Test blu-ray
Image de la jaquette

Chaos

BLU-RAY - Région B
Tamasa
Parution : 26 mars 2024

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Tamasa poursuit sa collection Coline Serreau avec Chaos, proposé pour la première fois en Blu-ray. Le film a été tourné à l'été 2000, dans une période où le monde du cinéma commençait à accueillir les technologies numériques en post-production en même temps que sur les plateaux et qui, passé le cap de la HD, n'allaient pas tarder à remplacer le support argentique. Peu de temps auparavant, on se souvient du fameux Festen qui avait été tourné en vidéo numérique, à l'aide d'une caméra grand public (Sony DCR-PC3) : séduite par ces nouveaux équipements qui promettaient une logistique plus souple et de nouvelles habitudes de mise en scène, Coline Serreau s'est lancée dans cette aventure visuelle très particulière. Avec son chef opérateur Jean-François Robin, ils ont choisi deux caméras numériques Sony (la DSR 500 pour les plans larges et les plans d'ensemble ; et la fameuse PD 150, plus petite et légère, pour les gros plans) en assumant complètement de fabriquer une image très différente de la pellicule 35mm.

Si, pour la sortie en salles en 2001, la source vidéo avait été "shootée" sur pellicule (c'est à dire "kinescopée"), le master utilisé en DVD puis aujourd'hui en Blu-ray est un fichier vidéo avant son transfert sur film : il n'y a pas de grain argentique mais plus une granulosité épaisse et plus électronique. On remarque également une sorte d'effet de "ghosting", d'infimes trainées informes apparaissant dans les mouvements. Enfin, il faut préciser que le format 1.85 est respecté, même si le film a été conçu pour le format 16/9 et projeté ainsi dans les salles (en utilisant le ratio 1.66 en pellicule). Le rendu final reste donc très "vidéo" et surtout en SD : le piqué et le niveau de détail sont très faibles, même s'il y a un gain parfois significatif par rapport au DVD ; les hautes lumières sont tout de suite saturées (l'une des grosses faiblesses de ces caméras, à l'époque). La colorimétrie reste honnête mais assez "brut", sans élégance particulière. On remarquera que ce transfert "HD" a bénéficié d'une modification d'étalonnage, avec notamment de légers changements de tonalité sur certains plans.

Le tournage de Chaos peut être considéré aujourd'hui comme une sorte de précurseur d'une technologie balbutiante qui ira en s'améliorant, notamment sur la qualité du rendu. Avec des caméras de taille aussi réduite, on peut aujourd'hui créer une photographie bien plus séduisante, qui pourrait presque rivaliser avec une patine 35mm, comme pour le récent documentaire Une Famille de Christine Angot, tourné sans moyens mais visuellement bien plus solide.

comparatif DVD Studiocanal (2005) vs. Blu-ray Tamasa (2024) :
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Son

Proposé en "simple" Dolby Digital (standard habituellement utilisé sur les DVD, au débit réduit par rapport aux capacités d'un Blu-ray), la piste son de Chaos est une stéréo 2.0 dont l'absence de spatialisation l'apparente à du mono. Le rendu conserve cependant une bonne ouverture, il y a beaucoup de détails dans la prise de son, un bon équilibre entre des voix à la belle présence et des arrière-plans vivants. La musique de Saint Germain réveille subtilement les basses. Le signal est cristallin, sans aucun souci de souffle ou de saturations.

Notez que le master de ce Blu-ray est proposé en 24 images secondes, ce qui n'était peut-être pas le cas du matériau d'origine, qui a dû logiquement être tourné au cadencement de 25i/s : on sent dans certaines voix (notamment celle de Vincent Lindon) une tonalité bien plus grave qu'à l'accoutumée.

Suppléments

Au bord du chaos (31 min - HD)
Spécialement produit pour cette édition, un entretien avec la réalisatrice Coline Serreau qui justifie l’utilisation de la vidéo parce qu’elle avait senti venir la révolution numérique ("tout a changé") qui permettait non seulement "une autre écriture" mais aussi une plus grande souplesse au tournage : "filmer work in progress", sans installation lumière ni surcoûts (la cassette étant "à 15 balles à la Fnac"), sans compter une rapidité de montage. La cinéaste revient sur ses films qui accompagnent les changements sociétaux, notamment Chaos sur l’éveil de personnages qui regardent le monde autrement. Revendiquant le droit de dire ce qui ne va pas, sans être obligatoirement taxée de racisme, elle revient longuement sur un Islam qui "n’a pas du tout fait sa révolution féministe", comme le montre la place des femmes "qui sont là pour le service" des hommes. Elle parle plus généralement de la violence fait aux femmes dans la société et toutes les religions, se souvenant du "scandale" des camps de prostituées à Berlin pendant la Coupe du monde de football en 2006. Coline Serreau avoue soigner ses personnages masculins, notamment lorsqu’elle a montré il y a 40 ans leur rapport maternel dans 3 Hommes et un couffin, précisant que libérer la femme aidera aussi "le mâle occidental blanc qui souffre sans le savoir". Elle se souvient de l’écriture par flashbacks visuels qui l‘ont rapproché du cinéma muet qu’elle adore, et parle du casting : Catherine Frot qui cherchait à sortir des rôles trop comiques, ou Vincent Lindon, grand travailleur et "heureux quand il joue". Elle revient enfin sur la musique "toujours classe" et très moderne de Saint Germain, "un génie" dont les morceaux collaient parfaitement à "l’urgence angoissée" du film.

Making-of (26 min - HD avec upscale)
Repris du DVD sorti en 2005, une sorte de journal de tournage informel, tourné en DV et souvent à la volée par Coline Serreau elle-même. Un making-of qui ressemble souvent à un film de famille, avec son équipe au travail. Au gré des moments pris sur le vif, entre les surprises de la météo ou une manifestation d'agriculteurs qui empêchait le départ, sauvé par l'heureuse intervention de Line Renaud, on évoque la révolution de la caméra DVD, qui effraie certains techniciens sur l'avenir de leurs métiers... 


Bande-annonce originale (1min 31s - HD avec upscale) 

Bandes-annonces de la collection Coline Serreau (en HD avec upscale) : Romuald et Juliette (1min 44s), La Crise (1min 45s) et La Belle verte (1min 48s)


En savoir plus

Taille du Disque : 23 102 417 708 bytes
Taille du Film : 16 127 391 744 bytes
Durée : 1:52:21.958
Total Bitrate: 19,14 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 17,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 17999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 0,008 kbps
Subtitle: French / 37,514 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 11 avril 2024