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Actualités - Cinéma

Elle et lui

Leo McCarey réalise respectivement, en 1939 et 1957, Love Affair et son remake An Affair to Remember qui partagent en français le même titre, Elle et lui. Dans le premier, Irene Dunne et Charles Boyer, dans le second Deborah Kerr et Cary Grant. L’histoire, simple et belle, est celle de la rencontre sur un navire de croisière d’un homme et d’une femme qui tombent éperdument amoureux l'un de l'autre mais qui ne peuvent être réunis. Arrivés à New York, ils se donnent rendez-vous six mois plus tard au sommet de l’Empire State Building. Si les films semblent évidents, s’ils coulent de source, c’est par la grâce d’une construction millimétrée, une merveille de précision dans l’agencement des séquences et les rouages du récit. Si dès Love Affair tout est déjà là, McCarey, en décidant d’en réaliser un remake, va polir chacune des pièces de sa minutieuse mécanique. Il affine, reprend chaque motif et le travaille encore et encore. Le résultat est étonnant. Les deux œuvres sont très proches. Un lieu change, une phrase est ici prononcée par Irene Dunne, là par Cary Grant, Charles Boyer fait un geste qui est repris par Deborah Kerr. Au deux tiers, les dialogues restent les mêmes. Et pourtant une étrange impression nous envahit à la vision des deux films. Ils se répondent, s’enrichissent. An Affair to Remember semble être comme le souvenir de Love Affair (le titre même renforce cette impression), ou encore la répétition d’un motif universel qui traverse les âges. Il y a quelque chose de très beau dans cette conception du remake. McCarey ne semble pas vouloir dépasser le premier film, ni le sacrifier au profit du second, ni en rajeunir la forme. Les deux versions se ressemblent comme un reflet dans un miroir, mais un reflet cerné de brume, aux contours imprécis. Cette impression est encore renforcée par le fait que McCarey construit les films sur la figure du reflet, du double : symétrie des plans, surfaces séparant les deux amants, répétition des motifs, des gestes, des cadres... jusqu’à ce que les films eux-mêmes finissent par se dédoubler.

Elle et Lui. Comédie et drame. Le(s) film(s) commence(nt) comme une screwball comedy. Rythme vif, dialogues pétillants, précision des déplacements et des gestes, utilisation des décors, Leo McCarey, maître du genre, fait dans l’excellence. Puis le film bascule. Lors d’une étape, il l’amène chez sa grand-mère. Commence alors une longue séquence au rythme lent et mélancolique, qui imprègne le film d’une nostalgie et d’une infinie tristesse qui ne le quitteront plus (le remake allonge d’ailleurs cette partie). La comédie dès lors cède la place au drame, puis au mélodrame, et les rires de se muer en larmes. McCarey brille autant dans les deux registres. Il va même plus loin que Lubitsch ou Capra dans ce mélange des genres, n’hésitant pas à plonger totalement dans le mélodrame alors que ses confrères s’évertuent toujours à faire coexister les deux dans un même mouvement. Il met en pratique ses connaissances de la screwball dans le drame, utilisant avec autant de précision les déplacements des corps, les gestes, les regards. Si le rythme change, la mise en scène reste la même, évitant toute rupture de style, se concentrant sur l’unique rupture de ton. Les deux Elle et lui sont alors imprégnés du mouvement même de la vie. La vie faite de bonheurs et de drames, mais la même vie, toujours. Chefs-d’œuvre de la comédie, chefs-d’œuvre absolus du mélodrame, ces deux réalisations de McCarey sont deux purs joyaux. Théâtre du temple nous invite aujourd'hui à redécouvrir la seconde version en salle. Préparez vos mouchoirs...

DANS LES SALLES

elle et lui
UN FILM de leo mccarey (1957)

DISTRIBUTEUR : THEÂTRE DU TEMPLE
DATE DE SORTIE : 16 DECEMBRE 2015

La Page du distributeur

La Chronique du film

Sur un paquebot de croisière revenant à New York, se rencontrent Nickie Ferrante (Cary Grant), célèbre play-boy sur le point de rejoindre sa fiancée, une riche héritière, et Terry McKay (Deborah Kerr), ex-chanteuse de cabaret, promise elle aussi à un riche parti texan. S’ennuyant durant ce long voyage, ils vont apprendre à faire connaissance en tout bien tout honneur ; mais leur attirance mutuelle va se faire de plus en plus prégnante après leur halte idyllique à Villefranche-sur-Mer chez la grand-mère de Nickie... (Lire la suite)

Par Olivier Bitoun - le 16 décembre 2015

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