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Test blu-ray
Image de la jaquette

Freud, passions secrètes

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 22 novembre 2022

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Fidèle à John Huston, Rimini Editions avait déjà sorti Freud, passions secrètes en 2017... mais en simple DVD, faute de master HD disponible, et dans un rendu très discutable, la source étant loin d'être de première qualité. Tout cela est désormais oublié puisque Universal a, depuis, financé une restauration 2K, déjà été éditée en Blu-ray en Espagne (2020) puis aux Etats-Unis (chez Kino Lorber en 2021) et bientôt en Angleterre. Cette nouvelle restauration enterre littéralement l'ancien DVD. Elle est agréable à l'oeil, notamment pour sa finesse palpable et son bon niveau de détail, ponctuellement affaiblis lors des plans truqués (fondus) dont la fabrication à base d'éléments dupliqués occasionnait obligatoirement une baisse de qualité. L'étalonnage offre un noir & blanc nuancé, une belle gamme de gris dénuée de pulsations, aux niveaux de noirs bien équilibrés. Notez que la photographie des séquences de rêve est volontairement accentuée, tournée sur pellicule nitrate avec des blancs volontairement surexposés et des noirs très denses. Si la copie est globalement stable, on remarquera que le nettoyage numérique reste incomplet : des griffures légères et furtives ainsi que quelques infimes rayures verticales peuvent apparaître. Rien de méchant, heureusement, puisque ces traces d'usure restent modérées et discrètes. Enfin, la patine filmique est respectée avec un léger grain fin qui n'a pas été endommagé par l'encodage du disque.

DVD Rimini (2017) vs. Blu-ray Rimini (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Comme pour son ancien DVD, Rimini ne propose le film qu'en version originale. Celle-ci est d'une facture honnête mais tout de même perfectible. Si craquements et usures du temps ont en grande partie été maîtrisés, le matériel utilisé semble de qualité moyenne, essentiellement trahi par des remontées de souffle dès que les personnages parlent ou que la piste module. Les ambiances sont nativement en retrait, le mixage d'origine ayant opté pour un champ sonore assez épuré. Mais les voix restent claires et plutôt bien restituées, avec des mediums et des graves palpables.

Suppléments

Rimini propose Freud, passions secrètes dans un mediabook au visuel très élégant, qui s'ajoute à la belle série parue en 2022. Il comprend le film en Blu-ray et en DVD ainsi que Histoire d'un film sous influence(s), un livre de 80 pages très richement illustré et un bon texte, captivant mais bien trop court, signé Marc Godin. Le critique, historien et actuel chef de la rubrique cinéma du magazine Technikart revient de manière très détaillée, et à partir de nombreuses anecdotes, sur la genèse tumultueuse de ce "passionnant thriller mental" sur l'invention de la psychanalyse. Si cet ambitieux projet avait l'audace de réunir "quatre titans" aux forts tempéraments, il ne pouvait aboutir qu'à une collaboration orageuse et compliquée. John Huston, réalisateur déjà pas des plus faciles à vivre, dut ainsi gérer la "star des philosophes français" Jean-Paul Sartre, au caractère "entêté et catégorique", et supporter un tournage sous tensions avec Montgomery Clift, acteur torturé et diminué psychologiquement depuis son grave accident de voiture, dont le cinéaste aura pourtant admiré "le visage bouleversé et bouleversant". Le texte de Marc Godin résume le parcours de Freud et ses "rendez-vous manqués" avec le 7e art (il avait été sollicité par Samuel Goldwyn aux USA ou la UFA en Allemagne), revient sur les longues séances d'écriture pour cerner les enjeux de ce "polar de l'esprit", au "suspense intellectuel", ou explique les coupes imposées pour raccourcir le film jugé trop long, et son échec au box-office. Un récit très complémentaire aux suppléments qui accompagnent le film, proposés sur un second DVD :

