Menu
Test blu-ray
Image de la jaquette

Daisy Miller

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 5 juillet 2022

Image

Après les belles sorties de 2018 composées de deux longs métrages et deux livres, Carlotta retrouve le réalisateur Peter Bogdanovich, quelques mois après sa disparition, pour deux autres films et un documentaire, nouvelles occasions d'explorer encore un peu plus le travail finalement méconnu d'un cinéaste à redécouvrir. Edité pour la première fois au monde en Blu-ray, le très beau Daisy Miller est présenté dans le seul master HD existant qui, après comparatif avec le DVD sorti chez Paramount en 2003 (2004 pour l'édition britannique), semble provenir de la même source.

Produite il y a donc près de vingt ans, et malgré quelques sérieux bémols, cette restauration passable reste pourtant encore honorable à nos yeux. La précision des images toujours palpable montre que ce transfert était très performant pour son époque. La finesse du trait est en effet souvent visible bien qu'encore inégale, avec un niveau de détail assez perceptible sur les gros plans. C'est essentiellement la gestion du grain qui questionne, principale faiblesse de ce transfert techniquement limité par les capacités de numérisation des scanners/télécinémas de l'époque. Ce grain qui manque de naturel apparaît avec des résonances encore trop numériques, un fourmillement trop fin et abondant, tellement accentué qu'il peut provoquer des impressions d'accentuation de détail, avec une tendance parfois peu discrète à brouiller et atténuer certaines textures, la photographie volontairement ouatée ne facilitant malheureusement pas la tâche. L'encodage du disque parvient heureusement à suivre sans problème.

La copie n'a pas été stabilisée numériquement mais ne souffre pas de tremblements graves ni de pulsations. Elle a visiblement profité d'un nettoyage numérique récent et bénéficie d'un étalonnage correct mais très marqué par l'ère du DVD : on retrouve des tonalités cohérentes mais peu nuancées et parfois ternes, un peu électroniques aussi avec cette patine aux relents magenta, aux carnations souvent très rosées, bref peu fidèles à un rendu argentique naturel. Les contrastes sont plutôt bien gérés, avec des noirs souvent équilibrés et détaillés, parfois un peu denses mais aussi relâchés dans certaines scènes très sombres (conformément aux pratiques de la projection en salle).

comparatif DVD Paramount UK (2004) vs. Blu-ray Carlotta (2022) :
1 2 3 4 5 6 7 8

Son

La version originale bénéficie d'une amplitude modeste, une dynamique assez plate et un rendu un peu couvert. Les voix sont honnêtement restituées, même si le spectre apparaît resserré et les graves bien mesurés. Les arrière-plans restent vivants, les ambiances sont palpables mais toujours dans un encadrement très sage, conformément au mixage d'origine. La piste a été nettoyée et ne souffre pas de traces d'usure marquées, ni souffle ou sifflantes. La version française est à peu près équivalente à la VO, à ceci près qu'elle se montre moins couverte et donc un peu plus claire, détaillée et subtile. On notera une perte de graves légèrement plus marquée dans les voix.

Les deux pistes sont présentées à un volume plus bas que la normale, il vous faudra un peu pousser sur le bouton de votre télécommande.

Suppléments

Daisy Miller est proposé dans une édition Prestige, limitée à 1500 exemplaires. Le coffret comprend un fac-similé du dossier de presse (en anglais), 6 photos de tournage et 8 lobby cards, ainsi qu'une affiche au format 53x38cm. Le film est présenté en DVD et Blu-ray, accompagné de plusieurs suppléments :


Une introduction de Peter Bogdanovich (13 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Document réalisé par le fameux Laurent Bouzereau pour le DVD Paramount de 2003, qui permet au réalisateur de parler de Daisy Miller, son film qui "a été comme oublié" et dont l'échec commercial semble encore le toucher. Il explique son choix d'adapter Henry James, à la fois pour retrouver son amour d'actrice Sybille Shepherd, parce qu'il partage des points communs avec ce héros tiraillé entre l'Europe et l'Amérique, et que l'histoire aborde l'une des tragédies de la vie : les hommes ne comprennent pas les femmes. Il évoque le casting, les actrices qu'il retrouvait après The Last Picture Show ou Barry Brown, "un type étrange" au comportement tellement semblable à celui de son personnage... Bogdanovich raconte le tournage difficile de la scène du cimetière, lui rappelant un drame qu'il connut 7 ans plus tard (l'assassinat de sa fiancée qu'il raconte dans La mise à mort d'une licorne) ; ou les prises de vues en Europe, sur les lieux-même décrits par Henry James, avec toutes la difficulté de reconstituer une époque qui n'existe plus (comme filmer un château en trouvant le seul angle qui ne montre pas les énormes autoroutes qui passent désormais derrière !). Il décrit ses choix de mise en scène, comment il aborde le drame avec distance, le fondu au blanc final. Un bon module, très intéressant, court et carré comme sait les faire Bouzereau, mais surtout riche en anecdotes et en analyses.


Mourir d'Europe (27 min - HD)
L'historien Jean-Baptiste Thoret, spécialiste du cinéma américain des années 70 et auteur d'un excellent livre d'entretien avec Peter Bogdanovich, livre un décryptage passionnant de Daisy Miller, projet monté suite à un partenariat avec Francis Ford Coppola et William Friedkin quand émerge le Nouvel Hollywood et "la figure-roi de l'auteur" - un rêve qui prendra fin rapidement suite à l'échec public et critique du film, et qui stoppera violemment l'élan de son début de carrière "de wonder boy". Jean-Baptiste Thoret revient sur le casting, l'acteur Barry Brown qui ne facilite pas l'identification du spectateur dans son personnage "éteint par l'Europe" ou les seconds couteaux habitués du réalisateur "qui tiennent la route", et évoque les rares ajouts d'une adaptation fidèle au roman d'Henry James, notamment l'introduction dans le couloir de l'hôtel qui pose symboliquement les enjeux. Il fait une très bonne analyse de ce tableau d'une vieille Europe corsetée et sans vie qui ne comprend pas l'Amérique vivante et spontanée, un film qui marque "le statut social contre l'individu", où Daisy Miller devient "une énigme à déchiffrer" pour cet américain "trop européanisé". Le critique fait une analogie intéressante lorsqu'il traduit l'intrigue et l'écartement inévitable des deux personnages via l'angle cinéphile où un cinéma américain "de l'action pure" est ici regardé par le cinéma européen "de l'arrière-pensée". Thoret parle d'un Daisy Miller "pas immédiatement aimable", qui ne se dévoile que dans son dernier plan, dans ce supplément foisonnant et très éclairant. Un régal.

Bande-annonce (3 min 29 s - SD upscalé HD - VOSTF)

Pour ceux que les goodies n'intéressent pas, Daisy Miller est également disponible en Blu-ray simple.

En savoir plus

Taille du Disque : 37 167 144 902 bytes
Taille du Film : 26 843 637 120 bytes
Durée : 1:31:25.271
Total Bitrate: 39,15 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34991 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1051 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1030 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 45,862 kbps
Subtitle: French / 0,439 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 28 juillet 2022