Belmondo ou le goût du risque

Produit en haute-définition pour la télévision en 2017, le film propose une image irréprochable sur tous les éléments liés à sa production propre (entretiens ou images fixes) ; pour ce qui est des archives, nombreuses et de sources très diverses, la qualité est plus variable, mais outre une utilisation systématique des meilleurs éléments disponibles (masters HD pour les films), la démarche du réalisateur a été, autant que possible, de revenir aux sources des archives, afin de renumériser ce qui pouvait l'être. Les éléments s'associent donc pour le mieux les uns aux autres, et on comprendra ainsi aisément la définition plus faible de certaines archives de tournage (par exemple celles de la cascade du marché de Joyeuses Pâques) quand on imagine d'où elles viennent ou par où elles sont passées...

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la qualité sonore des archives est variable. Ceci étant, la valeur du documentaire vient surtout des images, et on tolère ainsi parfaitement que, par exemple, les exceptionnels plans non retenus de L'Homme de Rio ne soient accompagnés d'aucun son (et duquel, d'ailleurs ? le souffle du vent ? les commentaires inquiets de l'équipe technique ?). A noter que, principalement dans la première partie, les images s'accompagnent d'un commentaire en voix off enregistré pour l'occasion par Antoine Dulery.

Le disque ne contient qu'un unique supplément, une brève discussion entre le journaliste Philippe Lombard et le réalisateur Jérôme Wybon, dont on se demande brièvement au début s'ils ne sont pas en train de se jauger pour un duel.

L'ambiance est en réalité beaucoup plus détendue, et Philippe Lombard est surtout là pour encourager Jérôme Wybon sur l'origine du projet (c'est Paris Première qui avait insisté pour centrer le film sur Belmondo davantage que sur Julienne), les difficultés rencontrées ou l'origine des archives les plus étonnantes (notamment ces "25 minutes" découvertes auprès de la télévision belge flamande TRB). On y a surtout un aperçu assez alléchant (un jour, il faudra faire un documentaire sur lui) sur la nature du travail d'archéologue de Jérôme Wybon et de son équipe, qui conjugue la rigoureuse méticulosité du recenseur des images existantes (selon lui, sur le sujet, on ne trouvera plus rien !) et l'émotion sans cesse renouvelée du cinéphile-dénicheur. D'ailleurs, Jérôme, c'est bien beau de nous avoir ouvert l'appétit, mais ces images inédites du tournage du Cerveau (non intégrées au montage final du documentaire), où va-t-on les voir ?