Johnny s'en va t-en guerre

Il arrive parfois que des oeuvres créent l'événement dans une filmographie nationale au sein de laquelle on n'attendait pas que puisse surgir un jour tel "ofni" (objet cinématographique non identifié), surtout provenant d'une personnalité connue, établie et respectée comme le grand scénariste Dalton Trumbo (même s'il fut l'un des plus tristement célèbres blacklistés de Hollywood au temps de maccharthysme). Mais le début de la décennie 70, marqué par de changements profonds au sein de l'industrie hollywoodienne et la guerre honteuse qui faisait rage au Vietnam, permit alors à Trumbo, pacifiste fervent, de mettre enfin en chantier un projet vieux de plus de trente ans adapté de son propre livre. Et Johnny Got His Gun de secouer la planète cinéma autant par sa dénonciation virulente et viscérale de l'absurdité de la guerre que par une mise en scène ingénieuse de l'intime, qui fait voyager le spectateur dans l'esprit d'un homme ramené à l'état de légume et à qui - par des allers-retours dans sa psyché et ses souvenirs - il rend son humanité face à des systèmes établis qui nient la souffrance indicible et le sacrifice, par delà son cas symbolique, d'une jeunesse considérée comme de la chair à canon... ou tout simplement du bétail que l'on mène à l'abattoir (comme le suggère avec force cynisme la première séquence du film). Johnny Got His Gun est une expérience filmique à côté de laquelle il ne faudrait surtout pas passer, même si la rencontre du spectateur avec l'unique réalisation de Dalton Trumbo tient autant du direct au coeur que du coup de pied à l'estomac.

dans les salles

JOHNNY S'EN VA T-EN GUERRE
un film DE DALTON TRUMBO (usa,1971)

DISTRIBUTEUR : TAMASA DIFFUSION
DATE DE SORTIE : 28 MAI 2014

La Chronique de DVDClassik

La Page du distributeur
 

Le dernier jour de la Première Guerre mondiale, Joe Bonham est sauvagement mutilé par un obus. Manchot, cul-de-jatte, muet et aveugle, il a perdu tous ses repères sensoriels et il ne lui reste plus que son cerveau pour penser, rêver, et se souvenir de sa vie avant la guerre. Considéré comme un cobaye scientifique par des médecins qui le soignent avec attention, Joe souffre en silence, laissé à l’état de légume, et tente de communiquer par tous les moyens pour qu’on lui accorde la mort. (lire la suite)