Innocents

Après la belle édition du Dernier empereur, en octobre dernier, Metropolitan Films retrouve Bernardo Bertolucci avec The Dreamers, restauré en 2023 à partir du négatif original 35mm. Les travaux ont été effectués en 4K par le laboratoire italien L'Immagine Ritrovata, sous la supervision du directeur de la photographie Fabio Cianchetti. Le rendu est très convaincant (le contraire aurait été plus que surprenant pour un film aussi récent!), avec une précision qui est au rendez-vous : le trait est aussi ciselé que possible par rapport à la pellicule utilisée, et le niveau de détail est soutenu. La patine argentique est respectée, plutôt fine, parfois plus discrète, mais toujours très bien gérée par l'encodage, sur les deux disques. On notera que les cadrages sont bien plus aérés par rapport au précédent master, sorti en France en DVD chez Aventi, dans les années 2000. Malgré une saturation très affirmée, l'étalonnage nous a paru assez naturel, notamment peu marqué dans les excès magenta, accompagné de contrastes équilibrés et stables. La copie est profondément nettoyée.

comparatif DVD Aventi (2004) vs. Blu-ray Metropolitan vidéo (2025) :
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Pour la version originale, la piste son a été restaurée à partir des masters originaux. Elle est à la fois proposée en 5.1 (DTS-HD Master Audio) et stéréo (DTS), pour un rendu assez proche et très réussi. Film récent oblige, la qualité du son est au diapason, entre la grande précision des détails, la très belle présence des voix cristallines et le bon équilibre de l'ensemble. La spatialisation est mesurée mais efficace lorsqu'elle intervient, jouant dans les surrounds de manière ponctuelle mais palpable. On ne relève évidemment aucune trace d'usure. La version française en 5.1 ne s'en sort pas si mal, avec un rendu des voix convaincant et des caractéristiques globalement semblables, même si la spatialisation est un tout petit peu moins accentuée.

Innocents est proposé en Blu-ray et Blu-ray UHD dans un digipack 4 volets avec fourreau, accompagné d'un livret de 56 pages composé par Nicolas Rioult. Il livre une contextualisation et des pistes d’analyse des Innocents, “un film de son temps”, inspiré du roman-hommage aux Enfants terribles de Melville, et oeuvre rétrospective sur la jeunesse des auteurs. Il évoque les citations cinéphiles qui parsèment le film, l’appartement central au récit qui rappelle celui du “remake détesté” de Suspiria, par un Luca Guandagnino grand fan de Bertolucci, ou le “cocon charnel et chaleureux”, coupé de la réalité, dans une “trame hors du temps, hors du monde, hors de la morale, hors des conventions”. Nicolas Rioult résume l’affaire Langlois et les manifestations à la Cinémathèque, précise (avec carte à l’appui) les différents lieux et décors du film, parfois commentés par le décorateur Jean Rabasse ou le producteur Jeremy Thomas, et revient sur les citations de films avec lesquelles joue Bertolucci. À cela s’ajoute un texte très intéressant de Gilbert Adair, l’auteur du livre qui raconte son expérience de co-scénariste - sa découverte de l’écriture à 4 mains, les compromis imposés par le cinéma - et d’observateur sur le tournage, “le rêve que nous rêvions tous ensemble”. Il félicite notamment les comédiens qui ont mieux compris leurs personnages que les auteurs, au point qu'ils ont fini par se révolter face à la “fausse route” que le scénario prenait, selon eux...

Innocents est accompagné de plusieurs suppléments, proposés à la fois sur le Blu-ray et le Blu-ray UHD :

Commentaire audio (VOSTF)
Le réalisateur Bernardo Bertolucci, son co-scénariste et écrivain Gilbert Adair, le producteur Jeremy Thomas  se prêtent au jeu du commentaire, riche et très intéressant. On évoque “une mise en film de l’esprit des années 60” ; le tournage dans la chronologie, pour mieux observer l’évolution des personnages ; la scène au Louvre ; le jeu sur le passé et le présent qui se côtoient parfois, notamment par l’intégration d’extraits de films anciens ; la dimension homo-érotique moins présente dans le film ; le choix des interprètes débutants, leur peur des “moments graphiques”, érotiques et sexuels, tout en étant prêts à la découverte d’un tournage ; le moment où “le film tout entier commence à tenir du rêve” ; le degré d’improvisation par rapport à un scénario qui n’explique pas complètement en détail le contenu des scènes ; la richesse apportée par le décor réel de l’appartement ; les musiques entendues dans le film...

Cinéma-sexe-politique (51min - HD avec upscale - VOSTF)
Déjà proposé sur le précédent DVD français, ce documentaire produit par la BBC en 2003 est somme toute très classique puisqu'il propose des entretiens avec Bernardo Bertolucci, le scénariste Gilbert Adair, le producteur Jeremy Thomas et les 3 acteurs. Mais, outre la recontextualisation des évènements de 1968 (que Bertolucci avait vécu de près), ce qui retient surtout l'attention sont les images du tournage : l'équipe de la BBC a assisté à la fabrication de plusieurs scènes, ce qui permet de voir le réalisateur au travail, essayant de "voler leurs secrets" aux acteurs et capter le "temps perdu" de cette jeunesse qui transgressait. On évoque la reconstitution de l'époque, les avantages du steadicam (être "sur des ailes"), le décor du véritable appartement où ils ont tourné, les scènes de nus avec ces jeunes interprètes... Un bon documentaire, dont le matériel a servi pour les suppléments suivants.

Making of (5min - HD avec upscale - VOSTF)
Module promotionnel en version courte qui reprend les images du tournage du document de la BBC, et ajoute quelques brèves interventions de l'équipe.

Entretiens avec l'équipe (25min - HD avec upscale - VOSTF)
Version longue des interviews promotionnels du précédent module. Gilbert Adair explique la "passion abusive" pour le cinéma dans les années 60 et parle du film  qui "montre une époque où tout semblait possible à une époque où tout semble impossible". Bernardo Bertolucci parle des acteurs, leurs rencontres avec les personnages d'"une génération qui voulait transgresser". Les acteurs parlent du travail avec Bertolucci, comment Michael Pitt a composé son personnage, ce que représente mai 68 pour la jeunesse d'aujourd'hui. Le producteur Jeremy Thomas évoque son rôle de "facilitateur".

Images de tournage (12min - HD avec upscale - non sous-titré)
Rushes des images du tournage par la BBC, qui permet une immersion encore plus grande sur les plateaux.

Bande-annonce 2025 (1min 44s - HD avec upscale - VOSTF)

Taille du Disque : 47 232 685 262 bytes
Taille du Film : 38 901 301 248 bytes
Durée : 1:55:07.500
Total Bitrate: 45,05 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 32,84 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 32847 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4196 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS Audio / 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4434 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 0,748 kbps
Subtitle: French / 16,219 kbps
Subtitle: French / 46,008 kbps