Test blu-ray
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Hier, aujourd'hui et demain

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 7 mai 2024

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Quinze ans après l'avoir proposé en DVD, Carlotta réédite Hier, aujourd'hui et demain dans sa toute dernière restauration 4K, effectuée par le laboratoire L'Immagine Ritrovata pour la Film Foundation et la Cinémathèque de Bologne. Les travaux ont été effectués à partir du négatif Techniscope, procédé par exemple utilisé sur certains films de Sergio Leone ou Dario Argento, Un homme de trop de Costa-Gavras ou même American Graffiti de George Lucas, qui avait l'avantage d'être moins coûteux en pellicule (il imprimait une plus petite surface que les habituels formats larges, sur une hauteur de deux perforations au lieu de 4), mais produisait en conséquence de ces photogrammes réduits des images un peu moins détaillées, avec un grain plus épais et affirmé. Des caractéristiques que l'on retrouve dans cette nouvelle restauration, avec une impression de petite douceur encore palpable (le niveau de détail nous a paru peu accentué pour du 4K). À l'exception des plans truqués (titrages) bien plus épais, la définition reste heureusement tout à fait correcte, la précision manquant quand même de tranchant. Supervisé par le directeur de la photographie Luciano Tovoli, assistant caméra sur le film, l'étalonnage retrouve des tonalités d'époque de manière assez franche alors qu'elles avaient été totalement atténuées sur le précédent master, au rendu plus neutre et télévisuel. L'aspect argentique est en tout cas cohérent et équilibré, les ambiances restent (très) chaudes et globalement assez vives, bien saturées, avec de fréquents mais légers glissements vers le magenta. On rappellera que la philosophie du laboratoire italien est de conserver au plus près les rendus d'origine. Nous aurions tendance à lui faire confiance car ce genre de prestataire prestigieux ne fait pas d'étalonnage à la légère, c'est au contraire réfléchi et documenté, même s'il y a ici l'intervention d'un tiers. On peut parfois constater quelques petits écarts un peu moins naturels qui rappellent les difficultés que les directeurs photo pouvaient rencontrer à l'époque avec des pellicules qui autorisaient peu de souplesse, et pouvaient donc imposer quelques tonalités peu cohérentes voire suspectes. On pensera par exemple à certains raccords couleurs non homogènes d'un plan à l'autre, ou à ces noirs très souvent colorés, pouvant aujourd'hui choquer la rétine alors qu'ils étaient habituels du temps de la photochimie. Les contrastes restent dans une densité mesurée mais équilibrée, sans pulsations. La copie a été stabilisée et totalement nettoyée.

DVD Carlotta (2009) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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Son

Seule piste proposée, la version originale italienne se montre curieusement un peu trop modeste pour une restauration de ce niveau. Est-il besoin de signaler ce souffle permanent et souvent assez perceptible, qui n'a pas été suffisamment tempéré ? La dynamique générale est assez plate, sans éclat particulier, notamment par la quasi absence de basses fréquences. Le rendu des voix reste honnête, sans présence particulièrement efficace, ce qui est (précisons-le) souvent le cas du cinéma italien des années 40 à 60. On notera toutefois que le film mêle (sans différences notables de textures) post-synchronisation et prises de son en direct, ce qui était assez rare pour l'époque : on peut sentir un certain niveau de détail dans la captation des voix et des réverbérations, même si le souffle tend à gommer les nuances. On ne relève pas de sifflantes ni saturations.

Suppléments

La comédie italienne comme contre pouvoir (25 min - HD avec upscale)
Unique supplément du Blu-ray, repris du DVD de 2009, dans lequel l’enseignante en cinéma Aurore Renaut revient sur les origines de la comédie italienne, inspirée du théâtre social et grotesque de la Comedia del Arte, et inventée à la fin des années 50 pour prolonger le néo-réalisme, alors soumis à une "forme de censure" par le parti Démocrate Chrétien qui préférait subventionner un cinéma plus "inoffensif" qui n’offrirait pas une image négative du pays. Aurore Renaut raconte la transition avec le "néo-réalisme rose" de Pain, amour et fantaisie et des films de Toto très ancrés dans le réel, avant le coup d’envoi du genre grâce au Pigeon de Mario Monicelli, sur "les oubliés du miracle économique italien", qui marque aussi un passage de relai avec une nouvelle génération d’acteurs. L’enseignante livre une analyse brève mais intéressante de Hier, aujourd’hui et demain, sa vision du pays à travers ses sketches ancrés dans différentes régions, ou ses personnages très caractérisés, notamment grâce à Sophia Loren, "icône sexy" très populaire, qui donne "une image plurielle de l’Italie" des années 60. Aurore Renaut raconte les coulisses du fameux strip-tease, ou raconte le couple qu’elle formait avec le producteur Carlo Ponti, notamment leur officialisation compliquée par les archaïsmes religieux.


En savoir plus

Taille du Disque : 38 056 942 591 bytes
Taille du Film : 35 906 648 640 bytes
Durée : 1:59:36.627
Total Bitrate: 40,03 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,05 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37056 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1040 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,767 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 13 juin 2024