Test blu-ray
Image de la jaquette

Colère noire

BLU-RAY - Région B
Elephant Films
Parution : 22 août 2023

Image

Suite de la collection Les années de plomb d'Eléphant Films avec Colère Noire, nouvel opus signé Fernando Di Leo. Il semble s'agir pour l'instant de la meilleure copie existante, reprise visiblement telle quelle du Blu-ray américain sorti en 2013 chez Raro Vidéo, (avec le même codec d'encodage VC-1). Il n'y a malheureusement pas eu de miracle entre temps car l'image ressemble toujours à l'upscale d'un vieux master SD, avec sa patine très douce, un trait peu précis et un niveau de détail du même acabit. Le grain est épais, plutôt discret. L'étalonnage ressemble à ce qui se faisait dans le genre à l'époque du DVD, avec une luminosité un peu trop poussée, une palette globalement honnête mais sans nuances particulières, et parfois saturée, et des contrastes dans l'ensemble assez équilibrés malgré quelques densités exagérées. La copie n'a pas été nettoyée : il persiste d'infimes salissures et quelques tâches bleues qui ont attaqué l'élément photochimique au point de parsemer brièvement mais intensément quelques plans de manière répétée.

Son

Eléphant Films propose Colère noire dans plusieurs doublages : italien, français et anglais. Rappelons qu'il n'y a souvent pas de véritable version originale pour les films italiens de cette époque, puisqu'il étaient systématiquement post-synchronisés. On le constate ici avec des acteurs qui jouent dans leurs propres langues, comme James Mason en anglais, et parfois dans des langues différentes selon les scènes, comme Luc Merenda qui pouvait utiliser le français ou l'italien selon les prises.

La version originale italienne est la piste la plus convaincante dans la restitution des voix, qui bénéficient d'une bonne présence. Si le spectre sonore reste quand même légèrement déséquilibré, avec un avantage certain pour les mediums, l'ensemble conserve une facture très honnête. On relève d'infimes craquements et des sifflantes modérées, ainsi qu'un souffle peu discret. La piste anglaise est quelques crans en deçà, très étouffée et donc moins subtile : les ambiances sont réduites à peau de chagrin et le rendu de la musique est d'une grande platitude. Il y a des sifflantes et un souffle, là aussi très présent, également soumis à des craquements permanents. La version française ne s'en tire pas vraiment mieux, tant dans la musique sans éclat que dans son aspect général lui aussi très couvert, peu détaillé, et manquant singulièrement de dynamique. Le souffle est mêlé à un léger bourdonnement. Une VF vraisemblablement fabriquée dans les années 80, dont on reconnaît certaines voix caractéristiques, sans doute pour une sortie en vidéo.

Suppléments

Colère noire, disponible en boitiers métal limité ou Scanavo, est accompagné de Les années de plomb - volume 1, un livret de 24 pages signé du journaliste et écrivain Alain Petit. Il revient de manière rapide et instructive sur chaque film, rappelant la découverte tardive du "néo polar musclé" en France à cause des déferlantes asiatique et pornos qui avaient capté l'attention du public de l'époque. Il rappelle également combien le cinéma italien de genre était une aubaine pour les acteurs anglo-saxons en perte de vitesse, qui trouvaient là une seconde carrière. C'est un peu aussi le cas du héros de Colère noire, Luc Meranda, acteur francais qui trouva la célébrité dans le "spaghetti-polar" mais resta totalement inconnu dans son pays. Alain Petit évoque ensuite Mister Scarface, "nettement plus léger" que les précédents film de Fernando Di Leo, son "humour savamment dosé" ou son casting "quelque peu hétéroclite" avec les deux vétérans Jack Palance, "égal à sa légende", et Edmund Purdom à l'apparition "trop éphémère". Deux Flics à abattre est "indéniablement valorisé par un scénario sans faille" de Fernando Di Leo, dont la patte est reconnaissable par le caractère très violent du film. Alain Petit revient sur le parcours du réalisateur Ruggero Deodato et son goût pour "l'horreur graphique", la censure qui réagit au film, ou le casting "exemplaire" mené par Marc Porel, "l'un des jeunes premiers les plus demandés" et Ray Lovelock, au "physique avenant".

