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Test blu-ray
Image de la jaquette

Ginger et Fred

BLU-RAY - Région B
Tamasa
Parution : 2022

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Après Les Vitelloni et Les nuits de Cabiria, Tamasa poursuit la réédition des films de Federico Fellini détenus par TF1 Droits Audiovisuels avec Ginger et Fred, récemment restauré en 2K et vraisemblablement présenté pour la première fois au monde en Blu-ray. La restauration se montre particulièrement efficace, avec un très bon niveau de définition, un trait aiguisé et beaucoup de détails. Seuls les plans truqués (incrustations dans les écrans de télévision) restent plus doux et moins détaillés. La copie est immaculée et totalement stabilisée. La colorimétrie est plaisante à l'oeil, plutôt vive et bien saturée, mais peut-être un peu trop modernisée et n'évitant pas des dérives magenta parfois trop appuyées. Les contrastes sont peu accentués, ce qui est conforme à la volonté du directeur de la photographie - assumée par exemple dans quelques intérieurs qui ont été légèrement enfumés pour casser les ombres. La patine argentique est respectée et palpable, le grain est fin, et même assez présent. Il est toutefois tempéré par un débit vidéo moyen, limité par l'utilisation d'un Blu-ray qui est seulement simple couche, bien trop juste pour un film de plus de 2h auxquelles s'ajoutent 40 minutes de suppléments. L'encodage reste plutôt invisible au visionnage, sans provoquer d'artefacts notables en mouvement, mais il atténue sans aucun doute la qualité du grain. Une présentation enfin correcte de Ginger et Fred, après la précédente édition DVD au master plus que discutable...

DVD LCJ (2005) vs. Blu-ray Tamasa (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Imposé par la durée conséquente du film et la place disponible réduite du Blu-ray simple couche, les pistes sonores sont proposées en "simple" Dolby Digital. La version originale italienne, entièrement post-synchronisée, se montre claire et assez équilibrée. Les ambiances sont présentes, parfois dans un brouhaha volontaire. Le spectre est limité en graves, l'aspect général reste assez sage. La version française est de bonne tenue, avec une clarté peut-être un peu plus poussée (et une musique mieux détaillée). Mais les voix sont sans doute trop mises en avant, provoquant un léger déséquilibre au détriment des arrière-plans. Dans les deux cas, les pistes sont d'une grande propreté. Les conditions d'écoute, malgré le débit modeste, sont très confortables.

Suppléments

Ginger et Fred par Frédéric Mercier (37 min - HD)
Le critique du magazine Transfuge et chroniqueur au Cercle de Canal Plus livre une longue et belle analyse du film, expliquant comment Fellini règle ses comptes avec l'Italie de l'époque, alors sous l'emprise de la télévision et de la "stratégie de monopole" d'un certain Silvio Berlusconi. Avec Ginger et Fred, le réalisateur fait une satire de la société du spectacle et montre, presque sous un angle de science-fiction, ce qu'est devenue (ou deviendra) l'humanité des années 80 : un projet "presque anthropologique" qui dénonce aussi une société de consommation où l'individu est réduit à une marchandise et ne vit qu'à travers la télévision et ses programmes vides, aux coulisses décrites comme un lieu froid et clinique. Au milieu de ce tableau où se croisent caricature, obsessions et même clin d'oeil aux frères Lumière, Frédéric Mercier parle des retrouvailles du couple central, personnages "travaillés comme des clowns" avec Giulietta Massina en "témoin" face à un Mastroianni grimé en Fellini mais "dévitalisé" et en bout de course, peut-être un  premier adieu autobiographique du cinéaste au cinéma. Plus d'une demi-heure à disséquer le film avec ce ton simple et clair qu'on lui connaît. Un module très intéressant.


Bande-annonce originale (2 min 17 s - HD - non sous-titré)

Bande-annonce 2017 (1 min 28 s - HD - VOSTF)

Bandes-annonce des Vitelloni et des Nuits de Cabiria (3 min 36 s - HD - VOSTF) sortis il y a un an chez Tamasa

Cette édition de Ginger et Fred est complétée par un livret de 36 pages proposant certains articles parus dans l'Avant-scène cinéma en 2019. Antoine Sire revient sur les rapports de Fellini avec Hollywood et "une Amérique qui le vénère mais qu'il ne comprend pas". Salvatore Martella analyse l'"abondant sous-texte" du film, "un voyage au coeur de la décadence d'une société en décomposition accélérée", notamment via la télévision, "nouvelle forme d'exploitation" des masses. L'historien du cinéma italien Jean A. Gili s'intéresse à la collaboration entre Fellini et Mastroianni, son "duplicata fantasmé", évoquant en passant Ginger et Fred, "un autoportrait en artiste ravagé par le passage des années". Enfin René Marx revient sur Giulietta Massina, actrice imprégnée de "l'art du clown" qui incarne "la nostalgie déchirante de l'innocence", et dont la carrière faite d'occasions manquées et de rencontres réussies la fît rester dans l'ombre de son compagnon Fellini. Les articles sont accompagnés d'un florilège de critiques publiées au moment de la sortie de Ginger et Fred "un opéra inspiré" pour Danièle Heymann, ou l'occasion de montrer Fellini en "grand capteur d'époques", pour Michel Chion.

En savoir plus

Taille du Disque : 24 921 371 280 bytes
Taille du Film : 21 052 782 720 bytes
Durée : 2:07:45.166
Total Bitrate: 21,97 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 20,47 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 20473 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps / DN -4dB
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 51,179 kbps
Subtitle: French / 0,014 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 10 novembre 2022