Sorel, qui garde encore de sérieuses rancunes contre lui. Doria raconte qu'il dut faire d'autres films pour rembourser ses dettes, des oeuvres visiblement loin de la qualité de son premier fait d'arme (Les Poings dans les poches) : il est ainsi interrogé sur quelques-unes de ses productions, comme Qui l'a vue mourir ? d'Aldo Lado, avec George Lazenby ("une andouille"), Le Démon aux tripes, copié de L'Exorciste, Tentacules et Les Chasseurs de monstres qui surfaient sur le succès des Dents de la mer... Le producteur parle brièvement de l'équipe de Je suis vivant !, s'attardant un peu plus sur Ennio Morricone et leur dernière collaboration.

Le Chat qui fume propose ensuite une grande partie des suppléments de l'édition Camera Obscura, produits en 2015 :

Tchèque et mat (97 min - SD - VOSTF)
Selon la faconde des personnalités interrogées devant la caméra, les suppléments produits par Freak-O-rama ont quelquefois tendance à durer un peu inutilement, à privilégier la longueur du module plutôt que son rythme et son efficacité. Pour cette rencontre avec le réalisateur Aldo Lado, Federico Caddeo est tombé sur un bon client et a judicieusement choisi de conserver l'interview dans sa durée et sa continuité : le réalisateur, 81 ans au moment de l'enregistrement, converse à son rythme et bifurque allègrement d'anecdotes en anecdotes. Le résultat de ce long supplément est une conversation tranquille mais toujours très intéressante avec un artiste oublié du cinéma de genre italien. Aldo Lado évoque la réalisation de son premier film Je suis vivant ! après des débuts dans l'assistanat et l'écriture de scénario. Il raconte la recherche de producteur, le montage financier et l'aide précieuse d'une société de production locale, le tournage à Prague sans autorisation, malgré la dictature soviétique, ou les raccords en studio tournés en Yougoslavie et à Rome, filmés simultanément dans plusieurs langues.


Aldo Lado est consciencieusement interrogé sur chaque membre de l'équipe du film. Il évoque ses rapports avec le producteur Dieter Geissler ou le maestro Ennio Morricone, le monteur "extraordinaire" Mario Morra qui l'a pourtant délaissé pendant la post-production, le dénigrement systématique du directeur photo Giuseppe Ruzzolini durant les premiers jours. Terence Hill aurait pu être le héros du film si son agent n'avait pas explicitement demandé à modifier la fin, mais les relations de travail se sont révélées excellentes avec Jean Sorel. Lado se souvient également des "heureux souvenirs" avec Mario Adorf ou José Quaglio (son "porte-bonheur"), les quelques frayeurs rencontrées avec le "mythe" Ingrid Thulin lors d'une scène aux projecteurs mal sécurisés qui brûlèrent les yeux de l'actrice, ou explique le choix de Barbara Bach. Quelques anecdotes sont plutôt cocasses, comme la modification des affiches en urgence, un film de Duccio Tessari utilisant lui aussi le mot "papillon" dans son titre ; ou le tournage des scènes d'orgie avec des petits vieux ramenés des hospices. L'entretien est ponctué de quelques brèves interventions de Jean Sorel qui se souvient de la Tchécoslovaquie post-révolution et son ambiance surveillée, ou le cachet du film qu'il n'a pas reçu à l'époque... Il ne découvrit d'ailleurs Je suis vivant ! qu'à l'occasion de ce supplément, n'ayant pas été contacté pour participer au doublage français, à l'époque !

Italie : un aller-retour (29 min - SD - VOSTF)
Dieter Geissler, futur producteur de L'histoire sans fin, revient sur son parcours d'acteur (pour des séries TV et quelques films) avant qu'il ne se fixe en Italie et se spécialise dans la production (Ludwig de Visconti). Il raconte le tournage de Je suis vivant! à Zagreb, décor parfait pour illustrer l'"atmosphère un peu mystique" et la "vision très claire" d'Aldo Lado, à la mise en scène "tout à fait palpitante". Il explique un peu le fonctionnement des coproductions européennes, l'élaboration d'une distribution de film "comme une partie d'échecs", ou le goût des italiens pour un tournage en anglais... sans maîtriser la langue! Il fait quelques commentaires sur le casting du film, de bons acteurs à la célébrité cependant insuffisante pour provoquer un grand succès. Production inhabituelle pour l'Europe, Je suis vivant! était par ailleurs "difficile à classer" et à vendre, ce qui ne l'a pas empêché d'être exploité par la suite à l'étranger sous différents titres...

Le besoin de chanter (21 min - 1080i - VOSTF)
Rencontre avec Edda Dell' Orso, soliste qui a participé à de nombreuses bandes originales de film, et pas des moindres, notamment aux côtés d'Ennio Morricone qu'elle rencontra pour la première fois quand il était encore arrangeur pour la RAI. Elle évoque son parcours et sa passion du chant, "un besoin de l'esprit" qui "faisait partie de moi". Mal dans sa peau pendant longtemps, au point que ses expériences au théâtre seront pour elle "une sorte de thérapie", elle mettait véritablement son âme à nu dans ses vocalises. On sent que Federico Caddeo essaye de creuser l'interview, tente de la faire parler davantage de ses participations aux musiques de film. Mais la chanteuse reste très succinte sur ses souvenirs : trop concentrée sur son interprétation à l'époque, elle ne s'était pas du tout intéressée au travail en studio. Elle dit apprécier la "nonchalance" de sa voix dans Je suis vivant! et c'est à peu près tout. L'idée de la rencontrer était pourtant judicieuse, dommage...

Monter les poupées de verre (23 min - 1080i - VOSTF)
Le monteur Mario Morra revient sur une longue carrière de près de 130 films en quarante ans - jusqu'à l'avènement de "cette saloperie d'ordinateur", et raconte ses débuts, ses années d'apprentissage auprès de monteurs confirmés comme Roberto Cinquini. Il se souvient de ses "conneries" de monteur débutant, évoque sa collaboration avec Gillo Pontecorvo sur La bataille d'Alger ou son travail pour les longs reportages d'actualité à la télévision. Il parle très brièvement d'Aldo Lado, "un brave homme qui a réalisé de bons films", et notamment de son débarquement du film L'humanoïde, en 1979.

Bande-annonce originale (3 min 06 s - 1080p - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 48 735 149 432 bytes
Taille du Film : 29 686 694 208 bytes
Durée : 1:36:48.886
Total Bitrate: 40,88 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 36,40 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 36403 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 988 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 971 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: Multiple languages / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 448 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 0,014 kbps
Subtitle: French / 24,870 kbps
Subtitle: French / 0,014 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 20 octobre 2020