Entretien avec Romain Vandestichele et Gérald Duchaussoy (24 min - HD)
Deux spécialistes du cinéma, auteurs d'un livre sur Mario Bava en 2019, reviennent sur Colère noire qui, selon eux, semble inspiré de Entre le ciel et l'enfer de Akira Kurosawa, mais cette fois totalement dédié à l'action. Entre la "construction simpliste", l'écriture grossière du personnage "trop rentré" incarné par Luc Merenda, ou la forme de critique sociale "brossée à gros trait" qui constate plus qu'elle ne dénonce, tout est selon eux ramené au plus basique : "il faut que ça avance". Ils commentent le travail de Fernando Di Leo, "cinéaste de l'action", sa façon d'exploiter les lieux, l'écriture qui s'enchaîne en "passages de relai", sa façon de visualiser le western sous une nouvelle forme, orientée de manière très enfantine et primaire, et participant à l'imagerie du cinéma américain des années 70 où l'homme dépasse sa condition et fait justice lui-même. Ils reviennent sur le casting du film, avec un James Mason venu "cachetonner" en personnage "très veule", face à un Luc Merenda au jeu parfois "un peu outré", pas toujours à l'aise dans son bleu de travail, mais "crédible" dans l'action. Ils observent le rôle "assez troublant" des femmes dans le film, typique de la façon dont elles étaient occultées dans le cinéma de genre italien, ou évoquent la musique de Luis Bacalov qui reprend les recette du Lalo Schifrin de L'inspecteur Harry, en même temps qu'il crée une continuité avec les films de Di Leo.


Villes violentes : l'autre trilogie de Fernando Di Leo (27 min - SD upscalé - VOSTF)
Un bon supplément DVD, produit en 2005, qui donne largement la parole à Luc Merenda, héros de Colère noire et plutôt passionnant à écouter (dans un italien impeccable, avec un petit accent français). Il se souvient du réalisateur Fernando Di Leo, "monstre de culture et d'éducation" qui était "complètement en décalage" avec ses films. Si l'acteur ne s'explique toujours pas son manque d'ambition regrettable, sans doute "pour rester dans son rêve" et sa bulle, il évoque un homme généreux et "vrai gentleman" dont les tournages se déroulaient "dans la tranquillité". Il revient sur ses films tournés avec Di Leo, avouant que sa filmographie autour des mêmes cinéastes l'a sans doute éloigné d'une "carrière éclatante". Il parle de Colère noire et des bienfaits de la vengeance pour se "réconcilier avec toutes les injustices", mais évoque également Il poliziotto è marcio et Gli amici di Nick Hezard, produit dans le sillage de L'arnaque de George Roy Hill, malheureusement sans le budget adéquat. Le monteur Amadeo Giomini se souvient du manque de plans nécessaires pour créer des split-screens dignes, comme le souhaitait Di Leo, tandis que l'actrice Dagmar Lassandre revient sur son emploi du temps chargé (elle tournait trois films en même temps) ou des penchants alcooliques de Martin Balsam. Elle évoque au détour d'une phrase ses films tournés en Amérique, sans s'en rappeler les titres, ce qui en dit long sur son intérêt pour son passé d'actrice. Le supplément se conclue sur quelques paroles de Fernando Di Leo lui-même, qui regrette à demi-mot que sa carrière n'ait pas été plus saluée par la critique malgré des oeuvres selon lui plus engagées que certains grands succès d'estime...

Bande-annonce (1min 54s - HD - VOSTF)

Bandes annonces (HD - VOSTF) de La trilogie du milieu (1min 45s), Deux flics à abattre (4min 11s) et Mister Scarface (1min 27s).

En savoir plus

Taille du Disque : 37 589 912 026 bytes
Taille du Film : 24 482 697 216 bytes
Durée : 1:38:16.640
Total Bitrate: 33,22 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,50 Mbps
Video: VC-1 Video / 25503 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Advanced Profile 3
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2075 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1796 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1614 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,306 kbps
Subtitle: English / 25,073 kbps
Subtitle: French / 0,059 kbps
Subtitle: French / 26,779 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 7 décembre 2023