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Test blu-ray
Image de la jaquette

Finis Terrae - La Femme du bout du monde

BLU-RAY - Région B
Gaumont
Parution : 16 octobre 2019

Image

Finis Terrae a été restauré en 4K à partir du négatif nitrate par la branche française de L'Immagine Ritrovata, en 2019. Le film est présenté dans des conditions très luxueuses, avec une image totalement nettoyée, plutôt stable, bénéficiant d'une très belle gamme de gris, aux contrastes équilibrés. Définition et niveau de détail sont acérés, avec un grain fin non gommé, et parfois abondant. Des conditions de visionnage particulièrement confortables pour un film tourné il y a plus de 90 ans...

La Femme du bout du monde est présenté dans la version reconstituée par Marie Epstein, fille du cinéaste, suite à la disparition d'une partie du négatif, portant Île perdue (la version remontée) à 68 minutes au lieu des 87 minutes initiales. Le film a été restauré en 2K par le laboratoire Eclair, à partir d'un scan 4K du négatif nitrate original - possiblement établi à partir du contretype reconstitué par Marie Epstein, ce qui expliquerait les contrastes intenses des scènes nocturnes au coin du feu et plusieurs montées de grain assez spectaculaires, notamment dans les scènes à l'auberge et durant les extérieurs brumeux (qui sont aussi des plans truqués). Des relents éphémères de moisissures et de taches montrent que le matériel n'était pas dans un état optimal (ce que confirme le supplément consacré à la restauration). Eclair a effectué un profond nettoyage numérique, extrêmement satisfaisant. La copie est désormais très propre, ou presque, et d'une grande stabilité, avec un beau noir & blanc. La définition et le niveau de détail sont efficaces, avec une granulation qui n'a pas été estompée, bien au contraire. On ne relève aucun souci d'encodage, malgré un disque bien chargé, entre les deux films et les suppléments (près de 4 heures).

Son

La musique de Roch Havet qui accompagne Finis Terrae, produite spécialement pour cette restauration, souligne l’action sans apporter trop de lourdeur. Elle bénéficie d'une bonne dynamique, nuancée, et d'une grande propreté. La bande-son de La Femme du bout du monde est plus problématique, car d'époque. Malgré ses efforts, le laboratoire L.E. Diapason n'a pu gommer tous les soucis techniques dus à l'état du matériel. On note un mixage parfois un peu hasardeux entre les voix et les ambiances (pendant les chansons, un peu inaudibles, vers 19 min et 25 min), des prises de son fragiles et un spectre à l'amplitude limitée. Le souffle a été en grande partie gommé, il reste quelques saturations ou sifflantes.

Suppléments

Finis Terrae

Réinventer le cinéma (18 min - 1080p)
Ce documentaire, qui croise les commentaires et analyses de Joël Daire (Directeur du patrimoine à la Cinémathèque française) et Eric Thouvenel (Maître de conférence en études cinématographiques) s'ouvre sur une remise en contexte de Finis Terrae dans la carrière d'Epstein. Alors que le cinéaste, déjà reconnu, s'est illustré par des films très commentés, où la nature joue souvent un rôle essentiel, alors qu'il a filmé plusieurs adaptations d'Edgar Allan Poe, Epstein se retrouve ruiné et perd son statut de producteur indépendant. Le cinéaste est contraint de réaliser des œuvres alimentaires pour éponger ses dettes. 1927 est pour lui une année de rupture : il retourne dans la Bretagne de sa jeunesse, au bout du Finistère. Les deux intervenants reviennent en détail sur le rapport qu'entretient Epstein avec cette terre, dont la violence et la dureté le fascinent et l'incitent à tourner Finis Terrae. Refus du scénario, des décors, des acteurs professionnels : telles sont les règles qu'Epstein s'applique à suivre pour aller vers un nouveau cinéma. C'est ensuite les conditions de tournage du film qui sont abordées : relation avec la population, conditions matérielles de production, problèmes techniques. Les intervenants proposent des parallèles entre ce film et les réalisations suivantes d'Epstein. Pour Joël Daire, Finis Terrae tourne autour de « la question de l'absence de vent », qui empêche le retour sur l’île. Au contraire, son film suivant, Morvan, aura pour thème la tempête. Les intervenants s'interrogent sur la place du dialogue et de la parole chez Epstein. Enfin, la question de la réception et de la circulation du film est abordée : le film est un succès dans les circuits d'avant-garde, mais reste relativement confidentiel auprès du grand public, comme ce sera le cas de nombre de ses films. La forme du documentaire est on ne peut plus classique, proposant une alternance de plans fixes sur les intervenants et d'images de Finis Terrae. Mais il offre l'intérêt de remettre en contexte le film, et d'offrir des pistes de réflexion pour rentrer dans l’œuvre de Jean Epstein.


