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Test blu-ray
Image de la jaquette

Cannibal Man - La Semaine d'un assassin

BLU-RAY - Région B
Artus Films
Parution : 19 avril 2022

Image

En cette période où le cinéma américain de patrimoine est moins présent dans les sorties vidéo françaises, c'est l'occasion pour les heureux curieux de se tourner vers d'autres cinématographies. Artus, qui lorgne régulièrement vers le cinéma européen, s'éloigne ici du film de genre italien très en vogue actuellement et nous permet de (re)découvrir une pépite espagnole méconnue.

Cannibal Man est présenté à partir d'une bonne restauration 2K, à la définition palpable et par moment très réjouissante - quand elle n'est pas affaiblie par de fréquentes petites erreurs de mise au point. La copie est stable, elle a été profondément nettoyée, à quelques rayures verticales près. Les plus observateurs remarqueront peut-être les reliquats d'un nettoyage numérique automatisé qui confond parfois certains petit éléments de l'image avec des poussières. L'étalonnage est très convaincant, les couleurs conservent une patine d'époque sans tomber dans le modernisme à outrance ni les dérives magenta. Les contrastes sont très équilibrés et ne souffrent pas de pulsations (quelques plans fluctuent un peu en luminosité, mais c'est très bref). Le grain a été conservé, plutôt fin et organique, mais sans doute légèrement altéré par un encodage presque limité (les captures de la galerie peuvent montrer un début de dégradation heureusement inaperçu en visionnage). Notez que le film est encodé deux fois sur le Blu-ray, avec deux versions issues de la même restauration, le montage américain (dit "international") modifiant la structure du film et la position de certaines scènes, quand elles ne sont pas carrément supprimées.

De bonnes conditions de visionnage pour une vraie rareté, mutilée mais proposée dans sa version actuellement la plus complète, et qui n'avait jamais été éditée en France depuis l'époque de la VHS.

Son

Le montage intégral est proposé uniquement en version originale. Le rendu entièrement post-synchronisé est de bonne tenue, le mixage mono bénéficie d'une bonne dynamique avec des voix claires, à peine sujettes aux sifflantes. L'ensemble est bien équilibré avec les ambiances, on ne relève pas de traces d'usure, pas de craquements ni de souffle, à peine un très léger bourdonnement, presque imperceptible. Deux ou trois passages assez courts sont en anglais, mais cela est si surprenant et imprévu qu'on s'en rend à peine compte.

Le montage international est logiquement proposé avec un doublage en anglais. Le rendu est assez proche de la piste espagnole, la dynamique est sans doute un peu moins probante, les basses fréquences moins évidentes, mais l'ensemble conserve une grande propreté. On peut parfois distinguer un très léger souffle, et c'est à peu près tout.

Suppléments

Artus veut défendre le film, jusqu'alors uniquement connu des puristes, en l'ouvrant à un plus large panel de spectateurs. Et il le fait bien puisque La Semaine d'un assassin est accompagné d'un livret de 62 pages, on pourrait presque parler d'un petit livre tant il est de qualité, écrit par David Didelot, auteur et critique, fondateur et rédacteur en chef du fanzine Vidéotopsie. C'est un ouvrage à recommander qui ravira les spectateurs rendus curieux par La Semaine d'un assassin, qui souhaitent en savoir plus sur le film, mais aussi ceux avides d'un cinéma espagnol encore à découvrir. Le livre permet en effet d'explorer une partie du cinéma d'Eloy de la Iglesia au-delà de cet "arbre immense cachant la forêt" en s'arrêtant principalement sur ses oeuvres des années 70, alors "sous influence", qui accompagnent les bouleversements politiques du pays. On découvre la "trajectoire aux marges" d'un cinéaste qui bouscule les bienséances, fonçant dans la transgression en abordant une sexualité et des personnages "borderline", une "homosexualité qui affleure". David Didelot fait une analyse intéressante de La Semaine d'un assassin, critique de l'Espagne franquiste, "film inconfortable et singulièrement triste" qui tisse des liens étroits avec Le Boucher de Claude Chabrol, Le Sang des bêtes de Georges Franju ou certains Roman Polanski. David Didelot évoque le casting "hispano-espagnol" où Vincent Parra dans un "rôle étrange et risqué" joue aussi les coproducteurs, et le parcours difficile du film à travers la censure, "l'un des cas les plus édifiants dans l'histoire des pellicules mutilées".

La Semaine d'un assassin est également proposé (en Blu-ray seulement) dans une version remontée pour les Etats-Unis, raccourcie à 99 minutes, en anglais, sous-titrée français.

Artus propose deux suppléments spécialement produits pour cette édition :

Sept jours à tuer (32 min - HD)
Critique à culturopoing.com, Emmanuel Le Gagne retrace le parcours cinématographique d'Eloy de la Iglesia d'une manière assez complémentaire au livre de David Didelot. Il ne cache pas préférer la période des années 70, passionnante parce que le cinéaste travaille à l'intérieur des genres et fait un cinéma "purement politique", rendu plus subtil à cause de la censure, autour de thématiques sur la frustration sexuelle, le désir, le voyeurisme, avant qu'il n'affiche plus frontalement la place sociale des corps comme "symbole de liberté face à l'oppression". Il évoque le cinéma Quinqui dans les années 80, portrait d'une jeunesse qui n'a pas su profiter de la transition démocratique après la mort de Franco, ou la fin de carrière décevante du réalisateur. Il analyse enfin quelques scènes de La Semaine d'un assassin, "un pur chef-d'oeuvre" où se rencontrent néoréalisme et cinéma d'horreur, qui montre une société où l'homme se dévore lui-même. Une "oeuvre sèche et brutale" à l'aspect métaphorique "presque buñuelien"...

Authentique bouillon de viande (17 min - HD)
Le cinéaste Gaspar Noé évoque Eloy de la Iglesia, "grand réalisateur injustement méconnu" dont il énumère certains films comme El Pico 1 et 2 ou La Créature, un "chef-d'oeuvre absolu à éditer". Il parle un peu du cinéma contestataire espagnol et revient sur La Semaine de l'assassin qui est pour lui comme "un conte d'Andersen pour adultes", et une "bonne porte" pour entrer dans l'univers du réalisateur. Il regrette que le montage ait souffert de la censure, généralement plus gênée par l'homosexualité que par les scènes de violence, espérant pouvoir lire un jour le scénario original. On attendait peut-être quelques explications de Gaspar Noé par rapport à son court-métrage Carne et ses images d'abattoir, mais il ne fait qu'évoquer sa source d'inspiration qui fut aussi celle d'Eloy de la Iglesia : Le Sang des bêtes de Georges Franju.

Diaporama (2 min - HD)

Bande-annonce (2 min 32 s - HD - non sous-titrée) produite récemment par l'ayant droit Multicom Entertainment.

En savoir plus

montage original

Taille du Disque : 49 366 294 060 bytes
Taille du Film : 20 445 210 624 bytes
Durée : 1:47:06.166
Total Bitrate: 25,45 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 22,54 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 22540 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Spanish / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 1536 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 13,413 kbps

montage international

Taille du Film : 18 857 127 936 bytes
Durée : 1:38:51.383
Total Bitrate: 25,43 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 22,52 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 22522 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 1536 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 13,579 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 27 juin 2022