Test blu-ray
Image de la jaquette

Bellissima

BLU-RAY - Région B
Les Films du Camélia
Parution : 5 juin 2024

Image

Les Films du Camélia inaugurent une collection autour des classiques du cinéma italien avec Bellissima de Luchino Visconti, restauré en 2023 pour la Cineteca Nazionale. Les travaux ont été menés en 4K par le laboratoire Studio Cine à partir des éléments originaux, sans doute complétés par une seconde source, très ponctuelle et de moindre qualité. Si l'on constate une belle finesse de l'image, améliorée par rapport à l'ancien DVD, ce qui frappe d'emblée est cependant l'absence affirmée de la texture argentique, à peine visible dans les zones claires mais nettement filtrée à partir d'une certaine valeur de gris sombre. Cela peut provoquer une forte impression de lissage qui pourra gâcher le plaisir. À y regarder de plus près, cela semble être un défaut natif de la restauration (on a déjà pu constater ce genre de filtrage par le passé) bien que l'encodage du Blu-ray ne soit pas irréprochable pour autant, avec quelques faiblesses de quantification dans les noirs les plus profonds malgré un débit vidéo très confortable : on devine des débuts de posterisation (banding) dans certaines parties sombres (rares), mais surtout des formes en quadrillage apparaissent dans les bandes noires latérales ou dans les cartons introductifs. Le reste des caractéristiques est heureusement plus raisonnable : les contrastes sont plutôt doux, avec des noirs peu denses mais une palette au final nuancée, conforme à un rendu en projection. Et la copie a été profondément nettoyée, bien stabilisée - à l'exception des brefs segments de la seconde source, encore un peu tremblotants, mais beaucoup moins qu'en DVD.

comparatif DVD FSF (2011) vs. Blu-ray Les Films du Camélia (2024) :
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Son

La piste audio a été restaurée à partir d'un élément positif d'époque. Chose très rare pour le cinéma italien, qui utilisera quasi exclusivement la post-synchronisation jusqu'aux années 80, Bellissima est majoritairement tourné en prise de son direct, ce qui permet de capter sur le vif les nuances de jeu d'Anna Magnani en plus d'apporter un sentiment de réalisme supplémentaire, notamment par la tessiture sonore particulière, les réverbérations dans les décors réels ayant par exemple été volontairement conservées. Le rendu est honorable mais pas exempt de défauts, soumis à la technique de l'époque : on notera par exemple des mediums un peu agressifs, un aspect brouillon dans les dialogues, quand les sons et les ambiances peuvent se chevaucher brutalement. Les voix bénéficient d'une présence correcte, sans excès. On notera des sifflantes ou saturations très modérées, avec un souffle peu discret en arrière-plan.

Suppléments

Entretien avec Gian Luca Farinelli (24 min - HD)
Le directeur de la Cinémathèque de Bologne, et créateur du fameux festival Il Cinema Ritrovato, resitue Bellissima dans la carrière de Luchino Visconti, "grand novateur" du théâtre italien qui sort alors de deux films ignorés. "Film inattendu", Bellissima est un essai philosophique, presque documentaire, sur la fin du néoréalisme, en même temps qu’il porte un regard très dur sur le milieu du cinéma, notamment dans sa manipulation des non professionnels. Visconti regarde Rome et Cinecittà, alors "au début de sa seconde vie", dans un film qui capte l’époque et le moment où le pays veut tourner la page, où "le cinéma a repris complètement sa place". Le réalisateur forme un "duo exceptionnel" avec Anna Magnani, dont Bellissima contribuera à la carrière américaine. "La star du néoréalisme" est ici dans un "rôle parfait" et "extraordinaire", qui lui "correspond totalement" : celui d’"une femme libre dans une société pas du tout libre". Gian Luca Farinelli évoque son jeu très contemporain, son niveau d’intensité qui dégage à la fois "une lumière" et un aspect sauvage, entre une souffrance et des joies qui traversent l’écran. Une très bonne présentation.



La Passion d'Anna Magnani (53 min - HD)
Excellente initiative de proposer ce bon documentaire produit en 2019 et notamment diffusé sur Arte, où l’on retrouve les qualités habituelles de ces portraits abondamment illustrés d’archives rares. On retrace ici le parcours de l’actrice, "icône du cinéma moderne, incarnation d’une femme vraie et libre", "en avance sur son temps", qui finit par percer dans le drame après des débuts dans les revues et la comédie. Anna Magnani, "une femme puissante" au "regard magnétique", est un "mélange de souffre et d’extase", un "talent créatif" qui a besoin de s’exprimer, une professionnelle "dure et méticuleuse" qui restera une "enfant rebelle toute sa vie". Le documentaire revient sur l’actrice "porte-parole du peuple" dans les films néoréalistes, la "grande aventure" américaine couronnée d’un Oscar pour des rôles pleins de stéréotypes, son retour au théâtre après 20 ans de cinéma, ou les téléfilms qui lui offriront à la fin de sa vie des rôles devenus plus rares.

En savoir plus

Taille du Disque : 45 418 439 868 bytes
Taille du Film : 28 719 261 696 bytes
Durée : 1:55:33.708
Total Bitrate: 33,14 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,85 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29856 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1559 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 32,977 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 15 juillet 2024