Goëmons (25 min - 1080p) - exclusif au Blu-ray
Pour son premier film, réalisé en 1947, la regrettée Yannick Bellon s'intéresse aux ouvriers du Goëmon, perdus sur une île au large du Finistère, dont le quotidien n'a pas vraiment changé depuis Finis Terrae. Raconté sans prise de son direct mais avec des commentaires qui resituent l'action et décrivent leur mode de vie, ce court-métrage montre le dur labeur (ancestral) de travailleurs solitaires qui, pour la plupart, fuient "la grande terre". Ils ramassent ces algues utilisées comme comestible, engrais ou iode, et se confrontent avec les éléments, dans un environnement désertique et inhospitalier. Goëmons fut censuré à l'exportation avant que le Grand Prix du Documentaire au Festival de Venise ne lui ouvre les portes du monde entier, avec un grand succès.

La Femme du bout du monde

Le Creux de la vague (39 min - 1080p)
On retrouve Joël Daire et Eric Thouvenel, qui abordent le tournage de L'Île perdue (La Femme du bout du monde), au printemps 1937. Budget serré, problèmes entre Epstein et le producteur, refus du cinéaste de livrer sa copie de travail faute d'honoraires, invention d'un co-auteur par le producteur... le destin du film est bien mouvementé. Eric Thouvenel revient sur les grands thèmes epsteiniens qui habitent le film, sous des dehors plus classiques que les autres œuvres du cinéaste. Il élabore ensuite une comparaison entre Epstein et Jean Vigo, avant d'interroger le caractère mélancolique du film. Joël Daire nous fait suivre le parcours chaotique du négatif de La Femme du bout du monde, dont il n'existe qu'un contretype conservé par la sœur du cinéaste, et dont une bobine entière est manquante, ce qui explique le double titre du film. Reste le beau mystère d'un film incomplet. Ce documentaire reprend exactement la forme de celui qui accompagne Finis Terrae. Il est éclairant de découvrir les difficultés rencontrées par le cinéaste afin de comprendre l'état de la copie, d'un duré d'une heure, qui nous est présentée dans ce DVD. Replacer ce film assez étonnant, coupé, dans l'oeuvre du cinéaste est un bon moyen de l'apprécier à sa juste valeur.


La Femme du bout du monde restauré (2min - 1080p)
Un avant/après restauration, qui permet d'estimer le travail entrepris sur la copie. On pourrait regretter que l'ensemble ne soit pas davantage commenté, que l'état de la copie, les difficultés inhérentes à la restauration ne soient pas abordés, et que les choix de restauration soient passés sous silence...



Bande-annonce (2 min 55 - 1080p)

Les deux films sont accompagnés d'un livret de 19 pages, avec illustrations et photographies noir et blanc et couleur, centré sur Finis Terrae, délaissant - sans doute par manque de matériel - La Femme du bout du monde. Il contient des textes contemporains de la sortie du film, comme celui de Pierre Hot, qui raconte le tournage. Cette veine génétique est aussi explorée par Joël Daire, qui intervient également dans les bonii du DVD, ainsi que par Christophe Wall-Romana, qui examine Finis Terrae à l’aune  de l’intimité de son auteur. Enfin, le texte d'Abel Gance qui ouvre le livret compose un hommage émouvant à un cinéaste qu’il respectait, tandis que le dernier passage marque la filiation entre Epstein et Yannick Bellon, pour son film Goëmons. L’ensemble est riche, et permet d’éclairer avantageusement le film. Sans doute est-il cependant dommage que la propre voix d’Epstein ne se fasse pas entendre, alors que lui-même a copieusement écrit et commenté son œuvre filmée...

En savoir plus

Finis Terrae

Taille du Disque : 46 875 091 403 bytes
Taille du Film : 21 077 391 360 bytes
Durée : 1:21:38.375
Total Bitrate: 34,42 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 31,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 31870 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 891 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: English / 3,515 kbps

La femme du bout du monde

Taille du Disque : 46 875 091 403 bytes
Taille du Film : 17 277 708 288 bytes
Durée : 1:08:06.000
Total Bitrate: 33,83 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,96 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29965 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 830 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit / DN -3dB)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1185 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit / DN -4dB)
Subtitle: French / 36,837 kbps
Subtitle: English / 33,213 kbps

Par Stéphane Beauchet et Anne Sivan - le 26 novembre 2019