Test blu-ray
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Détour

BLU-RAY - Région B
Elephant Films
Parution : 12 septembre 2023

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Tombé dans le domaine public, Detour a déjà fait l'objet de nombreuses éditions DVD, souvent de très mauvaise qualité (on ne fera à la plupart ni l'honneur d'une mention ni l'insulte d'un exercice comparatif). En 2018, l'Academy Film Archive (en collaboration avec la Cinémathèque Royale de Belgique, le MoMa et la Cinémathèque française) a entrepris une restauration, à partir du scan 4K d'éléments nitrate 35 mm, ce qui avait conduit à la sortie, au printemps 2019, d'une très attendue édition (d'abord américaine, puis britannique en zone B, sans sous-titres français) chez Criterion.

Pas qu'on ait spécialement été inquiets à ce sujet, mais c'est bien le même master qu'Elephant Films propose ici - et il va sans dire qu'on n'avait jamais vu Detour ainsi. Evidemment, quelques défauts demeurent, ponctuels (certains plans, probablement à cause de la diversité des sources utilisées lors du scan, sont moins bien définis - voir captures 11 et 12 ci-contre à droite ; les transitions lors des fondus ; des scratchs mineurs...), mais le gain de définition, le rendu du grain (très similaire à celui de l'édition Criterion, ce qui permet d'exclure l'hypothèse d'un quelconque recours abusif à des outils de retouche numérique, type réduction de bruit), la gestion des contrastes ou la profondeur des noirs sont remarquables. Rien à redire non plus niveau encodage (le film occupe 17 Go, avec un bitrate total de 33,39 Mbps, ce qui est à peine inférieur aux données Criterion).

En l'état actuel, compte tenu des antécédents et de la valeur du film, c'est un must-have.

Son

Pas de version française.
La piste originale en DTS-HD Master Audio 2.0 est très consistante, avec un bon équilibre entre la voix-off, les dialogues, les quelques sons d'ambiance et la musique, assez présente. Aucun défaut majeur à signaler là non plus.

Suppléments

Dans Detour par Stephen Sarrazin (15'24'' - HD), le critique entreprend de révéler quelques uns des mystères du film d'Ulmer, ce "film de mise en scène pure" dont la première découverte est "un bonheur", quand bien même c'est un film qui acte, alors que les Etats-Unis viennent de remporter la guerre, "une défaite sociale" pour tous. S'ensuit un déroulé, assez descriptif, de l'intrigue - et on encouragera en effet, comme l'indique le panneau introductif, à ne visionner le supplément qu'après avoir vu le film. Le personnage principal, assimilé à un "Ulysse malheureux" (l'analogie est reprise un peu plus tard, on aurait aimé qu'elle soit plus étoffée), est de ces personnages typiques du film noir qui ne font que "prendre les mauvaises décisions", convaincus que le destin va irrémédiablement les rattraper, par l'intermédiaire de cette voiture de police finale. Stephen Sarrazin évoque ce thème selon lui "très américain" de "la culpabilité", puis cite Kafka, sans aller plus en profondeur sur la comparaison. Il est également brièvement question d'Edgar Ulmer, classé parmi ces "surdoués européens" qui auront "annoncé le cinéma indépendant américain". Le critique décrit ensuite avec une certaine pertinence l'opposition entre la "beauté très années 30" de Tom Neal et "la modernité en colère" d'Ann Savage.
Rien de scandaleux dans ce supplément, qui aborde finalement assez peu Detour autrement qu'à travers des généralités sur le genre, mais le ton monocorde, avec un débit un peu haché parfois (des silences assez marqués durant des phrases longues nuisent à la clarté : voir par exemple, ci-dessous, la toute dernière phrase de l'intervention, assez décousue et qui prend presque deux minutes), ne contribue pas à exalter un propos finalement assez convenu. Disons qu'on n'aura pas forcément appris grand chose.

"C'est un moment, dans l'histoire du cinéma américain, ces histoires pessimistes, qui vont et qui viennent dans l'histoire du cinéma américain, il y a des moments où l'Amérique n'a pas peur de se confronter à ça, et puis ensuite on remonte comme ça vers des choses un peu plus joyeuses, voilà, c'est un cycle, mais durant ces années là, les années de guerre, les années d'après-guerre et comment ce n'est pas tout le monde qui va profiter, après la guerre, ce sont des thèmes qui apparaissent chez des cinéastes vraiment singuliers, comme Ulmer, qui va faire une carrière intéressante, exemple d'un cinéaste qui est la preuve qu'on pouvait avoir une longue carrière sans jamais atteindre les sommets, qui fait partie, pas d'une histoire bis, mais d'une histoire professionnelle, ce que Godard a dit sur les "professionnels de la profession", Ulmer c'était autre chose que ça, mais on pouvait oeuvrer longtemps dans le cinéma hollywoodien en comprenant la réalité de la modestie des moyens avec laquelle on devait oeuvrer, et ça c'était aussi je crois un legs important pour les cinéastes qui vont venir."

Figurent également sur le disque plusieurs bandes-annonces de sorties récentes de l'éditeur, en particulier dans le registre du film noir.

En savoir plus

Taille du Disque : 22 262 773 760 bytes
Taille du Film : 17 026 738 176 bytes
Durée : 1:07:59
Total Bitrate: 33,39 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Sous-titres : French (blancs ou jaunes), English

Par Antoine Royer - le 23 octobre 2023