Il est des films qui sont comme des marqueurs dans l'histoire du cinéma, qui pour des raisons multiples deviennent des oeuvres incontournables et finissent par dépasser leur appartenance précise à un genre pour toucher à l'universel. Ce phénomène est encore plus intéressant - et donc plus rare - quand le genre auquel ils sont associés est ordinairement considéré comme moins "noble" (le film policier ou d'espionnage, le film fantastique ou bien d'aventures). Il faut savoir se replacer plus de 50 ans en arrière et oublier le piédestal sur lequel on a mis le maître Hitchcock pour comprendre à quel point La Mort aux trousses ne pouvait pas logiquement être destiné à devenir l'un des films les plus importants (sur les plans artistique, culturel, économique, symbolique) de l'histoire du cinéma, tel qu'il est considéré de nos jours. Pourtant Hitchcock, en pleine Guerre Froide et dans le sillage du maccarthysme, avait déjà tout saisi de l'atmosphère délétère qui gangrenait la société américaine sûre de son bon fonctionnement et de ses charmes ; de même qu'il avait compris comment faire évoluer son art du suspense et du mouvement perpétuel à un point tel que son film allait devenir un modèle et le jalon pour de nombreuses productions à venir.

Mené à tambour battant, lumineux et sombre à la fois, animé d'un humour noir, vertigineux sur le plan de l'identification du spectateur, doté de séquences d'anthologie, La Mort aux trousses - considéré plus tard comme le premier blockbuster du cinéma américain (un vilain mot si l'on songe au sens qu'on veut lui donner depuis plus de vingt ans) - est un classique parmi les classiques qui n'a rien perdu de sa richesse thématique et de son immense potentiel spectaculaire. Même si on l'a vu et revu maintes fois à la télévision et en vidéo, rien ne vaut une projection en salles ; surtout quand il nous est aujourd'hui présenté dans une version restaurée 8K inédite. Prenez donc la direction nord / nord-est vers la salle de cinéma la plus proche et suivez le guide (sacrément malmené) Cary Grant !

Dans les salles

A la suite d’un quiproquo, Roger Thornhill (Cary Grant) est confondu avec un certain George Kaplan. Il se fait enlever, manque d’être assassiné et décide de résoudre ce malentendu. Sa vie bascule alors dans un tumulte d’aventures et de passions … (lire la suite)