Du Silence et des ombres
On retiendra tout d’abord de Du silence et des ombres (qui ressort en salles ce mercredi chez Lost Films) un générique d’ouverture plaçant son drame citoyen sous des signes de l’enfance. Adaptation du prix Pulitzer, partiellement autobiographique, de Harper Lee (To Kill a Mockingbird) sur un avocat, Atticus Finch (Gregory Peck), défendant un Noir (Brock Peters) accusé - à tort - d’un viol, basé sur un souvenir de l’auteure en sa dixième année, le film est un classique en terre américaine. Inscrit en Alabama durant la Grande Dépression, il est la pierre de touche d’une forme de Southern Gothic, la vision d’une Americana prise dans les turpitudes du racisme institutionnalisé, par le prisme de l’enfance. Si la partie plaidoirie (convenue) peut ennuyer, le film frappe dès lors qu’il laisse cours en extérieurs à une atmosphère inquiétante, à la lisière de l’onirisme, dès que les enfants prennent le contrôle du récit, offrent leur vision d’une ruralité moite, toute en clairs-obscurs, laissent poindre le sentiment d’abandon d’une progéniture élevée par un père employé du barreau. Cette étrangeté, ce cachet fantastique (que le monde adulte peut s’avérer inquiétant pour les plus petits... qui ont ici raison de s’effarer de la conduite des plus grands) font la pérennité d’un film visuellement étonnant (la photographie de Russell Harlan est à saluer), dans une œuvre, celle de Robert Mulligan, qui le sera à plusieurs reprises : quand elle se penchera, avec une délicatesse coutumière, sur le jeune âge en période estivale (Un été 42, Un été en Louisiane) ; avec un effroi qu'il prépare ici, sur la psychose infantile (L'Autre).
DANS LES SALLES
du silence et des ombres
UN FILM De robert mulligan (1962)
DISTRIBUTEUR : LOST FILMS
DATE DE SORTIE : 8 FEVRIER 2017