Masterclass de John Huston (37 min)
Dénichés et remontés par l'ami Jérôme Wybon, des extraits de la conférence donnée par le cinéaste en mars 1981 au British Film Institute, pendant la promotion de son autobiographie. Dans ce document audio, John Huston raconte son enfance "biberonnée" aux films, ses débuts dans le métier, son difficile séjour à Londres avant la guerre, où il était sans argent et ne pouvait pas travailler. Il raconte des souvenirs de sa période Warner, ses scénarios "bâclés", son travail sur Juarez gâché par l'acteur Paul Muni qui souhaitait davantage de dialogues, ou Le Faucon maltais, son premier film de metteur en scène refusé par l'acteur George Raft. Il répond aux questions du public sur les multiples facettes de Humphrey Bogart, son exil involontaire en Europe à cause du maccarthysme ou les recherches sur la couleur pour Moulin Rouge. Il parle du "travail novateur" de Sigmund Freud, sa collaboration avec Jean-Paul Sartre, peu sympathique malgré "un esprit exceptionnel", et la façon dont il a dirigé Montgomery Clift, diminué par les séquelles de son accident de voiture. Un excellent supplément avec un John Huston passionnant et plein de verve, auquel il ne manque peut-être que des illustrations.

Les yeux grands ouverts (16 min)
Module produit par la Cinémathèque Française à l'occasion de la rétrospective John Huston en 2016. Le critique Bernard Benoliel analyse une séquence du film (Freud raconte un rêve au docteur Breuer) dont le dispositif ramène à celui d'une "proto-séance" de psychanalyse. On retrouve la figure de l'écoute, montrée comme "une survivance du contenu du rêve" et assimilée au retour du père décédé, "sous d'autres traits". Huston réussit à matérialiser l'inconscient dans un fond de plan tandis que le personnage de Freud, par son auto-analyse, quitte sa position de fils et "s'invente". Bernard Benoliel évoque une autre histoire de paternité (méconnu car son nom ne figure pas au générique), cette fois avec Jean-Paul Sartre, philosophe de l'existentialisme qui affirmait ne pas croire à l'inconscient, qui produisit un scénario sur un Freud cherchant et névrosé, "pris dans la question du père".

Rimini reprend les deux suppléments de son édition DVD de 2017 :


Freud, le film oublié (17 min)
Un bon supplément, bien illustré, avec la psychanalyste et écrivain Marie-Laure Susini. Elle évoque "l'aventure de Freud" à travers sa quête intellectuelle et solitaire, et "l'étrange projet" de Freud, passions secrètes qui concrétisait l'intérêt de John Huston pour le psychanalyste depuis le tournage d'un court métrage sur les traumatisés de guerre. Elle parle de sa collaboration naïve avec Jean-Paul Sartre, de la "grande rigueur" du traitement par un réalisateur-scénariste qui n'avait pas peur des défis, de la perfection des dialogues. Elle reste admirative du travail de Montgomery Clift, "une réussite parfaite" qui casse les clichés par son regard "lumineux et ardent", loin de la barbe blanche, et regrette que "la confusion actuelle sur la sexualité infantile" empêcherait de produire un tel film aujourd'hui.

Secrets d'adaptation (12 min)
Marie-Laure Susini explique les difficultés rencontrées par John Huston pour raconter la découverte de la psychanalyse, et la gageure de montrer et dramatiser dix années de travail intérieur. Le réalisateur a compris le processus de cette découverte, restant fidèle à l'esprit en réduisant les véritables intervenants à quelques personnages (Cecily ou Breuer), renforçant le récit à travers le ressort de l'enquête et restituant la violence et le scandale que cela a provoqué. Elle note l'"extrême pudeur" des relations, la densité humaine des personnages secondaires, et remarque que la transposition historique a nécessité d'inventer des scènes (notamment celles des rêves) qui sont parmi les meilleures du film.

En savoir plus

Taille du Disque : 34 484 006 208 bytes
Taille du Film : 33 422 376 960 bytes
Durée : 2:20:31.000
Total Bitrate: 31,71 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 28,04 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 28040 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2040 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 24,129 kbps
Subtitle: French / 0,049 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 9 janvier 2023